ACTUS LOCALESCULTUREÉDUCATIONSOCIÉTÉ Ethnologie de Rapa : un document unique sur une île peu connue Lucie Rabreaud 2021-10-03 03 Oct 2021 Lucie Rabreaud Api Tahiti Éditions présente Ethnologie de l’île de Rapa de John Stokes, traduit pour la première fois en français et édité par Christian Ghasarian. L’ethnographe John Strokes avait étudié l’île reculée des Australes pendant neuf mois en 1921. Histoire, anciens sites villageois, organisation des clans, les guerres, le quotidien avec la langue rapa, les noms et les changements de noms des personnes, les divertissements, le sport, la danse, mais aussi les maladies, la mort, la religion et la magie, l’agriculture, la pêche, la chasse, la nourriture, la vannerie, le tissage, le tressage, les mythes et les légendes… Les recherches de John Strokes, ethnographe au début du XXe siècle, sur l’île de Rapa, sont riches et vastes. Aucun sujet n’est laissé de côté pendant les neuf mois qu’il passe sur l’île, lors d’une mission scientifique lancée en 1920 par le Bishop Museum de Honolulu à Hawaii. La Dominick Bayard Expedition avait pour objectif d’étudier « l’origine des migrations, avec quatre équipes engagées dans une compilation archéologique et anthropologique aux Marquises, à Tonga, à Hawaii et aux îles Australes ». Après avoir passé trois mois à Rurutu, six mois à Raivavae, il arrive en mai 1921 à Rapa où il restera jusqu’en janvier 1922 en compagnie de sa femme. Celle-ci le soutiendra dans son travail, en recueillant le vocabulaire de la langue rapa et des spécimens botaniques. Il remettra un manuscrit de 1 300 pages, intitulé Ethnology of Rapa Island, ainsi que de nombreuses photos des habitants et de la vie locale qu’il avait prises sur place. Le tout fut rangé et oublié dans les archives du musée, même si des chercheurs comme Thor Heyerdahl ou Allan Hanson s’appuieront dessus pour leurs propres recherches. Cent ans plus tard, ces recherches réapparaissent enfin, traduites, éditées et présentées par Christian Ghasarian, ethnologue et professeur à l’Institut d’Ethnologie de l’Université de Neuchâtel en Suisse, qui effectue des recherches en Polynésie depuis 1985, dans cet ouvrage publié chez Api Tahiti Éditions : Ethnologie de l’île de Rapa. Christian Ghasarian raconte qu’en effectuant ses propres recherches anthropologiques sur Rapa, il consulte les documents réunis par Strokes et « mesure combien son contenu était inestimable et comme il était dommage qu’il ne soit pas rendu public ». Il retourne au Bishop Museum en 2008 avec Tuanainai Narii, le maire de Rapa, et s’engage à traduire ces documents en français et à les publier. Et il propose le projet à l’éditeur Jean-Luc Bodinier, qui a déjà édité deux de ses ouvrages. https://www.radio1.pf/cms/wp-content/uploads/2021/10/RAPA-BODINIER-1.wav Le travail de John Strokes est méthodique et Christian Ghasarian reste très proche du texte, en apportant quelques explications complémentaires lorsque cela est strictement nécessaire. C’est tout un patrimoine ancien, un document précieux pour Rapa et la Polynésie française, qui refait ainsi surface. Jean-Luc Bodinier explique avoir tout d’abord été frappé par les photos. https://www.radio1.pf/cms/wp-content/uploads/2021/10/RAPA-BODINIER-2.wav On apprend également l’existence de clans féminins, la croyance en des dieux locaux, nationaux, tribaux et familiaux, les prières ressemblant à des incantations qui font dire à John Strokes qu’il n’y a pas de différence entre la religion et la magie. Tout y est décrit avec précision et intérêt. Afin de compléter les textes de recherches, la correspondance et les rapports de terrain ont également été édité en fin d’ouvrage. Une biographie de l’auteur raconte également son travail pour la recherche en Polynésie, notamment sur les îles de Rapa, Raivavae et Rurutu. Il en rapporta des spécimens archéologiques, ethnographiques, botaniques, zoologiques et géologiques, prit 1 847 photos, fit 4 500 séquences de films et effectua 31 enregistrements au phonographe. Tout ce matériel se trouve actuellement au Bishop Museum. Les chercheurs ont bien sûr accès à ces documents et certains travaillent effectivement dessus, selon les informations de Jean-Luc Bodinier. John Strokes est décédé en 1960 à Honolulu, à l’âge de 84 ans. Certains le présentaient comme « un des derniers scientifiques pionniers du Bishop Museum ». Ethnologie de l’île de Rapa est actuellement en vente dans les librairies de Tahiti. Cliquez pour partager sur Facebook(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur Twitter(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur LinkedIn(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquer pour imprimer(ouvre dans une nouvelle fenêtre)