La commission européenne a validé, il y a quelques jours, les enveloppes affectées à chaque pays et territoire d’outre-mer dans le cadre de la coopération UE-PTOM. En Polynésie, ces fonds qui prennent la place du FED serviront à faire avancer les projets d’assainissement et la politique de l’eau. Une autre enveloppe, régionale cette fois, est consacrée à l’économie bleue, verte, et à l’autonomie alimentaire.
En 1959, le premier Fonds européen de développement avait permis de boucler le budget de construction de l’hôpital de Mamao et du quai des goélettes à Papeete. En six décennies, des dizaines d’autres projets avaient pu profiter des FED successifs : mise en valeur de la vallée de la Papenoo, tronçons de route ou nouvelles classes d’écoles, éradication des nono ou recherche sur la vanille ou la perle. Le 11e FED, tourné, pour sa partie territoriale, vers le développement du tourisme en Polynésie, avait été signé pour la période 2014 – 2020. Ce sera le dernier. C’est un nouvel instrument financier qui a pris sa place cette année. Simplement désigné comme une « décision relative à l’association outre-mer », le dispositif est désormais intégré dans le budget européen, et plutôt que l’ensemble des pays en développement, il se concentre sur les pays et territoires d’outre-mer associés à un état membre. Au total, 500 millions d’euros, soit 60 milliards de Fcfp, qui leur seront attribués d’ici à 2027.
45% des fonds pour le Groenland
Reste à répartir : c’est ce qu’a fait la Commission européenne le 15 décembre, comme le rappelle Outremers360°, en validant les « programmes indicatifs pluriannuels » de chaque PTOM. Ils ne sont plus que 13 depuis le Brexit : les trois collectivités françaises du Pacifique, dont la Polynésie, de même que Saint-Barth, Saint-Pierre-et-Miquelon ou les terres australes et antarctiques française (Taaf). Les DOM, comme la Réunion, la Guyane ou la Guadeloupe ne sont pas concernés, puisqu’en tant que contributeurs au budget de la France et, par la même, de l’UE, et considérés comme partie intégrante de l’espace européen. En revanche, on trouve parmi ces PTOM, des territoires néerlandais des Antilles comme Aruba, Bonaire, Saba, Saint Marteen ou Saint Eustache, et un territoire rattaché au royaume du Danemark, le Groenland. C’est ce dernier qui se taille la part du lion dans ce nouveau fonds : 225 millions d’euros. La Polynésie, même si elle espérait obtenir plus, est le deuxième bénéficiaire avec 31,1 millions d’euros, soit 3,7 milliards de francs. Une somme en légère progression (+3% environ) par rapport au 11e FED, et qui doit être utilisée dans le cadre de la « politique sectorielle de l’eau » telle qu’elle a été votée par l’assemblée de Polynésie en juin dernier.
Détail des projets en 2022
Assainissement, accès à l’eau potable, gouvernance… Il s’agit de mieux gérer la ressource, face à l’augmentation de la population et bien sûr face aux changements climatiques. Ce n’est pas la première fois que les fonds européens sont dirigés vers ce secteur : dès la fin des années 80, l’Europe a participé à plusieurs projets hydrauliques ou d’assainissement, à Tahiti ou Bora Bora. 6,5 milliards de francs, au total, entre le 6e au 10e Fed, mais le défi de la gestion de l’eau est toujours de taille et les projets toujours plus coûteux. Ainsi quand Papeete, déjà grand bénéficiaire des fonds européens pour son réseau d’eaux uséex, s’allie à Arue et Pirae pour agrandir le réseau, c’est vers l’UE que les regards des tavana sont tournés.
Les fonds ne sont pourtant pas encore débloqués : ce n’est que l’année prochaine que doit commencer le travail de « formulation » des projets. Une assistance technique doit d’ailleurs être envoyée d’Europe pour aider le Pays à élaborer un programme d’action clair et daté, avec en perspective, la signature d’une convention de financement avec le président Édouard Fritch en janvier 2023.
4,3 milliards pour des systèmes alimentaires « bleus et verts »
Autre enveloppe de ce nouvel instrument financier dont pourra profiter la Polynésie : les fonds régionaux. 36 millions d’euros, soit 4,3 milliards de francs, sont affectés à des projets de coopération entre les PTOM du Pacifique. Tous des territoires français depuis le Brexit et le départ de Pitcairn. Cette enveloppe régionale existait déjà du temps du FED : elle avait notamment permis de mener le projet Integre, puis le projet Protege, centré sur l’adaptation et la résilience aux changements climatiques. Le développement durable reste en ligne de mire sur la période 2021-2027 mais pas de la même façon. La Nouvelle-Calédonie, la Polynésie et Wallis-et-Futuna ont voulu orienter les fonds vers la « diversification agricole, piscicole et aquacole, à la résilience, à l’autonomie alimentaire et à la santé ». Il s’agirait notamment de « promouvoir des activités qui contribuent au verdissement/bleuissement des systèmes alimentaires ». Là encore, l’utilisation concrète des fonds doit être détaillée dans le courant de l’année grâce à une assistance technique de l’UE. Des coopérations avec des états indépendants du Pacifique sont aussi envisagées dans ces thématiques. |