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Entre-soi, salaires en or et omerta… Les dirigeants sportifs français étrillés dans un rapport

À six mois des Jeux olympiques de Paris, la commission d’enquête parlementaire sur les fédérations sportives françaises fustige des « défaillances systémiques » en matière d’éthique et de lutte contre les violences sexuelles et réclame la création d’une autorité indépendante de contrôle. La ministre des Sports et de l’Éducation nationale Amélie Oudéa-Castera, ancienne directrice générale de la fédération française de tennis, fait partie des dirigeants visés. Les précisions de notre partenaire Europe1.

« Omerta à tous les étages » et « entre-soi » : le rapport rédigé par la députée écologiste Sabrina Sebaihi brosse sur 250 pages un portrait au vitriol du sport français, l’estimant gangréné par la « culture du secret, du mensonge et du faux témoignage » et « pas suffisamment habitué à rendre des comptes ». Consulté lundi par l’AFP avant sa publication mardi –jour où Emmanuel Macron doit faire ses vœux aux sportifs– il conclut six mois d’auditions houleuses à l’Assemblée. Le parquet de Paris avait déjà ouvert plusieurs enquêtes à la suite de signalements de la commission sur d’éventuels « faux témoignages » de dirigeants sportifs devant les parlementaires.

Le rapport juge « très élevées voire anormales » les rémunérations de certains responsables, visant notamment les 400 000 euros brut annuel et 100 000 euros de prime d’objectif que touchait comme directrice générale de la Fédération française de tennis de 2021 à 2022 Amélie Oudéa-Castéra, aujourd’hui ministre de l’Éducation nationale et des Sports. « En février 2022, l’inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche avait appelé à reconsidérer le niveau de rémunération des dix principaux cadres de la Fédération française de tennis et pointé l’absence de procédures de recrutement pour ses principaux cadres », souligne la députée.

« Choc de contrôle »

La parlementaire réclame un « choc de contrôle, de transparence et de culture démocratique », grâce à la mise en place d’une « autorité administrative indépendante chargée de la protection de l’éthique du sport ». Elle voudrait doter cette autorité d’un « pouvoir de sanctions financières » contre les Fédérations qui ne respecteraient pas leurs « obligations et engagements ». La rapporteure pointe aussi les « défaillances de l’État » dans ses missions de contrôle, critiquant les nouveaux contrats de délégations mis en place avec les fédérations, « lacunaires » et « assortis d’engagements insuffisamment précis ».

Parmi 60 recommandations, Sabrina Sebaihi demande de « relever les moyens de l’Inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche, afin de renforcer la fréquence (tous les 3 ans) et la profondeur des contrôles ». Elle reproche aussi au Comité olympique français (CNOSF) d’avoir mené un « lobbying intense contre la parité » femmes-hommes, lors de la loi de 2022 sur la démocratisation du sport, et voudrait « fixer dans la loi le principe de parité réelle dans tous les organes dirigeants du mouvement sportif ».

Sabrina Sebaihi insiste aussi sur des « accusations graves » visant la fédération française de kickboxing et son club d’Aulnay-sous-Bois en réclamant un « état des lieux ». Après l’audition du journaliste Romain Molina devant la commission, le ministère des Sports avait saisi la justice après avoir eu connaissance de faits susceptibles de révéler un système de chantage de nature sexuelle, dans un club de kickboxing. La Fédération conteste en bloc ces accusations, et assure qu’elle va porter plainte pour diffamation contre Romain Molina.

« Accusations outrancières » contre « désinvolture »

En matière de violences sexuelles, qui secouent le monde du sport depuis les révélations en 2020 de la patineuse Sarah Abitbol, Sabrina Sebaihi dénonce un « long silence », un « long déni » et une « longue inertie » du sport français. Elle considère notamment que la plateforme Signal-Sports lancée par le ministère en 2020 est « invisibilisée », « sous-dimensionnée » et « très largement méconnue ».

En décembre, l’ex-ministre des Sports Marie-George Buffet avait déjà réclamé dans un rapport une « autorité indépendante » pour prévenir et traiter les violences sexistes et sexuelles dans le sport, une proposition avec laquelle la ministre Amélie Oudéa-Castéra s’était dite en désaccord, privilégiant la cellule actuelle. Lancée l’été dernier à l’initiative des députés écologistes, la commission d’enquête parlementaire avait suscité la crispation de certains cadres du sport français, dont le président du comité olympique (CNOSF) David Lappartient, qui avait dénoncé dans un courrier des « accusations outrancières ».

Sabrina Sebaihi fustige, elle, la « désinvolture » de certains dirigeants durant les auditions. Elle critique notamment le directeur juridique de la Fédération française de football Jean Lapeyre à qui « il aura fallu 1 heure 30 » pour mentionner les « relations un petit peu hors code » avec des « femmes » de son ancien président Noël Le Graët. Ce dernier, visé depuis mi-janvier 2023 par une enquête judiciaire pour harcèlement moral et sexuel, qu’il conteste, avait dénoncé devant la commission un « lynchage médiatique immérité ».

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