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Exploitation des fonds marins : moratoire voté à Paris, grand écart du Tavini

Dans la lignée de l’engagement international d’Emmanuel Macron, les députés ont adopté une résolution invitant le gouvernement à défendre un moratoire international sur l’exploitation minière des grands fonds. Un texte voté à la majorité absolue, avec les voix du groupe GDR qui rassemble trois députés polynésiens. Leur parti, le Tavini, est pourtant fermement opposé, sur la scène locale, à une telle interdiction d’exploitation.

215 voix pour, 56 contre. Seul le Rassemblement national et quelques élus Les Républicains, visiblement soucieux de ne pas priver la France de certaines opportunités économiques, ne se sont pas ralliés à la résolution proposée par l’élu écologiste Nicolas Thierry. Par ce texte, la représentation nationale, ce mardi soir, s’est dite favorable à l’idée d’une interdiction au moins temporaire de l’exploitation minière des fonds marins en haute mer. Le tout « tant qu’il n’aura pas été démontré par des groupes scientifiques indépendants et de manière certaine que cette activité extractive peut être entreprise sans dégrader les écosystèmes marins et sans perte de la biodiversité marine ». D’ici là, les députés demandent au gouvernement central, qui a salué l’initiative, de « bloquer l’adoption de toute réglementation pour l’exploitation minière des fonds marins » à l’AIFM, Autorité internationale des fonds marins, de même que l’octroi de licences d’exploitation. Une résolution qui fait écho à la position déjà exprimée par le président Emmanuel Macron sur la scène internationale. En juin lors de la conférence des Nations-Unies pour les océans, à Lisbonne, puis de nouveau à la COP27 égyptienne de novembre, le chef de l’État avait demandé un « coup d’arrêt » dans les projets d’exploitation, tout en défendant une meilleure études de l’écosystème des grands fonds, encore mal connus des scientifiques.

Tematai Le Gayic en plaidoyer contre l’exploitation…

Parmi les signataires de ce texte, le groupe GDR, dont font partie les trois députés polynésiens. Moetai Brotherson s’était déjà montré favorable à l’initiative, s’assurant même auprès du gouvernement central que ce moratoire concernait bien la Polynésie. Ce mardi, c’est Tematai Le Gayic qui s’est exprimé à la tribune de l’assemblée, interrogeant les motivations qui pouvaient conduire des entreprises ou des États à se lancer dans l’exploitation des grands fonds « au risque d’en être l’élément perturbateur ». « C’est l’accumulation de richesse, le profit, et la vision capitaliste qui les pousse à renier l’importance de respecter l’océan, qui fait pourtant partie intégrante de notre existence humaine », dénonce-t-il. Tirer profit des richesses de notre océan dans le respect de celui-ci est possible. Pourquoi donc, dans ces conditions, en détruire même une petite partie ?“.


Une déclaration qui ne tranche en rien avec les prises de position écologistes que le jeune député a jusqu’alors adoptées. La position, en revanche, parait difficilement conciliable avec celle de son parti sur la scène locale. Car la Polynésie française, avant la Métropole, avait adopté le 8 décembre dernier sa propre « déclaration solennelle » demandant, elle aussi, un moratoire sur l’exploitation des grands fonds marins, en Polynésie comme ailleurs. Une délibération présentée par le gouvernement d’Édouard Fritch et son ministre de l’Environnement Heremoana Maamaatuaiahutapu, et que le parti indépendantiste avait refusé de voter.

…Quand Oscar Temaru agite les milliards des grands fonds

Tony Géros, chef de file des bleu ciel à l’assemblée de Polynésie avait, quelques semaines plus tôt, expliqué sa position sur le plateau de Radio1. Pas question, d’une part, de saluer la démarche internationale de la France, en ce qu’elle refuse toujours d’appliquer pas les résolutions successives de l’ONU lui demandant de « garantir la souveraineté permanente du peuple de la Polynésie française sur ses ressources naturelles ». « On ne peut pas accepter qu’Emmanuel Macron aille parler à notre place des ressources qui nous appartiennent » précisait l’ancien président de l’assemblée. Mais en dehors de ce conflit de propriété, le Tavini communique depuis de nombreuses années davantage sur le potentiel économique de l’exploitation des ressources métalliques de la ZEE que sur ses conséquences écologiques. L’estimation de ces richesses faite par le parti, et semble-t-il assise sur peu de faits, a varié entre « 75 000 milliards de US$ » et plusieurs « milliards de milliards ». Son président Oscar Temaru avait même directement évoqué, pas plus tard qu’en août dernier, de possibles de négociations de « droits d’exploration et d’exploitation » à l’international. Accusé, fin décembre, d’avoir déjà signé, lorsqu’il était président du Pays, un accord avec la Chine sur la question, il s’était défendu : « Ça n’a jamais été la politique du Tavini de vendre son pays, de vendre son âme ». Mais le fait est que le parti indépendantiste, soucieux, lui aussi, de n’écarter aucune opportunité économique pour Maohi Nui, refuse catégorie de s’engager contre une exploitation minière. « On va avancer étape par étape, avait déclaré Tony Géros sur Radio1. D’abord on va reconnaitre notre souveraineté et ensuite seulement la voix du Tavini pourra être entendue en tant que telle. »

Comment expliquer ce grand écart dans le discours entre Paris et Papeete ? En septembre, le député Moetai Brotherson avait botté, dans les colonnes de Tahiti Infos, du côté de l’évolution technologique. “Dans 30 ou 50 ans, nos enfants qui sont tous des génies auront peut-être trouvé et développé les technologies qui permettent ces exploitations, avait expliqué l’élu. Je dis peut-être parce qu’on n’en sait rien.” Sa position, comme celle de ses jeunes collègues de l’assemblée, semble tout de même, au sein du Tavini, bien éloignée de celles de ses aînés.

 

 

 

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1 Commentaire

  1. NERI
    18 janvier 2023 à 22h21 — Répondre

    Un moratoire ne vaut rien souvenez vous.
    Le 13 juin 1995 le président Jacques Chirac rompt le moratoire et ordonne la réalisation d’une dernière campagne d’essais nucléaires dans le Pacifique. Cette ultime campagne a pour but de compléter les données scientifiques et techniques pour passer définitivement à la simulation.
    Donc….. Rien n’est jamais figé et au final le Tavini a une bien meilleure approche sur la question non?

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