Le samedi 8 juin, les Polynésiens, comme tous les citoyens européens, voteront pour choisir les eurodéputés qui siégeront pendant cinq ans à Strasbourg. Un scrutin qui ne passionne pas les électeurs du fenua, pas beaucoup plus d’ailleurs que les partis. Le Tapura, comme le Amuitahira’a, soutiennent – plutôt timidement – la liste macroniste « Besoin d’Europe » où figure Moerani Frébault, Ahip encourage à se rendre aux urnes mais laisse « la liberté de vote »… Quant au Tavini, son président Oscar Temaru a appelé à l’abstention ce mardi : « on n’a pas de temps à perdre avec ça. »
Elles approchent, mais d’un pas très discret : les élections européennes, organisées entre le 6 et le 9 juin dans tous les états-membres de l’UE, auront lieu le samedi 8 juin en Polynésie. Qu’importe si le fenua ne fait pas, à proprement parler, partie du territoire de l’Union : ses habitants, comme tous les Français, sont bien citoyens européens et peuvent donc participer au choix des 81 eurodéputés français. Avec les 639 autres élus du Parlement de Strasbourg venus des 26 autres états-membres – qui se réunissent en fait à Bruxelles hors sessions plénières -, ils travailleront pendant cinq ans sur les réglementations et directives européennes. Dont certaines, en matière de transport, d’environnement, d’économie, de recherche où de consommation par exemple, ont des conséquences certes indirectes, mais bien concrètes, sur la Polynésie.
Moerani Frebault soutenu timidement
À moins de 20 jours de l’échéance, pourtant, le scrutin fait encore très peu de bruit. Le Tapura Huiraatira a apporté son soutien, sur les réseaux sociaux uniquement à ce stade, à Moerani Frébault, « enfant des Marquises et candidat polynésien » inscrit en 44e place – une position non-éligible – sur la liste « Besoin d’Europe ». Une liste qui rassemble des partis centristes et macronistes, dont Renaissance, avec qui les rouge ont des accords de partenariat. Le directeur général des services de la commune de Hiva Oa et fils de la maire Joëlle Frebault a été invité, jeudi à la mairie de Pirae, puis vendredi au Tapura, pour des présentations de sa candidature devant des élus, notamment Édouard Fritch, Gaston Flosse ou Gaston Tong Sang.
Le jeune Marquisien a ensuite continué sa tournée, depuis ce weekend, aux Raromatai, mais semble, malgré ces soutiens, assez seul dans sa campagne européenne. Si les partis autonomistes hésitent à s’engager davantage, c’est peut-être à cause des scores de participation très faible du scrutin – 22% des électeurs seulement s’étaient déplacés en 2019. Mais peut-être aussi à cause des sondages qui donnent la liste soutenue par le président de la République – et qui avait remporté 43% des voix polynésiennes en 2019, loin devant celle du RN – cette fois largement perdante, au niveau national, face à celle du Rassemblement National.
Route traversière financée par l’UE : « Ils n’ont pas les sous »
Vu les résultats des dernières territoriales, c’est aussi la position du Tavini qui était des plus attendues. Oscar Temaru a été invité à s’exprimer ce matin sur le sujet, et il a été plutôt direct : « Abstention ! On n’a pas de temps à perdre avec ça. »
Si le leader bleu ciel encourage donc à ne pas choisir – voire à ne pas se déplacer – certains s’intéressent de près aux électeurs du Tavini. Notamment le Te Nati, qui n’a pas d’élus à l’assemblée, mais qui bat activement campagne pour la liste Rassemblement national. Éric Minardi, qui a siégé en tant qu’eurodéputé ces deux dernières années, et qui figure sur cette liste RN, en 41e position, une place là encore non-éligible, a inscrit en tête de son « programme européen pour la Polynésie » un projet cher à Oscar Temaru. La traversière Faa’a -Taravao, qui passerait par le centre de l’île par un réseau de grands pylônes, et que le Tavini voulait faire construire en 2015 avec des investisseurs chinois. Cette fois, c’est de l’argent de l’UE qui est promis, mais le maire de Faa’a, n’y croit absolument pas : « Ce sont les Chinois qui devaient financer », rappelle-t-il, l’Europe, « ils n’ont pas les sous » :
Pas de réponse, pas de consigne pour Ahip
Enfin, A Here Ia Porinetia s’est aussi intéressé à ce scrutin européen. En mars, le parti vert, et ses trois représentants à Tarahoi, avaient écrit aux grands partis engagés dans l’élection (37 listes, au total, ont été déposées au national, un record) pour leur demander leurs propositions sur la Polynésie. « Malheureusement à ce jour, nous n’avons reçu aucune réponse de tous ces partis nationaux, et nous n’avons aucun rattachement à ces partis, donc nous avons décidé d’encourager la participation à ce scrutin, mais de donner libre-vote aux Polynésiens qui veulent se déplacer », explique Nicole Sanquer.