la Fifa n’a accordé qu’une seule qualification directe à l’Océanie pour la Coupe du monde féminine de football de 2023. Une déception pour les Tahitiennes, qui devront miser sur les barrages pour espérer rejoindre la Nouvelle-Zélande dans la compétition.
Depuis 2016 la Fédération tahitienne de football (FTF) a lancé les grands travaux pour redévelopper le football féminin en Polynésie. Organisation de championnats jeunes et seniors à Tahiti et Moorea, renaissance des Vahine Ura – la sélection du pays -, nouvelles équipes, et surtout nouvelles joueuses… Le nombre de footballeuses a doublé au fenua en quatre ans, et elles représentent désormais 21% des licenciés. Le travail « de structuration et de sélection continue » explique Stéphanie Spielmann, cadre technique à la FTF chargée de dynamiser le foot féminin. Mais l’idée est aussi de faire briller les Tahitiennes à l’international.
Seule solution : les barrages
En 2018, les Vahine Ura avaient déjà tenté leur chance à l’OFC Nations Cup, compétition qualificative pour la Coupe du monde féminine. Sans succès, mais le travail ne faisait alors que commencer. La Coupe du monde de 2023, organisée dans le Pacifique par l’Australie et la Nouvelle-Zélande, fait depuis longtemps figure de cap pour la sélection. Depuis plusieurs mois, les regards étaient tournés vers la Fifa, qui, avec l’augmentation du nombre d’équipes alignées au mondial (32 au lieu de 24), avait l’occasion d’ouvrir un peu plus grand la porte à l’Océanie. À la veille de Noël, pourtant, la fédération internationale a annoncé que la région ne garderait qu’une seule place en accès direct pour les phases finales. L’Europe en compte 11, l’Asie 6, l’Afrique 4 et les confédérations américaines en rassemblent au total 7… L’OFC est la seule fédération à ne pas avoir reçu de place supplémentaire. Pour la coach de la sélection tahitienne, la surprise n’est pas complète, mais il s’agit bien d’une déception.
La frustration est d’autant plus grande que la seule place de qualification directe de l’Océanie va être attribuée à la Nouvelle-Zélande, pays organisateur. Les Kiwies, qui pointent à la 22e place dans le classement Fifa dominent quoiqu’il arrive la région. Tahiti, 93e au même classement, devra donc compter sur la « demi-place » offerte en plus à l’Océanie. Si elle veut décrocher son billet pour le mondial, il faudra donc arriver en finale de l’OFC Cup et survivre à deux matchs de barrages internationaux. Mission difficile, donc. « Il faut être réaliste, on est encore très jeune, on manque de structuration dans les clubs et on manque d’effectif pour vraiment prétendre aux premières places en Océanie », explique Stéphanie Spielmann.
« Il y a une opportunité »
Réaliste, mais pas défaitiste : « Notre discours aux joueuses, c’est qu’il y a une opportunité, explique l’entraineuse. Le football c’est aussi des histoires de tirage au sort, de générations de joueuses ». Et les Vahine Ura peuvent compter sur une génération très prometteuse. Parmi les jeunes joueuses des championnats locaux, mais aussi parmi les joueuses éligibles qui évoluent dans les clubs extérieurs : en métropole pour six d’entre elles, mais aussi en Allemagne ou aux États-Unis.
Les qualifications pour le mondial sont pour l’instant programmées pour début 2022, même si le calendrier est trop mouvant en ces temps de crise sanitaire. Pour avancer dans ce rêve de Coupe du monde, les Tahitiennes espèrent avoir le soutien des autorités. Car pour connaitre ses marges de progression, gagner en expérience, il faut jouer contre des équipes extérieures, et donc financer des déplacements. Des financements encore difficiles à obtenir, note Stéphanie Spielmann. Des « discussions » sont à prévoir avec les institutions, donc. La Fédération tahitienne de football, elle, soutient les ambitions des footballeuses.