AFPINTERNATIONALSOCIÉTÉ Frais de taxi: Agnès Saal condamnée à trois mois avec sursis et 3000 euros d’amende AFP 2016-04-15 15 Avr 2016 AFP Paris (AFP) – « On ne badine pas avec les deniers publics ! » Après une première condamnation à Créteil lundi, l’ancienne patronne de l’Institut national de l’audiovisuel (INA) et du centre Pompidou Agnès Saal a été condamnée vendredi à Paris à trois mois de prison avec sursis et 3.000 euros d’amende. Lundi, elle avait été condamnée à Créteil à 150 jours amende à 30 euros, soit 4.500 euros. En cas de non paiement, les jours amende deviennent des jours de détention. A Créteil comme à Paris, elle a comparu dans le cadre d’une procédure de « plaider coupable ». Vendredi matin, l’énarque a d’abord sagement attendu mains jointes, doigts croisés, que comparaisse avant elle un jeune homme, poursuivi pour escroquerie: il a tenté de revendre sur « le bon coin » un iPhone de contrefaçon. Attendre aussi que le matériel du greffier veuille bien imprimer le formulaire à faire signer au condamné. Vient son tour. Agnès Saal, blouson en cuir bleu, décline son identité. Elle est poursuivie pour « détournement de fonds publics par personne chargée d’une mission de service public », une qualification « assez violente » dit-elle. En l’occurrence 23.851,10 euros de frais indus de taxi, quand elle était directrice générale du centre Georges Pompidou, entre 2012 et 2014. Peu ou prou le même montant qu’à l’INA, et remboursé ou en cours de remboursement. « Ce n’est pas une somme anodine quand même », souligne le président, « vous aviez déjà une voiture avec chauffeur ». Le magistrat évoque les contribuables, serrés dans les transports en commun, qui ont « du mal à comprendre » que les impôts qu’ils ont parfois du mal à payer « soient utilisés pour ce genre de choses »: « votre fils de 17 ans, il peut prendre les transports en commun, comme tout le monde ? » – « J’accepte la peine M. le président » – Face à sa « charge de travail très importante » et ses horaires extensibles, elle avait refusé un second chauffeur, tout comme une voiture de fonction, qu’elle n’aurait pu conduire faute de permis. Pendant « 30 années de service public, je crois en mon âme et conscience avoir bien géré les deniers publics », dit-elle, concédant que cette affaire renvoie une tout autre image. Elle regrette de ne pas avoir eu suffisamment conscience des choses, qu’il n’y ait « pas eu de procédure d’alerte ». Par décret du président de la République, Agnès Saal a fait l’objet d’une sanction disciplinaire: deux ans d’exclusion, dont six mois ferme, sans solde, qui arrivent à terme en juillet. Quant à la sanction pénale proposée, « j’accepte la peine M. le président », acquiesce-t-elle à la barre. A ceux qui verraient cette procédure de « plaider coupable » comme « un arrangement en catimini », le procureur rétorque: « c’est totalement faux ! » L’audience est bien publique. Le magistrat du parquet tient à éclaircir ce qui selon lui doit l’être: « la procédure est adaptée et préférable » parce qu’elle est rapide pour la victime et pour la prévenue. « Mais il ne faut pas » que l' »exemplarité vire à la violence », a poursuivi le magistrat, « la peine doit être juste, pas forcément brutale ». Il souligne la « rupture » entre le personnage qui apparaît dans cette affaire et l’Agnès Saal décrite par beaucoup comme une « gestionnaire extrêmement exigeante ». Le parquetier y va de son petit mot sur le manque de moyens de la justice et de la police, comme en témoigne le caprice, en début d’audience, du matériel fatigué dont dispose le greffier. « Vous éviterez de faire d’Agnès Saal un bouc émissaire », poursuit le magistrat du parquet, tout en lançant un « avertissement très clair »: « on ne badine pas avec les deniers publics ! » Pour la défense d’Agnès Saal, Me Eric Morain regrette que les deux procédures pénales, à Créteil et Paris, n’aient pas été jointes, il trouve que l’on a taillé à sa cliente « un costume un peu trop grand », souligne qu’elle va régler l’amende sur le champ. Le président conclut « je vais homologuer la proposition de peine ». Cette fois, pas de caprice de la technique, l’imprimante sort les formulaires, Agnès Saal peut signer et s’en aller. © AFP/Archives LIONEL BONAVENTUREAgnès Saal au tribunal de Créteil le 11 avril 2016 Cliquez pour partager sur Facebook(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur Twitter(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur LinkedIn(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquer pour imprimer(ouvre dans une nouvelle fenêtre)