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Conflits à l’aéroport : enfin la fin


Les grévistes d’ADT et des sociétés de sûreté ont signé des protocoles d’accord avec leur direction respective, à moins d’une heure d’écart ce lundi soir. « Pas un hasard », puisque les mouvements étaient liés, comme d’ailleurs les différents préavis de grève avortés lancés ces dernières semaines autour de Tahiti – Faa’a. Les syndicats font le compte, plus ou moins clairs, des acquis et des concessions de ces mouvements de près d’un mois. Et l’aéroport va pouvoir reprendre une activité sans perturbation à partir de ce mardi.

Pneus, palettes, tonnelles, tables et chaises, cafetière et ustensiles de cuisine, sans oublier les pancartes et caricatures… Aussi méthodiquement qu’il les avaient montés fin juillet, les militants ont débarrassé les piquets devant le terminal de Tahiti Faa’a, ce lundi soir, mettant fin à près d’un mois de mouvements sociaux autour de l’aéroport international.

Ce sont d’abord les grévistes d’ADT rattachés a l’intersyndicale CSIP, CSTP-FO, Otahi et o oe to oe rima, qui ont commencé à lever leur camp, peu après 19 heures. Si un protocole a pu être signé 29 jours après le début du mouvement, c’est que les travaux se sont « accélérés » ces derniers jours. D’après Cyril Le Gayic, de la CSIP, le passage en réunion, jeudi de Moetai Brotherson, en tant que président du conseil d’administration de la société et représentant du Pays-actionnaire, n’y est pas pour rien :

Il aura tout de même fallu, d’après les syndicats, « taper du poing sur la table » pour mettre fin aux longs allers-retours de versions du protocole et « travailler en même temps avec la direction sur la rédaction ». Sur le fond, l’accord aborde, comme prévu, les grilles salariales, le statut des pompiers de Bora, Rangi et Raiatea, le programme de formations, ou encore les conditions de travail dans les locaux souvent vétustes de Tahiti-Faa’a, avec des calendriers de travaux qui courent jusqu’en 2026.

Réorganisation chez ADT

Quant aux rapports difficiles avec la DRH, nœud du conflit ces dernières semaines, la direction a tenu sa ligne – « on parle d’organisation mais pas de personnes » – et les syndicats la leur – « il faut du changement ». Un prestataire extérieur devrait accompagner d’ici l’année prochaine la mise en place d’un nouvel organe dédié à « l’organisation technique », et qui devrait décharger la DRH d’une partie de ses attributions.

Syndicats et direction sont enfin au diapason pour garder une certaine discrétion sur les dispositions techniques et financières de ce protocole, et particulièrement la prise en charge des jours de grève, qui n’a pas été acceptée dans sa globalité, mais qui a bien fait l’objet d’un accord partiel.

La grève, dans ses conséquences sur l’activité, ou sur les nouveaux acquis concédés, va-t-elle peser sur les finances d’ADT ? Gwenvael Ronsin-Hardy préfère ne pas s’étendre sur ce sujet non plus et veut plutôt retenir que l’exploitation de l’aéroport « a toujours pu être maintenue », excepté les annulations de vols vers les îles pendant les deux premiers jours du mouvement. « Économiquement, il n’y a pas vraiment de sujet, explique le directeur d’ADT. Après, sur ce qu’on a établi dans le protocole, c’est plus un plan d’action constructif et partagé ».

Des acquis et des compromis 

Deuxième salve d’applaudissements de l’autre côté du double piquet aux alentours de 20 heures. Cette fois, ce sont les représentants des agents de sûreté qui ont signé avec les directions de South Pacific Sécurité et Tahiti Sûreté. La fin de 21 jours de grève et d’un conflit dont les deux parties estiment, comme à ADT, « qu’il aurait pu être beaucoup plus court ». A tia i mua, moteur dans ce mouvement mené aux côtés de la CSTP – FO, se montre un peu plus précises sur les acquis des négociations qui ont été « débloquée » par la participation du délégué interministériel au dialogue social Pierre Frébault. Prime de blanchisserie et prime de performance individuel, dont le « cadre est posé », mise en place d’une mutuelle, là encore à venir, ouverture de discussions jusqu’à mars sur une grille salariale qui doit « ouvrir la possibilité pour ces agents d’évoluer »… Et 13e mois, au centre des discussions depuis l’année dernière dans les deux sociétés.

Sur ce point, les directions, qui ont refusé en bloc le paiement des jours de grève, n’ont pas abandonné leurs demandes. Les salariés ont bien consenti, en échange de l’inscription de cette prime dans la convention collective, de revenir sur leurs avantages en termes de jours de carence, et d’accepter un nouveau calcul de l’ancienneté. Mais pour Avaiki Teuiau, la secrétaire générale de A tia i mua, un conflit social implique aussi « de faire des sacrifices » :

Finir le même soir, « c’est pas un hasard »

La syndicaliste, comme Patrick Galenon quelques minutes plus tard prendra le temps devant les militants d’éclaircir un point qui avait interrogé dimanche. Un deuxième préavis de grève avait été déposé par plusieurs syndicats – CSIP, Otahi, O oe to oe rima – dans les deux sociétés, sans qu’aucun des salariés n’ait été tenu au courant, et alors que la résolution du conflit était proche. « C’était une façon pour eux d’essayer de nous aider, assure le chef de file de la CSTP-FO. Ça a fait pression sur les patrons, et c’est un peu pour ça qu’on est sorti de ces négociations le même soir. C’est pas un hasard, vous le comprenez bien ». Car Patrick Galenon assume désormais la connexion entre tous les conflits et préavis déposés ces dernières semaines – notamment dans les compagnies aériennes :

Ces mouvements auront été, d’après lui, l’occasion de dénoncer la situation toujours incertaine de la concession de l’aéroport, qui aboutit à des sous-investissements sur la plateforme et donc à des dégradations de conditions de travail pour les salariés ou les prestataires. « J’espère que les autorités locales et surtout celles de l’Etat vont faire en sorte qu’on sort rapidement de cette situation », appuie-t-il.

Y a-t-il d’autres entreprises ou établissements publics où un conflit pourrait être déclenché en cette rentrée très chaude sur le plan social ? Personne ne souhaite s’avancer. Cyril Le Gayic, lui se veut rassurant : « Je pense que vu comment ça a bougé en juillet, beaucoup d’entreprises ont invité leurs représentants à discuter ».
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Jt Vert 20/08/2024

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