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Femmes du Pacifique : « Nous ne travaillons pas pour rien », dit Isabelle Sachet

©CP/Radio1

Isabelle Sachet a présidé la 14e Conférence triennale des femmes du Pacifique, et la réunion des ministres de la zone qui a suivi. Elle revient pour Radio1 sur cet événement, et les suites qu’on peut en attendre au fenua.

Au lendemain de la conférence des ministres en charge de l’égalité hommes-femmes de 22 pays du Pacifique, qui elle-même faisait suite à la 14e Conférence triennale des femmes du Pacifique, Isabelle Sachet attend la mise en forme des conclusions : « Le document final, que nous allons recevoir la semaine prochaine, reprend les trois thèmes sur lesquels nous avons travaillé : l’autonomisation économique des femmes, les violences fondées sur le genre, la justice climatique. Nous avons retenu 45 propositions, c’est vraiment dense. »

Des ajouts à venir à la « feuille de route » du ministère

Les rencontres internationales de cette ampleur, qui plus est portant sur de vastes sujets de société, n’accouchent pas de grandes décisions qui font la Une des journaux, mais de recommandations et d’engagements de la part des pays participants. Isabelle Sachet explique comment ces conclusions vont percoler jusque dans la société polynésienne, via leur inclusion dans la feuille de route de son ministère, puis leur diffusion aux associations.

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On l’a vu au cours de la Conférence triennale, les femmes polynésiennes jouissent d’une autonomie économique et d’une protection juridique que beaucoup d’Océaniennes leur envient. Mais si les conditions matérielles de l’émancipation sont réunies, les mentalités progressent souvent plus lentement. Ancienne enseignante et directrice d’école, la ministre veut y remédier par ce qu’elle a baptisé « plan pour la paix », en proposant aux hommes et aux garçons comme aux femmes et aux filles des enseignements, au sein des associations, sur le respect de soi-même et de l’autre. « Je l’ai enseigné, dit Isabelle Sachet, et je sais que ça fonctionne ».

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Les associations, affirme Isabelle Sachet, sont les meilleurs vecteurs : « Dans les associations perdure un mode de vie communautaire polynésien, et elles sont très vivaces. Les femmes adhèrent, réussissent à y entraîner leurs conjoints, c’est tout bénéfice pour la famille et pour l’entourage. »

Une cohésion régionale renforcée

Au travers des retours d’expérience partagés par les pays membres de la Communauté du Pacifique, organisatrice de ces événements, ce sont la cohésion régionale et l’évolution des mentalités qui sont renforcées, dit Isabelle Sachet : « Moi, je reste persuadée que nous ne travaillons pas pour rien. Il y a un réel échange et la volonté est vibrante». Elle souligne le travail de préparation et de soutien des équipes de la Communauté du Pacifique à Nouméa et à Fidji. « C’est franchement satisfaisant de savoir que tous nos peuples se réunissent et se tiennent par la main pour faire avancer la situation de la femme, certes, mais aussi de l’homme. » La prochaine Conférence triennale des femmes du Pacifique se tiendra en 2024 à Pohnpei, capitale des États fédérés de Micronésie.

La justice climatique, nouvel axe du travail sur l’égalité hommes-femmes

Si l’indépendance économique et la prévention des violences sont des sujets classiques de la réflexion sur la place des femmes, la justice climatique est un concept récent. « Dans la plupart des pays du Pacifique Sud, lorsqu’il y a des bouleversements climatiques, on ne prend pas assez en compte les propositions des femmes et leur savoir-faire, aussi bien dans les services que dans les foyers et dans les quartiers, » résume Isabelle Sachet. Les femmes qui pourtant sont très actives dans l’agriculture et la pêche de subsistance, et dont les tâches sont encore plus compliquées par les aléas climatiques. Alors qu’il est prouvé, dit Isabelle Sachet, que « lorsque la femme a la possibilité ou l’autorisation d’élever le niveau économique de sa famille, automatiquement cela participe à l’élévation économique du pays. Donc on a tout à gagner à prendre en compte la parole de la femme. »