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Éviction de l’Association hippique : « On touche vraiment à l’ADN de la Polynésie »

Hippodrome chevaux

©Facebook Fédération polynésienne d’équitation

L’association hippique et d’encouragement à l’élevage de Polynésie française (AHEE-PF) doit quitter l’hippodrome. La situation n’est pas nouvelle mais a pris un tour assez urgent depuis que la Direction des affaires foncière a sommé la structure de déménager du Domaine Labbé, à Pirae sous 15 jours. Inconcevable, pour ses responsables qui jugent les sites alternatifs proposés – à Atimaono ou Mataeia – inadaptés et qui parlent d’une filière, d’une activité économique mais aussi de traditions menacées.

L’information a été révélée par nos confrères de Tahiti Infos et TNTV : le 4 avril dernier, par lettre d’huissier, l’association hippique et d’encouragement à l’élevage de Polynésie française (AHEE) a été sommée de quitter le Domaine Labbé, à Pirae. Un domaine de plusieurs hectares, qui accueille le seul hippodrome de Polynésie, une grande carrière en son centre, et qui est entouré de structures d’entrainement et d’écuries, occupées par l’association ou par les deux clubs hippiques du pays. C’est la Direction des affaires foncières, mandatée par la vice-présidence, qui a précipité cette demande, qui fait suite à un long contentieux entre le Pays et l’AHEE. Le Pays souhaite récupérer les terrains sur lesquels l’association est installée depuis plus de 100 ans, grâce à un bail emphytéotique signé au début du XXe siècle et que seule la structure hippique pouvait décider de renouveler ou non.

Mataiea, Atimaono ? « Impossible »

Le Pays, ne pouvant reprendre son bien, a lancé une procédure juridique, et compte « six décisions de justice qui vont dans son sens », selon Hinatea Paoletti, conseillère technique en charge du dossier, citée par Tahiti Infos. Mais la procédure n’est pas encore terminée, l’affaire est en cassation. Ce qui n’a pas empêché ce courrier d’huissier d’arriver et de mettre en demeure l’association de partir. Vairea Céran-Jérusalemy, secrétaire générale de l’AHEE, ne cache pas son inquiétude pour toute l’activité et pour les animaux. « Là on touche le ministère de la Culture parce que les courses du Heiva font partie de la culture polynésienne, on touche au ministère de l’Agriculture avec les élevages de chevaux, on touche au ministère des Sports, on touche vraiment à l’ADN de la Polynésie, détaille-t-elle. On est très inquiets, très inquiets pour nos animaux. Tout arrêter et jeter en l’air ce pan culturel de notre histoire, ce serait inconcevable. »

Le Pays a proposé une solution de repli : Mataiea ou Atimaono. Impossible de s’installer là-bas pour plusieurs raisons pour la secrétaire générale de l’association : trop loin… et « trop humide ». D’après la responsable le climat pluvieux ne conviendrait pas aux chevaux de compétition et notamment à leurs sabots à cause des terrains souvent trempés.

La Fédération et ses deux clubs, « victimes collatérales »

Si les deux clubs équestres devaient également se relocaliser là-bas, ce serait « la fin de la filière » : « Comment je vais dire à tous les licenciés, les membres actifs de la Fédération, qu’il faut faire une heure de route aller, une heure de route retour pour une heure de pratique ? Et encore pour les enfants des clubs ça va, ils montent une fois par semaine, mais pour nous qui faisons des courses et devons s’entrainer tous les jours… Les chevaux sont des sportifs, ce ne sont pas des machines, c’est de l’entretien au quotidien, c’est une relation avec l’animal, ce n’est pas tu montes, tu t’en vas, c’est du plein temps, de l’investissement, de la passion. »

La Fédération polynésienne d’équitation avec ses deux clubs, le centre équestre et l’Éperon, sont les « victimes collatérales » de l’affaire, car elle n’a pas de bail directement avec le pays mais profite de celui qui est accordé à l’association hippique. Ce qui en fait d’ailleurs une des seules fédérations sportives polynésiennes sans terrain mis à disposition.

Une vingtaine d’emplois, 500 licenciés, 150 à 200 animaux…

C’est aussi toute l’activité économique qui est menacée : une vingtaine d’emplois, 500 licenciés, près d’une centaine de membres pour l’association et entre 150 et 200 animaux. Les écoles primaires, les activités extrascolaires, l’association des enfants handicapés, les stages, les concours avec notamment des cavaliers qui participent aux championnats de France sur différentes disciplines… « S’ils décidaient d’aller jusqu’au bout c’est la mort de la filière à Tahiti. Qui va amener son gamin à Mataiea pour une heure de poney ? Le domaine Labbé est un site historique, la seule zone verte dans la zone urbaine. Si on veut mettre du béton partout faut le dire. Tout est fait en dépit du bon sens, sans prévenir les gens », disait une adhérente du club, qui espère que les discussions prévues avec les différents ministères et notamment la vice-présidence le 23 avril prochain, permettent de mettre à plat l’utilisation du site et de trouver une solution pour tous les passionnés d’équidés.

Un autre problème à régler sera cette facture de 785 millions de francs, la totalité des loyers impayés, qui serait en préparation à la Direction des affaires foncières.

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