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Fête de l’Orange : les précieux agrumes de plus en plus rares

© Lucie Rabréaud

Punaauia a lancé ce vendredi, et jusqu’à dimanche, ses festivités annuelles autour du fruit symbolique de la commune. Alors que les porteurs commencent à descendre des plateaux de la Punaruu, la situation des vergers, elle, n’a rien de réjouissante. L’association pour la protection de la vallée constate cette saison encore une diminution de la production des orangers. Les campagnes de lutte contre les espèces envahissantes ne seraient pas suffisamment suivies par les porteurs, qui se mobilisent surtout pour la cueillette.

La cueillette est ouverte. Depuis jeudi matin, un peu plus d’une centaine de « porteurs », membres de l’Association pour la Protection de la Vallée de la Punaruu, arpentent les plateaux de Tamanu. Leur objectif : ramener les précieux agrumes au pied de la vallée et défiler avec lors de la fête de l’Orange qui a démarré ce vendredi matin et qui durera toute le week-end à Punaauia. Certains sont redescendus hier, d’autres continuent ce vendredi, mais pour tous la récolte ne sera « pas fameuse » cette année. Un constat qui n’est pas nouveau puisque chaque année, la production des orangers diminue un peu plus, notamment sur les principaux plateaux. « Les arbres de Te Rata, Hoaa et Maretia ont encore moins donné que l’année dernière alors qu’il n’y en avait déjà pas beaucoup », regrette Arikinui Nordhoff, secrétaire de l’association.

Un « manque d’implication des porteurs d’oranges »

La faute aux Tulipiers du Gabon, aux Miconia et autres espèces envahissantes qui prolifèrent dans la vallée malgré les campagnes de nettoyage régulières. « La difficulté aujourd’hui c’est qu’on est très peu à réagir. Parmi les porteurs d’oranges, sur 200, seulement dix ou vingt sont actifs pour lutter contre ces pestes, explique encore le responsable. Le problème est là. Si ça continue comme ça, dans dix, quinze, vingt ans, ce qu’on fait aujourd’hui n’aura servi à rien parce que la surface à traiter est tellement grande qu’à dix, on ne peut pas s’en sortir. On note un manque d’implication des porteurs d’oranges, qui sont présents pour la cueillette mais qu’on ne voit pas le reste de l’année ».

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Quota d’interventions et limites du bénévolat

Pour pallier ce manque d’investissement de certains porteurs qui profitent seulement des fruits en saison, l’association envisage d’activer « plusieurs leviers » dans les prochaines années. « Il faudrait peut-être qu’on impose un certain nombre d’interventions bénévoles annuelles par adhérent. On a encore aujourd’hui la possibilité de réfléchir à la situation, mais c’est maintenant qu’il faut agir », insiste Arikinui Nordhoff. « Ce n’est pas dans dix ans qu’il faudra dire ‘j’aurais dû venir, j’aurais dû aider’. »

L’association pense également à des interventions rémunérées faites par des salariés ou des prestataires. Car l’heure tourne et les espèces envahissantes continuent de s’étendre et de grandir. « Aujourd’hui, on n’est plus dans le simple arrachage de Miconia. Ceux qu’on a là-haut font 30-40m de haut », précise encore le secrétaire. Depuis 2019, 26 bûcherons ont été formés grâce au soutien financier de la commune de Punaauia. « Il faut maintenant arriver à mobiliser tous ces gens-là. Bénévolement, ça fonctionne mais on arrive aujourd’hui aux limites du bénévolat. »

Le projet de pépinière lancé en 2019 est terminé à 80%.

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La pépinière opérationnelle à 80%

En parallèle, le projet de pépinière engagé en 2019 par l’association est sur le point de se terminer. Il avait pris du retard pour diverses raisons malgré l’obtention, en 2022, de financements au niveau européen dans le cadre du projet Protege. « On peut dire qu’elle est opérationnelle à 80%. Il y a encore quelques petits détails à finaliser, mais cela se fera dans les deux prochains mois », assure enfin Arikinui. Au total, 600 plants ont été mis en pot. Il faudra attendre au moins huit ans avant de pouvoir les mettre en terre.