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Fritch prêt à s’effacer pour un héritier rouge-orange

Édouard Fritch était l’Invité de la rédaction de Radio1 ce mardi, veille du bilan des 100 jours du gouvernement, bilan « un peu court » selon lui. De la visite de Gérald Darmanin, il retient l’assurance du soutien continu de l’État. Et il constate « une vraie division » du Tavini, alors qu’avec Gaston Flosse, il espère créer un grand parti autonomiste, auquel il faudra trouver un chef : « Il faut qu’on s’efface, c’est fini, je crois qu’on a fait chacun notre temps.»

Sans surprise, le président du Tapura Huiraatira n’est pas convaincu par les trois premiers mois de la nouvelle gouvernance. « À priori, pour moi, cela semble un peu court, 100 jours, parce qu’on n’a pas vu grand-chose, en fin de compte, à part peut- être effectivement la décision qui a été prise sur la CPS.  Et puis, sur le reste, beaucoup d’hésitations, surtout beaucoup d’hésitations.  Mais (au moment de l’adoption du collectif budgétaire, ndr) on n’a pas vu les orientations, on n’a pas vu le cap, on n’a pas vu les objectifs. »

Même s’il pense que « certains ministères sont un peu plus faibles que d’autres », Édouard Fritch est prêt à leur laisser le temps du rodage : « Ils viennent d’arriver ». Mais il se dit « inquiet » de la continuité du service public alors que selon lui, 20% des cadres de l’administration et des établissements publics ont été « virés, échangés, remplacés par d’autres ». Il constate que le recrutement de cadres dans l’administration reste un exercice difficile, même pour le nouveau gouvernement.  « Si on se sépare de techniciens qui sont rodés à la machine administrative, on a des problèmes. Et on l’a vu aussi lors de l’examen du collectif budgétaire où certains découvraient en séance pour qu’on leur a enlevé des crédits sans qu’ils s’en soient rendus compte ni aient été consultés. »

Édouard Fritch se dit toutefois « rassuré par le comportement de l’État » : « C’est bien que l’État continue à affirmer sa présence et surtout affirmer sa volonté de nous accompagner, car ce pays connaît d’énormes difficultés ». Le président du Tapura, qui considère Gérald Darmanin comme « un ami », estime que les autonomistes peuvent désormais être rassurés sur le soutien continu de l’État à la Polynésie. La suite, dit-il, va dépendre « de la capacité du Pays à pouvoir présenter des dossiers. »

Et il s’interroge : pourquoi demander de l’aide sur les monopoles économiques alors que la Polynésie, dont c’est la compétence, dispose d’une autorité indépendante de la concurrence ? C’est là que Moetai Brotherson et Oscar Temaru divergent, dit-il.

« Une vraie division » au sein du Tavini

Une vraie division du Tavini, dit Édouard Fritch, qui n’a fait que se confirmer lors du déplacement au Marquises et avec l’annonce d’une conférence Tavini-consulat de Chine : « On ne peut pas faire pire que ce qu’a fait Oscar Temaru vis-à-vis d’un président qui était en déplacement avec un ministre. »

Sur l’éventuelle présence de la France à l’ONU sur le dossier polynésien, Édouard Fritch – qui y est allé seul pendant 8 ans – « serait heureux » qu’elle devienne une réalité. Sur la latitude promise au gouvernement actuel en matière de diplomatie régionale, que lui-même réclamait depuis des années, là aussi Édouard Fritch souhaite qu’elle se matérialise, « ne serait-ce que pour remplir cette coquille qu’est l’axe indo-pacifique ».

Et pour remplir un peu plus cette coquille, dit-il comme il l’a fait remarquer à la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castera, pourquoi pas aider au financement des Jeux du Pacifique de 2027, où seront accueillis des pays dont les installations sportives ont toutes été financées… par la Chine. Comme quoi le chiffon rouge du drapeau de la RPC est utile à tout le monde.

Plateforme autonomiste : « Il faut qu’on s’efface, c’est fini, je crois qu’on a fait chacun notre temps »

La plateforme Tapura-Amuitahiraa construite à la onzième heure avant le 2e tour des territoriales tient le coup, et est en cours de consolidation, affirme Édouard Fritch qui admet que pour l’instant il s’est surtout agi de discussions entre Gaston Flosse et lui. Mais « l’idée fait son chemin », et il veut qu’elle aboutisse. Et ce ne sera ni Fritch ni Flosse : il leur faut « accompagner une nouvelle vague (…) Il faut qu’on s’efface, c’est fini, je crois qu’on a fait chacun notre temps »

Un « nouveau parti » qui pourrait accueillir les brebis égarées : « la porte est ouverte », malgré les violentes attaques des campagnes électorales, qui apparaissent aujourd’hui comme des « broutilles sur lesquelles il faut passer rapidement », assure Édouard Fritch. Il s’apprête à faire le tour des fédérations Tapura, pour les « préparer à l’acceptation du pardon et ouvrir à ces jeunes qui ont envie de s’investir en politique. »

Lors de sa rencontre avec Gérald Darmanin, il a été question des élections européennes de 2024, qui pourrait être l’occasion d’un galop d’essai du futur leader autonomiste : il compte sur l’appui du ministre, qui a pris la tête de Renaissance en janvier dernier, pour qu’un autonomiste polynésien « soit assez bien placé sur cette liste ». « Ce sera quelqu’un qui aura des compétences, et un petit peu d’expérience parce que le Parlement européen, ce n’est pas facile et il faut se battre. »

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