ANALYSE – Faire le dos rond, parler aux Français, ne pas porter seul la défaite : plusieurs options se présentent pour le président.
« Le roi est nu ». Face à la sévère défaite enregistrée dimanche soir aux élections européennes, « des leçons doivent être tirées », a prévenu François Hollande. Sans attendre, le chef de l’Etat a annoncé dès dimanche soir la convocation d’une « réunion de crise », lundi matin à l’Elysée. L’ampleur du résultat a sonné François Hollande. C’est sous son mandat que pour la première fois, le Front national arrive en tête à une élection. Une lourde responsabilité. Deux mois après la claque des municipales, cette nouvelle débâcle affaiblit évidemment encore un peu plus le président. « Il est le dernier à y croire. Le roi est nu », confiait dimanche soir un proche de François Hollande.
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Faire le dos rond. Deux mois après la claque des municipales, cette nouvelle débâcle contraint l’exécutif à faire le dos rond. Manuel Valls avait d’ailleurs prévenu que, quel que soit le résultat du scrutin, il n’entraînerait « pas de changement de gouvernement » ni de « ligne économique ». « Il faut aussi agir à l’échelle nationale pour obtenir des résultats plus vite et plus concrets pour redonner confiance et rassembler les Français. C’est la responsabilité qui a été confiée au gouvernement », résumait-on dimanche dans l’entourage du chef de l’Etat.
Parler aux Français ? Comme il l’avait fait après les municipales, François Hollande n’exclut pas une intervention télévisée pour parler aux Français. Celle-ci pourrait avoir lieu mardi, avant le départ à Bruxelles du chef de l’Etat. Mais pour l’instant, rien n’est décidé. Certains conseillers de l’Elysée estiment qu’une nouvelle prise de parole serait contre-productive.
Insister sur la responsabilité collective. Depuis dimanche soir, les conseillers de François Hollande cherchent les éléments de langage qui permettront d’amortir la débâcle et de ne pas tenir l’exécutif comme seul responsable de cette percée du Front. Sur les plateaux télé, dimanche soir, les ministres ont commencé à diffuser le message suivant : le score obtenu par le FN ne s’est pas mis en place dans les dernières semaines, ni dans les dernières années. Le FN premier parti de France est un message qui s’adresse à tous les partis de gouvernement et pas seulement au gouvernement.
Défendre une Europe plus juste. François Hollande, qui se rend mardi soir à Bruxelles pour rencontrer les autres chefs d’Etat ou de gouvernement de l’UE, essaiera de les convaincre de mettre en place une Europe plus juste. « Il va falloir convaincre l’Europe que le seuil d’alerte a été franchi, pas seulement en France mais aussi dans tous les pays où le populisme progresse », considère l’Elysée, faisant valoir que « l’Europe doit redevenir un espoir et une protection ». Mais François Hollande risque de voir sa voix affaiblie au niveau européen. Comment demander une réorientation de l’Europe alors qu’Angela Merkel, à qui la France réclame des inflexions en faveur de la croissance et sur les politiques de rigueur, a, elle, remporté le scrutin en Allemagne.