Résultats financiers moins fringants, innovation en berne, parts de marché en recul… La marque à la pomme est-elle déjà finie ?
Le ver est-il dans la pomme ? Apple a présenté lundi ses résultats financiers pour le quatrième et dernier trimestre de son année fiscale. Si les ventes d’iPhone depuis un an sont en hausse (+26% à 150 millions d’unités), le bénéfice net annuel est lui en recul (-11% à 37 milliards de dollars soit 27 milliards d’euros), une première depuis onze ans. Les parts de marché de la marque à la pomme sont en recul et les innovations se font de plus en rares.
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• NON, car l’iPhone se porte bien. C’est LE point positif des résultats financiers présentés lundi : la marque a vendu 33,8 millions d’iPhone entre juillet et septembre, soit une augmentation de 26% par rapport au trimestre précédent. Pas de quoi inquiéter l’entreprise californienne pour autant : « Vendre 150 d’iPhone sur un an, c’est énorme. Si certains arrivent à parler de résultats décevants avec de tels chiffres, je comprends que la sinistrose se généralise sur les marchés financiers… », ironise Alexandre Lenoir, responsable éditoriale du magazine iCreate, spécialisé sur les produits Apple.
« Il faut préciser que c’est le produit sur lequel la marque réalise sa plus grosse marge. Plus que sur l’iPad ou sur les Mac », précise le spécialiste interrogé par Europe1.fr. « Rappelons également que les nouveaux iPhone (5c et 5s) n’ont été commercialisés que le 20 septembre, soit 10 jours seulement avant la clôture du trimestre. Leur succès éventuel – il s’en est quand même vendu 9 millions lors des trois premiers jours – devrait se ressentir lors du prochain trimestre », rappelle à Europe1.fr Gregory Nguyen, rédacteur en chef du magazine Mobiles Magazine.
• OUI, car Apple n’innove plus. Exception faite du capteur d’empreinte digitale, l’iPhone 5s ne propose pas de nouveauté majeure par rapport au prédécesseur. Quand à l’iPhone 5c, il apporte simplement une touche de couleur supplémentaire par rapport à l’iPhone 5. Plus d’innovation donc, mais ce n’est pas seulement le fait d’Apple : « Regardez la concurrence ! On ne peut pas dire que Samsung a révolutionné les smartphones avec son Galaxy S4, le G2 de LG, avec ses boutons passés à l’arrière, n’est pas non plus le roi de l’innovation et pourtant c’est un des meilleurs modèles Android du marché… Finalement ce sont tous des rectangles noirs avec des écrans, on est arrivé au bout de l’innovation », remarque le journaliste spécialisé.
« ‘Il est facile de faire du nouveau, mais difficile de faire du bien’, tançait Tim Cook lors de la dernière présentation Apple. Il visait notamment la stratégie peu fourre-tout de Samsung, alors que la firme californienne s’applique à peaufiner ses appareils pour s’adapter aux réels besoins de ses utilisateurs », selon Alexandre Lenoir, du magazine iCreate. « On ne peut pas parler de déclin de l’innovation. C’est juste une question de cycles : Apple a cartonné avec ses Mac, puis ses iPod, ses iPhone et maintenant ses iPad. Il faut juste attendre la prochaine génération : on parle de montre ou de bracelet connecté, ou encore de téléviseur maison. La marque arrivera de nouveau à réaliser de grosses marges sur ces appareils, qui à leur tour seront remplacés par d’autres chez Apple », relativise Ulrich Rozier, rédacteur en chef du site spécialisé FrAndroid.
• NON, car Apple sait fidéliser ses utilisateurs. Au cours de la présentation de ses iPad, le 22 octobre, Apple a annoncé que la dernière version de son interface pour ordinateurs, Mac OS X, devenait gratuite pour la première fois. « C’est une façon de fidéliser ses clients, qui n’a plus envie d’aller voir ailleurs. En attirant les utilisateurs sur le software [la partie logicielle, NDLR], cela attire les clients et les incite à acheter du hardware, c’est-à-dire les ordinateurs Apple », Alexandre Lenoir du magazine iCreate.
• NON, car l’action d’Apple peut encore remonter. D’un pur point de vue financier, l’action qui fliretait avec la barre des 700 dollars, est retombée à près de 500 dollars. Pas de quoi tirer la sonnette d’alarme : « C’est vrai que le bénéfice net a baissé pour la première fois depuis très longtemps. Les chiffres sont plus bas que ce à quoi Apple nous a habitué, mais on reste sur des résultats financiers très élevés, très attrayants pour les investisseurs », constate Andrea Tueni, analyste financier chez Saxo Bank. « Et à la lecture de ces résultats, le bilan reste plutôt positif pour Apple. Il y a encore un potentiel de hausse de l’action Apple, la preuve : Goldman Sachs et JP Morgan [deux des plus grands cabinets d’analyses financiers, NDLR] ont relevé leurs objectifs de cours de l’action juste après l’annonce des résultats », précise le spécialiste économique à Europe1.fr.
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