Coup d’envoi ce lundi matin de la 14e Conférence triennale des femmes du Pacifique, avec les premiers échanges entre 22 pays océaniens sur la condition féminine en Océanie.
Prévu en mai 2020, puis reporté en octobre et finalement organisé en distanciel, ce rendez-vous des femmes du Pacifique qui a lieu tous les trois ans est l’occasion de faire le point sur ce qui a déjà été fait en matière de droits des femmes, et sur ce qui reste à faire. L’objectif est de mettre à jour la feuille de route des pays du Pacifique sur l’avancée des droits des femmes. Environ 1 000 personnes se sont inscrites.
C’est à l’hôtel Le Tahiti de Arue que les participants polynésiens se sont retrouvés pour la cérémonie d’ouverture. Isabelle Sachet, ministre de la Famille, des affaires sociales, de la condition féminine, en charge de la lutte contre l’exclusion, était entourée du président Édouard Fritch, de la ministre de l’Éducation Christelle Lehartel et de la ministre du Tourisme et du Travail Nicole Bouteau. Les associations seront largement représentées durant ces travaux : on peut notamment citer l’Union des femmes francophone d’Océanie et leurs représentantes les plus connues, comme Irmine Tehei, Armelle Merceron, Yvette Temauri, Vahine Orama, ou encore l’Adie représentée par sa directrice Wendy Mou Kui.
Dans ses remarques d’ouverture retransmises, comme tous les échanges au cours de ces trois jours, sur grand écran, le directeur général de la Communauté du Pacifique, le Dr Stuart Michin, a encouragé les pays membres à « être innovants, penser en grand, et agir concrètement pour l’égalité. »
« On a avancé sur certains points, mais pas sur tout. »
« Je n’attends que du bon pour toutes les femmes, disait ce matin Isabelle Sachet. On a avancé sur certains points, mais pas sur tout. » La Polynésie, dit-elle, peut servir d’exemple dans certains domaines. « Chez nous, en Polynésie, le mouvement féminin est très fort (…) et je pense que dans les pays du Pacifique Sud il faut que les femmes se regroupent beaucoup plus ».
Autre sujet de fierté pour la Polynésie, l’accès des femmes à l’emploi : « En Polynésie française la femme a beaucoup plus de facilité qu’ailleurs à obtenir un emploi, souligne Isabelle Sachet. J’ai eu une discussion dernièrement avec certains chefs d’entreprise, qui eux ne font pas blocage par rapport au sexe. Que ce soit une femme ou un homme, ce sont vraiment les compétences qu’ils attendent. Je pense que dans d’autres pays cela n’est pas bien entendu par tous les hommes. »
Mais cela n’empêche pas la vigilance, dit-elle aussi. Dans les périodes où l’emploi se raréfie, comme dans la crise sanitaire que nous vivons, il est courant d’entendre que les femmes « prennent » les emplois aux hommes. « Il faut se garder de ça, oui, dit la ministre. J’avoue que ce type de pensée me dépasse complètement. »
Les travaux se sont poursuivis jusque tard dans l’après-midi, avec notamment les interventions des ministres en charge de Toet comme Véronique Mercadal, la directrice adjointe de la DSFE, les participants sont convaincus de l’utilité de cette réunion. « Les résolutions qui sont validées, après chaque triennale, par les ministres en charge, sont des résolutions sur lesquelles les pays s’engagent, et il y a des avancées certaines dans chaque pays. Donc oui, on en attend beaucoup, d’autant plus que dans les dernières triennales on s’était cantonné à l’autonomisation économique de la femme, alors que cette année nous avons trois thématiques, dont une qui n’a jamais été abordée et qui est très intéressante, ‘justice climatique et égalité des genres’ – on pourrait dire plus simplement ‘quelle est la place de la femme dans le développement durable ?’ ».
Véronique Mercadal, directrice adjointe des Solidarités, de la Famille et de l’Égalité : l’administration polynésienne exemplaire sur la parité, le privé beaucoup moins Véronique Mercadal s’est particulièrement intéressée au premier sujet de ces Triennales, l’autonomisation économique des femmes du Pacifique. « C’est vrai que la plupart des pays ont des conditions différentes des nôtres, dit-elle. Nous faisons encore figure de pays « précurseur », on a beaucoup avancé, il y a eu de grosses améliorations. Mais les autres pays avancent différemment, on va dire qu’ils sont peut-être partis de plus loin. Il y a de très belles initiatives privées qui justement redonnent sa place à la femme dans l’économie. » Elle observe que les discriminations commencent très tôt : « On s’aperçoit qu’en primaire les filles sont toujours les premières de la classe, et on peut s’interroger sur pourquoi en termes de diplômes et de poursuite d’études, on retrouve à peine 40% de femmes. » Ainsi, les femmes du Pacifique ont toujours du mal à accéder aux postes décisionnaires. En Polynésie, dit Véronique Mercadal, c’est surtout vrai dans le secteur privé. En revanche les femmes sont très présentes dans le secteur public, et selon le comptage de la DSFE, la parité est respectée parmi les chefs de service. |