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Export : le salut par le numérique ?

Aides à l’export, labellisation… les tentatives pour atteindre les marchés extérieurs sont jusqu’ici peu concluantes, en tout cas pour les produits physiques. Un nouvel accord avec Business France vise à moderniser et faciliter l’export. Il faut « repenser les politiques export du Pays », et l’avenir est dans le secteur du numérique – qui représente déjà 75% des exportations des départements et régions d’outre-mer. 

Un protocole d’accord baptisé « Team Polynésie export » a été signé mardi entre le Pays et l’État, dans la continuité de la convention de partenariat avec Business France, structure nationale de soutien aux petites et moyennes entreprises dans la conquête de marchés internationaux.

Cette signature était suivie d’une conférence à la CCISM, animée par Johann Remaud, directeur du réseau outre-mer de Business France. Face à lui, malgré les bonnes intentions des diverses conventions, des entrepreneurs polynésiens toujours en butte aux mêmes freins structurels : des volumes insuffisants et de grandes difficultés logistiques à exporter ailleurs que vers l’Hexagone, notamment en raison de l’absence de conteneurs de groupage vers d’autres destinations, les USA par exemple, ou même les iles du Pacifique.

 « On est compétitifs par rapport à l’Australie ou la Nouvelle-Zélande, dit un industriel local, mais ils sont les seuls à avoir accès à ces marchés. On perd notre compétitivité uniquement sur cette partie transport. » Johann Remaud reconnait que les Antilles et La Réunion ont le même problème, « où on parle depuis 20 ans de la création d’une compagnie régionale. C’est la seule réponse, mais elle ne pourra pas être seulement privée. »

À l’Agence de développement économique de définir à présent la vision stratégique du Pays, et à la CCISM le rôle opérationnel, explique son directeur Heiarii Durand. Tous ensemble, ils veulent remettre le sujet à plat, « identifier les problématiques filière par filière », définir et chiffrer ce qui constitue une filière durable, réfléchir à la mutualisation des moyens, envisager des investissements pour produire plus. Et surtout ne pas rater le coche des services numériques, qui représentent déjà 75% des exportations des outre-mer français.

Un avenir durable pour les filières « luxe »

C’est donc dans l’export de services numériques, dit Heiarii Durand, que réside le potentiel de « massification », soutenu par les projets du Pays d’augmentation de capacité que promet l’arrivée de Google. Mais tout n’est pas à jeter : « Nous avons déjà des filières qui ont prouvé leur potentiel à l’export. La perle noire, produit de luxe reconnu de par le monde, le rhum, la vanille, nous avons cette capacité à créer des produits hautement qualitatifs, et honnêtement je ne suis pas inquiet pour l’avenir de ces filières. »

Johann Remaud a tout de même prévenu : obtenir une AOC (appellation d’origine contrôlée) ou une IG (indication géographique) est compliqué et suppose une filière déjà structurée. Quant au « Made in Fenua », il ne mâche pas ses mots : ce n’est pas clair pour les marchés extérieurs, et se priver de la mention « France » serait sans doute une erreur sur le segment du luxe : « C’est la réflexion que vous devez avoir, les labels juste entre vous, ça ne va pas servir à grand-chose. » Mais, dit-il, « avec Team Polynésie export, on a maintenant un point d’entrée qui peut accompagner tout le monde ».

Une journée de prospective devrait être organisée prochainement, pour « se mettre face à nos réalités », conclut le président de la CCISM Kelly Asin-Moux.

 

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