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Festival Te Vevo : « La dernière nuit du monde », c’est pour bientôt ?


Et si l’homme n’avait presque plus besoin de dormir ? C’est la question qui est au centre de la pièce La dernière nuit du Monde, jouée de jeudi à dimanche au Petit Théâtre, et qui explore une société révolutionnée – pas seulement pour le meilleur – par une pilule qui réduit à 45 minutes le besoin de sommeil quotidien. Une réflexion d’actualité sur les rapports à nos besoins vitaux, et sur leur marchandisation, et qui sera accompagné, ce mercredi soir, par la projection du monument cinématographique Metropolis. Deux œuvres et beaucoup de matière à débat : c’est toute l’idée du festival Te Vevo.

Après nous avoir emmené en balade dans la Canopée et au cœur du Règne animal, le festival Te Vevo s’intéresse cette semaine à nos « besoins vitaux ». À l’affiche, de jeudi à dimanche au Petit théâtre, quatre représentations d’une pièce déjà acclamée en Belgique et en France, notamment au « in » d’Avignon, La dernière nuit du monde. Un monde dystopique dans lequel sont commercialisées des pilules qui permettent de couvrir tous ses besoins en sommeil en seulement 45 minutes. Un fantasme dans une société qui court après le temps, reste à savoir comment toutes ces heures d’apparente liberté supplémentaire seront utilisées… Et comment elle seront conquises par les règles du marché.

Cette pièce de science-fiction, dont l’histoire s’étale sur dix ans, offre un tableau clair-obscur des changements que cette révolution technologique et chimique pourrait engendrer, mais n’en oublie pas les « petites histoires » dans la grande. Celle d’un homme, chef d’orchestre de la commercialisation de cette pilule, perd la trace de sa compagne dans ce monde H24 « où la nuit a disparu ». « Il y a toute cette idée de profiler, d’enquête, d’histoire policière », explique Fabrice Murgia, metteur en scène et interprète, auprès de Nancy Nkusi, de cette pièce signée Laurent Gaudé.

L’artiste rappelle au passage que le futur évoqué dans cette Dernière nuit du monde n’est pas inimaginable, voire même pas si lointain. « Il y a des recherches concrètes qui ont été lancées pour repousser nos limites de productivité par le fait de ne pas dormir, et ce pour des applications militaires, commerciales, et petit à petit, ce sera pour la société civile, reprend-il. La tentative de mettre fin à la nuit ou en tout cas de mettre fin au sommeil, c’est quelque chose d’absolument réaliste, qui nous guette, qui va arriver ».

Ville-monde et femme-robot

Pour accompagner cette science-fiction théâtrale, les organisateurs du festival Te Vevo ont choisi un monument du cinéma : Metropolis, de Fritz Lang qui sera diffusé mercredi soir toujours au Petit théâtre. Un film de 1927, muet et en noir et blanc, mais qui reste terriblement d’actualité pour Fabrice Murgia, qui a découvert avec plaisir cette programmation de Guillaume Gay. « Il ne faut absolument pas avoir peur de l’époque, d’abord parce que c’est de l’expressionnisme donc c’est très beau, on est devant un tableau vivant une bande dessinée, ou un roman graphique en noir et blanc. C’est aussi extrêmement rythmé et contemporain, explique le metteur en scène. Le film a fait un four à sa sortie en 1927 mais c’est dans la deuxième moitié du vingtième siècle où on s’est dit ‘tiens mais en fait ce sont des prévisions commence à être quand même réaliste’, avec l’arrivée des machines qui remplacent le travail ».

Le débarquement récent de l’intelligence artificielle dans notre quotidien met encore plus Metropolis au goût du jour. Fritz Lang – et  Thea von Harbou, auteure du roman éponyme – avait choisi 2026 pour situer sa ville- à l’architecture impressionnante, et à l’organisation tyrannique. Pendant que la classe haute se vautre dans le divertissement et l’oisiveté, la grande masse des habitants travaille sous le joug des machines et survit dans les profondeurs de la cité. Là encore, des histoires plus intimes – le fils du maître de la ville découvre l’amour dans les bas fond, un savant invente une femme-robot qui doit détourner les opprimés de leur révolte… – se mêlent à la fresque. Et là encore, l’œuvre invite à la réflexion,  sur la tension qu’induit la technologie sur notre humanité, en même temps sur les relations au travail et les inégalités.

Comme toujours dans le cadre de Te Vevo, ces fictions donneront lieu à des discussions, avec sur scène plusieurs invités polynésiens pour ouvrir le débat sur le thème « Le Capitalisme à l’assaut de nos besoins vitaux ». Les places pour Métropolis (mercredi 6 mars 18h30) et pour La dernière nuit du monde (jeudi 7, vendredi 8 et samedi 9 mars 19h30 et dimanche 10 mars à 17 heures) sont à retrouver sur ticket-pacific.pf, dans les magasins Carrefour et à l’accueil de Radio1 et Tiare Fm à Fare Ute.

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