La pirogue double Faafaite a fait ce matin son entrée au port de Papeete, après un aller-retour vers Hawaii pour les Festival des arts du Pacifique. Un voyage qui a permis de faire la démonstration des capacités des « pêcheurs d’îles » de l’équipage. L’association propose des formations exigeantes, mais espère susciter de nouvelles vocations parmi les plus jeunes.
Vingt-cinq jours après son départ de Hawaii, Faafaite et ses 16 membres d’équipage ont été accueillis à Papeete par les ministres Nahema Temarii et Vannina Crolas, ce lundi matin. Faafaite était partie le 12 mai dernier, ralliant Hawaii en seulement 16 jours pour représenter les navigateurs traditionnels de Tahiti et ses îles au Festival des arts du Pacifique : « un record reconnu même par Nainoa Thompson », souligne-t-on du côté de la présidence. Le retour a été un peu plus difficile : Faafaite a dérivé vers Bora Bora, où il a fallu se réapprovisionner en eau et en fuel, puis le maaramu a déchiré les voiles, qu’il a fallu réparer à Huahine.
Titaua Tepoarii, le capitaine, préfère parler de « navigation sensorielle » plutôt que de navigation traditionnelle – « on a une pirogue en fibre de verre, des impers, des lunettes anti-UV », dit-il modestement. « La navigation sensorielle, c’est utiliser tous ses sens, la houle, les oiseaux, le soleil, la lune, les étoiles… » Au mot navigateur, il préfère l’appellation « pêcheur d’îles » : « Si on connait un peu nos légendes, l’île a été pêchée par Maui, donc on a été pêcher les îles ! »
Il est heureux d’avoir représenté la Polynésie au FestPac, mais pour lui c’est surtout la navigation qui était importante : c’était notamment la première fois qu’un équipage réussissait à relier Tahiti à Hawaii sans un navigateur hawaiien à bord, un motif de grande fierté pour l’équipage. Le capitaine espère que ce voyage va inspirer d’autres Polynésiens à rejoindre l’association et à « se reconnecter » à leurs racines.
Des dauphins bioluminescents gardiens des « portes de l’hémisphère Sud »
Pour Are Raimbault, qui a effectué le voyage retour, le plus beau souvenir est celui d’une navigation de nuit, quand la pirogue a été accompagnée par des dauphins dans une mer scintillante de microorganismes bioluminescents.
Un navigateur taiwanais à bord
Faafaite a signé un partenariat avec la ville de Hualien à Taiwan, et accueillait un Taiwanais autochtone sur le trajet retour. « Les invasions, chinoises, japonaises, les ont privés de leur culture, ils ont oublié la navigation, on s’est dit pourquoi pas inviter un Taiwanais pour leur donner envie de re-naviguer et de construire une pirogue ? » explique Titaua Tepoarii. Autre invité, le fils du Hawaiien Shorty Bertelmann, qui était sur Hokulea lors de son premier voyage vers Tahiti en 1976.