Moscou (AFP) – Le président turc Recep Tayyip Erdogan s’est excusé pour l’avion militaire russe abattu par la Turquie en 2015, un incident qui a provoqué une crise majeure entre les deux pays, et appelé à restaurer les relations bilatérales, a annoncé le Kremlin lundi.
« Le dirigeant turc a exprimé sa sympathie et ses sincères condoléances à la famille du pilote russe tué et il s’est excusé », a déclaré le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov, ajoutant qu’Erdogan a dit vouloir « faire tout son possible pour restaurer les relations traditionnellement amicales entre la Turquie et la Russie ».
Dans un communiqué, le Kremlin a ensuite précisé avoir reçu un message de Recep Tayyip Erdogan dans lequel le président turc assure qu’Ankara « n’a jamais souhaité ou eu l’intention d’abattre un avion militaire russe ».
Ces excuses viennent confirmer la volonté d’apaisement de la part d’Ankara à l’égard de Moscou, alors que les relations entre les deux pays étaient pratiquement rompues. Mi-juin, une première lettre de M. Erdogan à Vladimir Poutine avait constitué le premier contact connu entre les deux hommes depuis l’incident.
La nouvelle lettre envoyée lundi par Recep Tayyip Erdogan précise que « la Russie est, pour la Turquie, un ami et un partenaire stratégique », explique le Kremlin dans son communiqué.
« Je veux une fois encore exprimer ma sympathie et mes condoléances à la famille du pilote russe, et je dis +excusez-nous+ », poursuit M. Erdogan, cité dans le communiqué du Kremlin.
Un communiqué du porte-parole du président turc, Ibrahim Kali, cité par l’agence officielle Anadolu, a cité M. Erdogan dans les mêmes termes et ajouté que « la Turquie et la Russie sont d’accord pour prendre les mesures nécessaires afin d’améliorer au plus vite les relations bilatérales ».
Le 24 novembre 2015, un bombardier russe Su-24 avait été abattu par l’aviation turque près de la frontière syrienne, provoquant la mort du pilote, tué alors qu’il retombait en parachute après s’être éjecté.
Son navigateur avait lui été secouru à l’issue d’une opération des forces spéciales après une première tentative avortée qui avait coûté la vie à un soldat d’infanterie de marine russe.
La Turquie affirme que l’avion était entré dans son espace aérien et avait été averti « dix fois en cinq minutes », tandis que Moscou assure que le Su-24 survolait le territoire syrien et n’avait pas été mis en garde avant d’être touché.
Cet incident, qualifié de « coup de poignard dans le dos » par le président Poutine, a provoqué une crise aiguë dans les relations entre les deux pays.
Moscou a adopté une série de mesures de rétorsion — allant de l’abrogation des facilités de visa à un embargo alimentaire — à l’encontre de ce pays jusqu’alors considéré comme un partenaire privilégié, la Turquie accusant en échange Moscou de se comporter « comme une organisation terroriste » en Syrie, où les deux pays défendent des intérêts opposés.
Moscou soutient le président syrien Bachar al-Assad dont Ankara encourage activement la chute en soutenant des groupes rebelles.
Selon le communiqué publié par le Kremlin, M. Erdogan a ajouté que le « citoyen turc dont le nom est associé à la mort du pilote russe est visé par une enquête judiciaire ». Le quotidien turc Hurriyet assure toutefois qu’Alparslan Celik, accusé d’avoir mitraillé le pilote russe et placé en détention préventive début avril, a été libéré lundi de prison.
© KOMSOMOLSKAYA PRAVDA/AFP/Archives ALEXANDER KOTS
Un bombardier russe Sukhoi Su-24, le 3 octobre 2015 à Latakia en Syrie, identique à celui abattu par l’armée turque