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Et si on connectait les boites postales pour économiser des trajets ?

Anthony Ruffin, fondateur de Notypost, et Maina Frébault, en master de communication digitale, qui a rejoint le projet. ©C.R.

Les détours inutiles pour aller ouvrir une boite vide ne sont pas une fatalité. C’est en tout cas ce que s’est dit Anthony Ruffin qui développe, au sein de l’incubateur Prism, une solution de « boîte postale connectée » qui permet de recevoir des notifications à chaque réception de colis ou de courrier. Notypost devrait voir le jour dès cette année.

Il y en aurait près de 55 000 tout autour du pays. La distribution à domicile du courrier faisant largement défaut au fenua, les boites postales sont la norme. Et constituent une étape régulière dans le quotidien des Polynésiens. Une étape frustrante, voire franchement agaçante, quand la boite est vide et qu’il faudra retenter sa chance lors d’un autre trajet. Certains, comme récemment Alexandre Taliercio, s’interrogent sur le coût en temps et en carburant de ce genre de déplacement. C’est aussi le cas d’Anthony Ruffin, formé en commerce et en marketing, et qui a passé une bonne partie de sa carrière dans la logistique postale. « La première fois que j’ai ouvert une boite postale, ça m’a paru insensé de devoir y aller de façon aléatoire », explique le consultant, qui a donc réalisé une petite étude en ligne sur le sujet.

Résultat : pour les trois quarts des Polynésiens interrogés, deux passages sur cinq à la poste ne servent qu’à se rendre compte d’une absence de courrier. « On génère des trajets inutilement », confirme l’entrepreneur. Et ces trajets peuvent être longs. Du fait des déménagements successifs et du manque de « BP », beaucoup conservent des boites dans une commune éloignée de chez eux : « Il y a des gens qui habitent Paea et qui ont leur boite postale à Pirae ».

Des réseaux « zéro G » pour discuter avec sa boite

A tout problème sa solution. Celle qui est développée depuis avril par Anthony Ruffin s’appelle Notypost et a intégré la cinquième promotion de l’incubateur Prism, à la CCISM, en septembre dernier. L’idée est de permettre à chaque usager de recevoir une notification à chaque fois qu’une lettre ou un colis est reçu dans sa boite postale. Un concept simple, pour des technologies avancées. Le capteur sur lequel travaille l’entrepreneur – et qui est développé avec des prestataires polynésiens – communique avec l’extérieur de la BP grâce à un « réseau 0G ». Une norme de communication « qui se développe partout dans le monde ces dernières années » et qui est un peu l’antithèse de la 5G : elle a été conçue pour transporter très peu de données en utilisant un minimum d’énergie… Parfait, donc, pour développer « l’internet des objets ».

Avec ce genre de réseaux, déployés au fenua par Viti ou Galatea, « nos capteurs peuvent être autonomes en énergie pendant 10 ans sans recharge », reprend le commercial, qui a su s’entourer de développeurs, et qui lance ces jours-ci des tests avec un poignée d’utilisateurs. Entrepreneurs, familles, jeune couple qui se sépare de la BP familiale… « On sait que le principe peut intéresser beaucoup de gens », reprend le créateur de Notypost.

À l’assaut de l’international

À ce stade, les notifications sont reçues par mail, peuvent être inscrites en un clic dans un agenda Google ou partagées via WhatsApp ou Messenger avec d’autres utilisateurs de la boite. Une application dédiée pourrait prendre le pas dans les mois à venir. Pas question, en revanche, d’en révéler plus sur le capteur, encore en développement, et qui pourrait faire l’objet d’un brevet. Anthony Ruffin insiste plutôt sur le service qu’il entend proposer. Si Notypost se lance seul, il pourrait vendre des capteurs à 4 500 ou 5 000 francs pièce, et des abonnements annuels à environ 3 500 francs par an. Cher par rapport au prix d’une boite postale, qui fait déjà jaser (2 500 francs pour les petites et 5 800 francs pour une grande, auquel s’ajoute, depuis peu, 500 francs supplémentaires par nom rattaché à la boite), mais « difficile de faire moins » pour couvrir le coût de la solution. Objectif : rendre disponible le produit, en précommande, dès le mois de juin 2021 et équiper 1 000 boites dans l’année. « Soit environ 50 000 déplacements économisés tous les ans », précise Anthony Ruffin, qui compte mieux mesurer ces économies de carburants et d’émission dans les mois à venir. Le jeune porteur de projet espère surtout convaincre un partenaire de poids : Fare Rata, qui suit de près le développement de la start-up et qui pourrait proposer directement le service à ses usagers. Ce qui permettrait un déploiement à plus grande échelle et à moindre coût.

Innovation « 100% polynésienne », Notypost a des ambitions. « L’idée d’utiliser la particularité du pays d’avoir énormément de boites postales pour créer une expérience et une expertise que Notypost pourrait développer sur d’autres marchés à l’export », reprend le professionnel de la logistique postale. Car du Pacifique à l’Afrique, en passant par les États-Unis à l’Europe, « des centaines millions de personnes utilisent des boites postales avec des utilisateurs qui ont exactement les mêmes problématiques ».

Vous pouvez suivre l’évolution du projet Notypost sur son site ou sa page Facebook.

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1 Commentaire

  1. 1 février 2021 à 8h30 — Répondre

    Dans le prix du timbre est compris la distribution par un facteur. Ici, l’OPT nous fait payer 2 fois ce service auquel il faut rajouter 500 fcp par nom supplémentaire. Si ça ne s’appelle pas du vol, je ne vois pas comment qualifier cette administration.

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