Tribune

Équité sociale et efficacité des entreprises doivent aller de pair, servis par une fiscalité adaptée

Ia orana. Lanah, 28 ans, doctorante en droit public et conseillère municipale à Arue.  Parlons un peu de fiscalité, d’emploi et d’esprit d’entreprise !

Aujourd’hui, en Polynésie française, il y a un sujet tabou, celui de l’inéquité devant l’impôt ! Le décalage entre la contribution des plus hauts revenus, et celle des plus bas revenus est si flagrant et choquant que beaucoup préfèrent le taire comme un secret de famille honteux. Pire encore, les partisans de l’ultra-libéralisme opposent systématiquement fiscalité et création d’emploi.

En fait, c’est la structure même de notre fiscalité, basée prioritairement sur l’impôt indirect (TVA, taxes douanières) plutôt que sur l’impôt direct qui génère cette situation. Que je sois étudiant boursier, chômeur, smicard, ou super patron, je vais payer à peu près les mêmes taxes en valeur sur mon caddie quand je fais mes courses. En proportion de mes revenus, il y a donc une injustice flagrante. De même, des patrimoines colossaux, mesurés en milliards, se transmettent aujourd’hui sans aucune contribution fiscale. Vous trouvez ça normal ? Moi pas.

Notre système actuel, est l’héritage direct d’une économie dite « de comptoir », entièrement basée sur la consommation de biens importés, et sur une commande publique (ou militaire à l’époque) hypertrophiée.

Si nous voulons changer de modèle, et devenir demain une Société de production, il faudra changer, non seulement la fiscalité, mais aussi et surtout, les mentalités. La fiscalité est un outil, au service de la Société, qui permet de redistribuer la richesse créée d’une part, et d’autre part d’assurer le financement des services et infrastructures publics. La manière dont cette fiscalité est bâtie est donc avant tout un choix de Société.

Soyons clairs, ce n’est pas l’impôt qui créé l’emploi. Ce sont les employeurs ! D’un côté le secteur public, de l’autre le secteur privé. La richesse, la production de valeur ajoutée, c’est réellement le rôle du secteur privé. Mais aujourd’hui, il n’est pas encore taillé pour cette Société de production que nous voulons.

Ce qu’il nous faut trouver, c’est le bon dosage, et la bonne structure fiscale, pour :

  • Financer des services et infrastructures publiques durables
  • Encourager la création d’entreprises
  • Privilégier l’export sur l’import
  • Faire contribuer chacun à hauteur de ses revenus.

Mais la fiscalité n’est pas le seul outil pour favoriser la création d’emploi, d’entreprises et de richesses.

Le rôle du « Politique », au travers du gouvernement est de créer les conditions favorables. Il peut le faire par exemple au travers de :

  • L’amélioration des possibilités de financement des entreprises (Sofidep, micro-crédit, …)
  • L’aide à l’export, au travers de partenariat comme par exemple avec UBIFRANCE, l’Agence française pour le développement international des entreprises
  • Le soutien au fret inter-insulaire, pour favoriser la création d’entreprises dans les archipels éloignés.

Enfin, il faut réellement, et cela a démarré avec la réforme des services de 2011, avoir une administration plus efficace. Le regroupement de presque 20 services en deux entités (DGAE et DGFP) va dans ce sens. Il s’agit en fait de permettre :

  • De créer son entreprise plus facilement
  • De déclarer et payer ses impôts plus facilement (via internet par exemple)
  • D’avoir un accès plus rapide aux aides à l’export, ou aux dispositifs de formation professionnelle.

Je pense que la jeunesse a compris que la fonction publique est saturée. Ce dont nous avons besoin c’est qu’on nous aide à développer notre esprit d’entreprendre. Ce que nous voulons c’est travailler et construire notre Nation. Payer des impôts ? Bien sûr, mais de manière juste, et avec l’assurance qu’ils seront utilisés de manière efficace.

Il faut donc faire de vrais choix de Société et enclencher de vraies réformes dans les 5 ans qui viennent. Ne pas le faire, c’est continuer de faire l’autruche. Ne pas le faire, c’est maintenir l’écart qui va croissant entre les plus pauvres et les plus riches. Ne pas le faire, c’est dévaloriser le potentiel d’imagination, et la capacité de travail de notre jeunesse.

Une Polynésie plus juste et plus entreprenante à la fois ? J’y crois !

 

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3 Commentaires

  1. 28 mars 2013 à 21h25 — Répondre

    elle y croit vraiement…C'est beau l'innocence

  2. 28 mars 2013 à 22h55 — Répondre

    ia oran lanah, félicitations. j'ai retenu " le soutien au fret inter-insulaire, pour favoriser la création d'entreprise ds les archipels éloignés" et "travailler et construire notre nation"Mais flosse revient à grands pas avec ses sbires (j'espère pas)alors ne votez pas pour lui , sinon on fait 30 ans en arrière et avec les mains tendues en pagaillea .C'est constructif ton petit exposé. FAITOITO ET MARURU

  3. 11 avril 2013 à 14h31 — Répondre

    je suis très sceptique quant à la capacité de redressement du pays par l'équipe gouvernementale du moment et émets autant de réserve quant à celle de la prochaine majorité. A la lecture des programmes de campagne – quand ils existent – qu'y trouve-t-on? Des dissertations sur un genre nouveau d'utopie qu'une liste de voeux pieux a beaucoup de mal à cacher. Pour dire un mot de la chronique de lanah; l'équité sera-t-elle jamais envisageable dans une société qui comporte des couches sociales "hiérarchisées" par la situation économique de leurs acteurs respectifs? Je suis juste curieux de savoir comment serait possible en PF.

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