Sans surprise, la matinée de mobilisation de ce samedi a attiré moins de militants que les journées de grève en semaine contre la réforme nationale des retraite. Mais pour les organisations syndicales, l’essentiel est de faire vivre le mouvement et de « maintenir la pression », à la fois sur les parlementaires et les élus locaux.
D’après les autorités ils étaient un peu plus de 200 à s’être installés avant 10 heures le long de l’avenue Pouvanaa a Oopa pour une quatrième journée de mobilisation contre la réforme nationale des retraites. Bien moins que lors des deux premiers appels à la grève, les 19 et 31 janvier. Les centrales nationales avaient fait le choix de cibler cette fois un samedi pour leur rassemblement. Et donc de profiter du weekend pour tenter d’attirer les salariés du privé, souvent moins susceptibles d’arrêter le travail que le secteur public. Pari réussi en métropole : près d’un million de personnes, d’après le ministère de l’Intérieur, ont manifesté ce samedi dans tout l’Hexagone (2,5 millions selon la CGT).
Mais au fenua, seul le secteur public, justement, et qui plus est la fonction publique d’État, est concerné par cette réforme préparée par Paris, le Pays restant compétent pour fixer l’âge et les règles de départ à la retraite pour les salariés locaux et les fonctionnaires territoriaux. « On ne s’attendait donc pas à une grosse mobilisation » note un responsable. Et même si tous insistent depuis près d’un mois sur le caractère fondamental de cette lutte contre le report de l’âge de départ à la retraite, les absents sont largement excusés. « On a tous des familles, et un weekend ça passe vite », explique Maheanuu Routhier, du Snetaa-FO.
Retraite à 64 ans : « La Polynésie ne pourra pas rester une exception »
Plusieurs représentants de centrales locales, de Patrick Galenon de la CSTP-FO à Atonia Teriihoania de O oe to oe rima sont toutefois là en preuve de solidarité. « Nous sensibilisons fortement les collègues du privé, parce que ce qui se passe en métropole, un jour arrivera en Polynésie, prévient Thierry Barrère de l’UNSA éducation. Aujourd’hui on est en période pré-électorale, le sujet n’est donc pas d’actualité, mais si on passe à 64 ans au niveau national, la Polynésie ne pourra pas rester une exception dans la République ».
Contingent le plus visible ce samedi matin : celui de l’UNSA, syndicat qui avait rassemblé, lors des mouvements du 19 et du 31 janvier, l’essentiel des grévistes, issus de l’enseignement. La FSU, Solidaires, la CFDT, la CGT et bien sûr FO et ses différentes entités étaient aussi représentés, chacun avec leurs stands, leurs banderoles et leurs slogans. Chacun dans leur coin aussi : les tensions au sein de l’Intersyndicale locale nées lors des dernières mobilisation, et particulièrement visibles lors du « sit-in » de mardi dernier ne sont pas oubliées. Mais tout le long de l’avenue Pouvanaa, le discours reste le même : faire vivre le mouvement. « On ne battra pas en retraite » insiste un chef de file chez FO. « Il faut maintenir la pression », ajoute un militant du FSU.
La pression sur les parlementaires, qui doivent débattre de la réforme dans les semaines à venir. La pression aussi sur les élus locaux, à qui l’Intersyndicale des fonctionnaires d’État demande un soutien sans faille. L’idée d’un « vœu » de l’assemblée de Polynésie en faveur d’une compensation de la disparition de l’ITR a notamment été évoquée, et « favorablement accueillie » du côté de la présidence du Pays. Un autre mouvement de grève nationale est annoncé pour le 16 février. La position des syndicats locaux n’est pas encore confirmée, certains parlant de « s’avancer » sur la métropole en manifestant le mercredi 15. Mais les militants de tout bord l’assurent : la mobilisation se poursuivra.