Tribune Équité sociale et efficacité des entreprises doivent aller de pair, servis par une fiscalité adaptée Cédric VALAX 2013-03-27 27 Mar 2013 Cédric VALAX Ia orana. Lanah, 28 ans, doctorante en droit public et conseillère municipale à Arue. Parlons un peu de fiscalité, d’emploi et d’esprit d’entreprise ! Aujourd’hui, en Polynésie française, il y a un sujet tabou, celui de l’inéquité devant l’impôt ! Le décalage entre la contribution des plus hauts revenus, et celle des plus bas revenus est si flagrant et choquant que beaucoup préfèrent le taire comme un secret de famille honteux. Pire encore, les partisans de l’ultra-libéralisme opposent systématiquement fiscalité et création d’emploi. En fait, c’est la structure même de notre fiscalité, basée prioritairement sur l’impôt indirect (TVA, taxes douanières) plutôt que sur l’impôt direct qui génère cette situation. Que je sois étudiant boursier, chômeur, smicard, ou super patron, je vais payer à peu près les mêmes taxes en valeur sur mon caddie quand je fais mes courses. En proportion de mes revenus, il y a donc une injustice flagrante. De même, des patrimoines colossaux, mesurés en milliards, se transmettent aujourd’hui sans aucune contribution fiscale. Vous trouvez ça normal ? Moi pas. Notre système actuel, est l’héritage direct d’une économie dite « de comptoir », entièrement basée sur la consommation de biens importés, et sur une commande publique (ou militaire à l’époque) hypertrophiée. Si nous voulons changer de modèle, et devenir demain une Société de production, il faudra changer, non seulement la fiscalité, mais aussi et surtout, les mentalités. La fiscalité est un outil, au service de la Société, qui permet de redistribuer la richesse créée d’une part, et d’autre part d’assurer le financement des services et infrastructures publics. La manière dont cette fiscalité est bâtie est donc avant tout un choix de Société. Soyons clairs, ce n’est pas l’impôt qui créé l’emploi. Ce sont les employeurs ! D’un côté le secteur public, de l’autre le secteur privé. La richesse, la production de valeur ajoutée, c’est réellement le rôle du secteur privé. Mais aujourd’hui, il n’est pas encore taillé pour cette Société de production que nous voulons. Ce qu’il nous faut trouver, c’est le bon dosage, et la bonne structure fiscale, pour : Financer des services et infrastructures publiques durables Encourager la création d’entreprises Privilégier l’export sur l’import Faire contribuer chacun à hauteur de ses revenus. Mais la fiscalité n’est pas le seul outil pour favoriser la création d’emploi, d’entreprises et de richesses. Le rôle du « Politique », au travers du gouvernement est de créer les conditions favorables. Il peut le faire par exemple au travers de : L’amélioration des possibilités de financement des entreprises (Sofidep, micro-crédit, …) L’aide à l’export, au travers de partenariat comme par exemple avec UBIFRANCE, l’Agence française pour le développement international des entreprises Le soutien au fret inter-insulaire, pour favoriser la création d’entreprises dans les archipels éloignés. Enfin, il faut réellement, et cela a démarré avec la réforme des services de 2011, avoir une administration plus efficace. Le regroupement de presque 20 services en deux entités (DGAE et DGFP) va dans ce sens. Il s’agit en fait de permettre : De créer son entreprise plus facilement De déclarer et payer ses impôts plus facilement (via internet par exemple) D’avoir un accès plus rapide aux aides à l’export, ou aux dispositifs de formation professionnelle. Je pense que la jeunesse a compris que la fonction publique est saturée. Ce dont nous avons besoin c’est qu’on nous aide à développer notre esprit d’entreprendre. Ce que nous voulons c’est travailler et construire notre Nation. Payer des impôts ? Bien sûr, mais de manière juste, et avec l’assurance qu’ils seront utilisés de manière efficace. Il faut donc faire de vrais choix de Société et enclencher de vraies réformes dans les 5 ans qui viennent. Ne pas le faire, c’est continuer de faire l’autruche. Ne pas le faire, c’est maintenir l’écart qui va croissant entre les plus pauvres et les plus riches. Ne pas le faire, c’est dévaloriser le potentiel d’imagination, et la capacité de travail de notre jeunesse. Une Polynésie plus juste et plus entreprenante à la fois ? J’y crois ! Cliquez pour partager sur Facebook(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur Twitter(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur LinkedIn(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquer pour imprimer(ouvre dans une nouvelle fenêtre)