À l’occasion du bouclage de l’exposition-événement « Les Peuples de l’eau », Claire Mouraby, directrice de la bibliothèque universitaire (BU), Valmigot et Here’iti VR, commissaires de l’exposition, proposent un programme de temps forts ce jeudi 29 avril de 16h30 à 18h30 sur le deck à l’entrée de la BU, sur le campus universitaire d’Outumaoro (voir programme en fin d’article). Pour l’occasion, Radio1 a fait la rencontre d’un des 128 artistes présentant leurs œuvres dans le cadre de cette exposition : Guillaume Machenaud, issu de la promotion 2020 du Centre des métiers d’art et figure montante de la scène artistique polynésienne.
Guillaume Machenaud avait déjà fait forte impression en 2020 lors de l’exposition « Mona Lisa TAPA tout dit » avec son œuvre « Elle cherche le cœur du jeune homme et l’ayant trouvé, constata qu’il battait encore » – ce cœur humain hors normes en pierre fleurie des Marquises, sculpté en référence à la légende de Nona l’ogresse. Poétiquement indiqué comme « à dimensions variables » dans le catalogue de l’exposition, ce cœur a continué de battre entre son travail de fin d’études au Centre des métiers d’art et la salle de lecture de la bibliothèque universitaire quelques mois plus tard. Cette année-là, il est un des deux seuls jeunes diplômés du CMA aux côtés de Teva Paoli à avoir été sélectionné par les commissaires pour exposer aux côtés de 60 autres artistes pour la première édition de la Journée mondiale de l’art.
En 2021, Guillaume Machenaud revient en force et avec humour, avec son poisson-pierre réalisé à partir de poinçons de masques chirurgicaux. Pour cette œuvre, intitulée « ‘A tāu’aparau ana’e », Guillaume a souhaité une réflexion sur la matière, les textures qui sont désormais une référence connue de tous : la crise sanitaire et l’impact qu’elle a sur l’environnement.
Après un Bac Sciences et technologies du design et des arts appliqués au lycée Raapoto où Guillaume rencontre ses deux premiers mentors Éric Ferret et Gaya –artistes qui ont changé sa vision de l’école et de la pratique artistique, il décide d’aller en France pour un BTS mais le mal du pays le ramène au fenua. Il s’engouffre alors dans une formation de deux ans au Centre des métiers d’art qu’il achève en juillet 2020. S’il choisit l’option sculpture, il reconnaît que les enseignements libres et ouverts sont une réelle opportunité pour s’essayer à tout : gravure, tressage, arts numériques. La pluralité des projets artistiques menés lors de cette formation provoque une prise de conscience, une envie de parler sa culture. Son stage au Hamani Lab de Tipaerui et la rencontre avec son troisième mentor, Jonathan Mencarelli, lui offre une belle connexion avec la pierre. Ce sera désormais son support de prédilection. Le jeune artiste évoque aussi l’influence de sa rencontre avec Stéphane Motard, également sculpteur sur pierre au Hamani Lab.
Pour son deuxième stage, il fait le choix de partir aux Marquises fin 2019, pour se former auprès de 10 sculpteurs des vallées de Ua Pou, autour de cette pierre rare et distinguée qu’est la pierre fleurie. Il participe à trois sculptures pour le festival du Matavaa, dont un tiki de 3 mètres. C’est à cette occasion qu’il ramène une pierre fleurie de 500 kilos – la taille d’un buste humain ! – qui sera son matériau pour son diplôme de fin d’études, qui suivra le destin qu’on lui connaît et qui fait désormais partie des collections du Centre des métiers d’art. Le travail de la pierre initié dans les ‘règles de l’art’ au Hamani Lab a pu ainsi être maturé aux Marquises, notamment par le prisme de l’imaginaire, des mythes et des légendes.
Le poisson-pierre présenté cette année pour le World Art Day Tahiti est une invitation à la discussion autour de la situation alarmante que nous vivons à travers cette crise sanitaire. L’œuvre met en lumière une contradiction : pour se protéger nous-mêmes de virus générés par nos pratiques humaines, nous en arrivons à détruire l’environnement. L’artiste a choisi de travailler sur la transparence du verre, un clin d’œil à l’artiste Dustin Yellin ; le bleu des masques chirurgicaux faisant écho à l’eau du thème de cette deuxième édition de la Journée mondiale de l’art de Tahiti. Ce travail artistique est finalement sélectionné pour être présenté à la galerie Winkler du 1er au 15 avril, belle récompense pour le jeune artiste du fenua, diplômé depuis à peine 6 mois.
Aujourd’hui, Guillaume Machenaud est reconnaissant aux trois organisatrices de ces expositions collectives annuelles autour de la Journée mondiale de l’art « parce que ça donne l’opportunité à des jeunes, comme Teva Paoli, ou encore Hanaiti Mariassouce qui font partie de la même génération du CMA que moi d’avoir quelque chose à défendre sur la scène artistique. » Gageons que nous retrouverons rapidement ces trois jeunes de la scène artistique montante dans nos galeries du fenua.
Retrouvez également le travail de Guillaume Machenaud dans le cadre de l’exposition des enseignants et diplômés du Centre des métiers d’art directement au CMA, à Mama’o, avenue du Régent Paraita, jusqu’au 30 avril.
Dernier embruns des PEUPLES DE L’EAU : bouclage de l’exposition ce jeudi
Jeudi 29 avril, sur le deck de la bibliothèque universitaire, campus d’Outumaoro, ouvert à tous
Spectacle dansé, création originale de pour « Les Peuples de l’eau » produit par l’association ManA’Art
Proposition radioscénique de SAM – Ce Bon Vieux Sam produit par l’association ManA’Art Plus de détails sur le programme ici : http://www.upf.pf/fr/actualites/expo-les-peuples-de-leau-derniers-embruns-jeudi-29-avril?fbclid=IwAR1s1vZt4KgdV3MEmzx-Js5Fc5kKgT4R5jtGqg9u6sLCpH2kl53XbiUBjok L’exposition « Les Peuples de l’eau » sera encore visible ce vendredi 30 mai inclus à la bibliothèque de l’université de 7h30 à 19 heures (le samedi 1er mai, jour férié, la BU sera fermée et l’exposition démontée). |