Deux jours après la suspension du trafic touristique par Paris, le Haut-commissariat a fait le point sur les principaux dispositifs d’aide aux entreprises. Fonds national de solidarité, prêts garantis par l’État… Des « boucliers » qui vont être renforcés pour aider les structures les plus touchées, notamment dans le tourisme, à « passer le cap de la crise ».
9,4 milliards de francs. C’est le total des aides directes aux entreprises versées par l’État, à la mi-janvier, au titre de soutien de l’État aux entreprises polynésiennes. L’essentiel de la somme provient du Fonds de solidarité (FSE, 7,8 milliards), et auquel s’ajoute 52 milliards de prêts garantis (PGE) à la même date et près de 60 milliards de refinancement des banques sur un an. Si le haut-commissaire Dominique Sorain, entouré de son directeur des finances publiques et du directeur de l’IEOM Fabrice Dufresne, a tenu à faire ce point, c’est que les entreprises attendent beaucoup de l’État dans les prochains mois. Le rétablissement des motifs impérieux de voyage, annoncé depuis Paris par Jean Castex, et complété localement par une quatorzaine, est un nouveau coup dur pour le tourisme polynésien et plus globalement toute l’économie du Pays. Pas question d’assumer seul ces choix : vu contexte épidémique national et international, « le flux touristique se serait quoiqu’il arrive arrêté », pointe Dominique Sorain qui insiste sur le « travail en commun » avec le Pays.
Pour autant le représentant de l’État ne nie pas la gravité des « difficultés » à venir. « Il faut aider les entreprises à passer ce nouveau cap », appuie le haut-commissaire. Raison pour laquelle le Fonds de solidarité va « monter en puissance ». Grâce à une ouverture à de nouveaux secteurs (pêche, commerce de gros, brasserie…) mais aussi grâce à un nouveau relèvement des plafonds d’aide : jusqu’à 1,2 millions pour les entreprises perdant au moins 50% du chiffre d’affaire et jusqu’à 24 millions pour celles qui en perdent « au moins 70% ». Une aide exceptionnelle, qui a vocation à prendre en charge une partie des coûts fixes des entreprises, est aussi attendue pour les plus grosses structures (plus de 120 millions de francs de chiffre d’affaire annuel). « Nous attendons les dernières précisions sur les modalités de cette aide » note le directeur des finances publiques Daniel Casabianca qui chiffre à 360 à 480 millions de francs les versements hebdomadaires du Haussariat depuis le début de l’année. Un rythme qui devrait augmenter, d’autant que la Direction des finances recrute en ce moment même pour améliorer la communication avec les entreprises et le contrôle des dossiers.
Ces « niveaux d’aide très conséquents » s’accompagne aussi d’un effort sur les PGE, qui sera ouvert jusqu’au 30 juin et, comme l’avait annoncé Paris, avec un différé de remboursement d’un an supplémentaire. Si le taux de refus reste faible (1,3% de l’encours, deux fois moins qu’en Métropole), l’augmentation des taux d’endettement pourrait complexifier les demandes. « D’autres solutions s’offrent à ces sociétés, notamment la médiation du crédit, des outils qui existent avec leurs banques ou avec l’IEOM, ou même auprès de la Sofidep », explique Fabrice Dufresne.
Ces « deux boucliers » suffiront-ils à éviter des défaillances d’entreprises ? Le haut-commissaire, qui a reçu hier les représentants du secteur hôtelier, reste prudent. « Ce qu’on ne sait pas, c’est la durée » de la fermeture des frontières, explique-t-il. Un mois ? Deux mois « maximum » comme le veut le Pays ? Davantage ? Pas de réponse : « ce qui est sûr c’est que ça ne durera pas 15 jours » explique le responsable, qui rappelle que les critères épidémiques (tension hospitalière, circulation du virus…) en Polynésie mais aussi en métropole et dans le monde seront déterminants dans la réouverture. « On fera des points d’étape mais il s’agit bien de permettre aux entreprises de survivre ».