Alors que la saison cyclonique à risque se prépare, le port de Papeete a lancé un appel d’offres pour démanteler deux bateaux-épaves qui « menacent de couler ». L’Oiseau des îles, ancien thonier à l’abandon depuis de longues années, et le Niño Maravilla, dont l’équipage avait été renvoyé en Équateur en 2018, seront tractés jusqu’aux cales de halage et en partie recyclés. Bientôt deux épaves de moins, donc, mais beaucoup d’autres attendent leur tour.
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Des vieilles coques, des propriétaires défaillants ou non identifiés, et surtout de la place qui pourrait être mieux utilisée au Port autonome de Papeete. L’établissement public avait déjà annoncé, de concert avec le Pays, son intention de lutter contre les bateaux abandonnés qui pourrissent dans ses eaux. Ainsi les voiliers Nautica et Savannah avaient déjà été tractés hors du lagon de Faa’a en juillet et attendent toujours d’être démantelés. Cette fois, ce sont des épaves situées dans l’enceinte même du port de Papeete qui vont être retirées : l’établissement a lancé la semaine dernière un appel public à la concurrence pour le démantèlement et la dépollution de l’Oiseau des îles et du Niño Maravilla.
Un vieil habitué du port…
Le premier fait presque partie des meubles entre Motu Uta et Fare Ute, où il est amarré depuis une quinzaine d’année. L’Oiseau des îles, à ne pas confondre avec la belle goélette à voile qui avait, un temps, desservi les îles ou ramené le phosphate de Makatea, est un thonier de 25 mètres qui a eu plusieurs vies. Longtemps intégré à l’armement Arevamanu, il avait intéressé la société Vini Vini lors d’une vente aux enchères et finalement été racheté par la Société polynésienne de pêche hauturière, qui n’a jamais mené à bien ses plans de rénovation. Sa grande coque en acier, amarrée en plein lagon à un ponton flottant situé entre le port de pêche et la zone de dépôt de carburant, a commencé à gîter de façon menaçante depuis quelque temps. Et s’il venait à couler ou à dériver, il constituerait « un risque pour l’environnement » autant qu’un « danger pour la navigation ». L’heure était donc à l’action pour le port qui dit être « allé au bout » des procédures pour faire réagir son armateur défaillant. Le bateau-épave a été « sécurisé », ces dernières semaines, en vue de son tractage : impossible de le faire passer sous le pont de Motu Uta, il faudra traverser les passes de Taunoa et de Papeete pour retrouver les cales de halage situées de l’autre côté du pont.
Et un petit nouveau venu d’Amérique du Sud
Autre navire, plus petit mais lui aussi à l’abandon. Le Niño Maravilla, navire de pêche d’une quinzaine de mètres battant pavillon équatorien, était arrivé au port de Papeete en mai 2018. Après une suspicion de trafic, le bateau, dont il est difficile à croire qu’il a traversé un océan, avait subi un contrôle qui s’était révélé désastreux sur le plan des normes de sécurité. Hors de question de laisser repartir le Niño, l’équipage avait été rapidement renvoyé par avion en Amérique du Sud, mais le navire, lui est resté à quai. La DTPN et le service d’État des affaires maritimes ont confirmé au port, début octobre, l’impossibilité d’identifier un propriétaire. Là aussi l’établissement public compte haler à ses frais le navire, depuis son ponton flottant se trouvant à quelques mètres en contrebas du pont de Motu Uta. Lui pourra passer dessous, mais seulement une fois sa cabine découpée.
Si le port autonome de Papeete s’occupe du transport, aux prestataires lauréats du marché de démanteler, dépolluer, mais aussi de traiter au mieux les déchets, une exigence importante des autorités, le tout d’ici le début d’année. L’acier doit être recyclé, un maximum de pièces valorisées et le reste confié à des structures spécialisées pour ne pas – encore – polluer les environs. Un grand coup de ménage, donc, avant la saison chaude, toujours riche en coups de vent et en épisodes de houle et qui s’annonce particulièrement à risque avec un épisode El Niño annoncé. Mais le Port autonome n’est pas au bout de ses peines : deux autres anciens thoniers sont amarrés aux côtés de l’Oiseau des îles. Quatre autres, dont un a, lui aussi, la coque qui penche dangereusement, se trouvent au bout du port de pêche. Des voiliers enlevés de mouillage illégaux dans les lagons attendent aussi d’être pris en charge du côté de la capitainerie.Le Port autonome finalise en ce moment même un recensement de ces épaves et des bateaux abandonnées par des armateurs en faillite.
« Les procédures judiciaires prennent des années », souffle un proche du dossier. Une procédure, justement, est en cours autour du Corsaire, qui a coulé près du pont de Motu Uta voilà un an. Le groupe Degage avait été reconnu légalement responsable « dans l’immédiat » en première instance. Le port n’attendra pas de savoir qui le remboursera pour lancer l’enlèvement de l’épave : le marché doit être attribué avant la fin de l’année.