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Faites-vous dépister, plaide la Ligue contre le cancer

©CP/Radio1

« Moins de souffrances, et moins de dépenses », c’est ainsi que le vice-président de la Ligue contre le cancer en Polynésie, le Dr Pierre Catteau, radiologue depuis près de 35 ans au fenua, résume son engagement. C’est pourquoi, explique-t-il, la Ligue n’a de cesse d’interpeller les pouvoirs publics pour mettre en place des actions de prévention : « La prévention doit être considérée comme un investissement. » La semaine du cancer s’ouvre ce mardi 23 mars, avec notamment plusieurs spots TV produits par la Ligue, qui invite aussi le public à faire des dons pour lui permettre de remplir sa mission de prévention et d’accompagnement des malades.

Chez les sujets féminins, les cinq cancers les plus fréquents sont ceux du sein (43 % des cas), de la thyroïde (10 %), de l’endomètre ou muqueuse de l’utérus (9 %), du poumon (8 %, mais c’est le plus mortel) et colorectal (5 %). Ces cinq types de cancer représentent les trois-quarts des cancers des femmes. Quant aux hommes, les cinq cancers les plus fréquents sont ceux de la prostate (35 % des cas), du poumon (18 %), colorectal (7 %), de la vessie (4 %) et de l’estomac (4 %). Ces cinq types de cancer représentent un peu plus des deux-tiers des cancers des sujets masculins. Les personnes de plus de 50 ans représentent 60% des cas de cancers au fenua.

(Rapport de l’APF sur le Plan Cancer, 2018)

En France, « 9 cancers du sein sur 10, on les guérit », dit le Dr Catteau. On pourrait avoir le même taux de guérison en Polynésie (il ne dépasse pas 7 sur 10), où les patientes sont bien soignées. « Ici on est à peu près à 150 cancers du sein par an. Mais le gros, gros problème que nous avons, c’est la réticence des femmes à se faire dépister. »  60% des femmes en France se font dépister, alors que seulement 31% des femmes polynésiennes le font. « La peur est la fille de l’ignorance, dit le Dr Catteau. Et puis ça fait honte, c’est comme une punition. »

Une étude est d’ailleurs en cours pour mieux cerner les raisons de cette réticence. Si la Ligue contre le cancer a largement contribué à faire une réalité du mammographe à Nuku Hiva, elle continue à militer pour rendre la démarche moins onéreuse. Car même si l’examen est gratuit, lorsqu’on vit à Ua Pou, par exemple, se rendre à Nuku Hiva est une dépense certes moindre qu’un billet pour Papeete, mais toujours hors de portée pour beaucoup de femmes. Ce sujet, assure-t-il, sera « le combat de l’an prochain » pour la Ligue en Polynésie. Mais la Ligue a déjà eu gain de cause sur un autre point, la gratuité de l’échographie qui va de pair avec la mammographie.

La première prévention, dit le Dr Catteau, c’est l’autopalpation des seins, à faire juste après la fin des règles pour les femmes non ménopausées. « Et si vos doigts un jour ont l’impression qu’il y a quelque chose qui n’y était pas le mois précédent, allez voir votre médecin ou le radiologue immédiatement. Toutes les boules que l’on sent ne sont pas des cancers, mais il faut que l’on sache ce que c’est. »

75% des cancers du sein surviennent après 50 ans, d’où cette limite d’âge pour bénéficier du dépistage gratuit tous les deux ans. Mais pour les femmes qui ont des antécédents familiaux, mieux vaut dépister à partir de 40 ans, dit le Dr Catteau, grâce à un examen supplémentaire qui est disponible au fenua.

Le cancer du poumon, plus meurtrier pour les femmes que le cancer du sein

Ce n’est pas la seule préoccupation lorsqu’on parle de santé des femmes : car, rappelle le Dr Catteau, le cancer du poumon tue plus de femmes polynésiennes que le cancer du sein. L’espoir dans ce domaine réside dans les dernières avancées de l’immunothérapie.

Le cancer de l’utérus, moins fréquent, est toujours présent. C’est le seul contre lequel il existe un vaccin, le Gardasil, « qui a largement fait ses preuves, » dit le médecin.

Un motif de satisfaction, toutefois : alors qu’en métropole le président de la Ligue contre le cancer, le Pr Axel Kahn, alerte sur les retards de diagnostic de cancers provoqués par l’engorgement des hôpitaux débordés par l’épidémie, ce n’est pas le cas en Polynésie, assure le Dr Catteau. Mais certains patients n’ont pas voulu se rendre à l’hôpital pour des examens ou des traitements, craignant la contamination par le covid. Une crainte infondée contre laquelle il faut lutter, dit le médecin.

Enfin, la Ligue contre le cancer veut étendre ses opérations de sensibilisation dans les lycées et les collèges, pour que les jeunes poussent leurs parents à surveiller leur santé. Elle a également créé un « club des entreprises contre le cancer », pour inciter au don.

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