Ce jeudi à l’assemblée, le président Édouard Fritch a fait un premier bilan des aides dispensées par le Pays durant le confinement : 5,4 milliards de Fcfp. De son côté, l’intervention de l’État via le fonds de solidarité représente un total de 2 milliards 450 millions. Et les prêts garantis par l’État se montent à 18 milliards et demi. Il s’agit à présent d’obtenir la garantie de l’État pour les deux grands emprunts que le gouvernement se résout à faire, pour le Pays et pour la CPS. Pour l’instant, le collectif budgétaire national prévoit de n’en garantir que la moitié. Édouard Fritch se rendra à Paris en juillet.
Édouard Fritch a présenté un premier bilan des 5 grandes mesures mises en place, qui ont touché 36 850 personnes.
Le Revenu exceptionnel de solidarité (RSE) de 100 000 Fcfp pour les salariés a coûté 1,12 milliard et a bénéficié à 18 105 personnes. L’Indemnité de solidarité (IS) pour les patentés et travailleurs indépendants a coûté 1,14 milliard et a bénéficié à 12 333 personnes. L’Indemnité exceptionnelle (IE), pour les extras et intérimaires, a coûté 365 millions et bénéficié à 4 193 personnes. Le Contrat de soutien à l’emploi (CSE), a coûté 772 millions pour 2 218 bénéficiaires. Le CAES en faveur des sans emplois a coûté 750 millions et bénéficié à 5 000 personnes. Par ailleurs, le passage de 10 000 à 15 000 Francs des allocations familiales versées par enfant d’avril à juin a coûté 350 millions supplémentaires. Ce sont donc au total 5,4 milliards qui ont été dépensés depuis le début du confinement.
Les dispositifs post-covid, en application depuis le 21 mai, ont enregistré 1 186 demandes pour le DIèSE (en faveur des salariés) et 238 demandes pour le DESETI (pour les patentés).
Les aides de l’État : une mission à Paris en préparation
Le Fonds de solidarité, entre mars et mai, est intervenu à hauteur de 2,45 milliards de Francs pour 16 334 demandes. Le Prêt garanti par l’État (PGE) a bénéficié à 388 entreprises pour un montant de 18,55 milliards de Francs.
Mais Édouard Fritch attend la réponse à ses deux demandes de garantie de l’État pour deux prêts, même s’ils vont « à l’encontre de nos principes de gestion financière depuis ma prise de fonction » : le premier de 37 milliards « pour couvrir les besoins de la collectivité » – qui doit notamment contribuer à rétablir les dépenses obligatoires telles que le FIP et les salaires de l’administration – et l’autre de 19 milliards « pour soutenir la trésorerie de la CPS ». Le Pays souhaite également trouver auprès de l’État des solutions financières à la situation d’Air Tahiti Nui (lire encadré).
Le président n’a pas caché une certaine impatience, d’autant que les performances budgétaires du Pays ont été, comme l’ont montré les comptes administratifs, exceptionnellement bonnes, et qu’elles ont justifié « le blanc-seing unanime des membres du comité des financeurs local sur la justesse de nos analyses financières et économiques, démontrant ainsi que les demandes du pays avaient été soigneusement préparées et bien argumentées. » Trop bonnes, s’est publiquement interrogé Édouard Fritch, au point de conduire « certaines hautes administrations à minimiser nos besoins d’accompagnement ? Je ne veux pas le croire, mais j’éprouve parfois le poids de l’incompréhension (…). »
Le président du Pays a donc annoncé qu’il se rendrait à Paris au mois de juillet pour obtenir le soutien financier de l’État qu’il a demandé, notamment les deux prêts d’un montant global de 56 milliards. Le collectif budgétaire national en préparation au Parlement indique pour l’instant un montant de garantie à hauteur de 28 milliards, montant confirmé jeudi matin au téléphone par le Premier ministre qui aurait lui-même qualifié « cette inscription financière comme une première réponse d’urgence, » a déclaré Édouard Fritch, concluant : « Je me battrai à Paris (…) et je l’affirme, j’ai confiance. »
Air Tahiti Nui : comment l’État pourrait voler à son secours
Durant son allocution devant l’assemblée de la Polynésie ce jeudi matin, Édouard Fritch a dit avoir demandé à l’État d’intervenir en soutien à la compagnie au tiare en proposant trois options différentes. Évoquant les « sommes colossales débloquées à Paris au chevet de la compagnie nationale et de certaines compagnies régionales outre-mer », le président Fritch a déclaré devant les représentants de l’assemblée qu’il avait demandé, dans un courrier daté du 22 mai au Premier ministre Édouard Philippe, une intervention de l’État qui pourrait prendre l’une des trois formes suivantes : la prise en charge par l’État d’une allocation de chômage partiel, « au même titre que les compagnies aériennes nationales » ; ou l’ouverture du capital de la compagnie à un organisme de financement public de l’État – une solution évoquée par Michel Monvoisin, le P-dg d’Air Tahiti Nui, le 21 mai dernier devant la Délégation sénatoriale aux Outre-mer et dans laquelle Air Tahiti Nui pourrait être classée « entreprise stratégique » ; ou encore l’émission d’obligations convertibles en actions, un système hybride qui évite une augmentation de capital, et donne lieu à des paiements d’intérêts plus faibles que ceux d’une obligation classique – un avantage pour une entreprise qui doit financer de lourds investissements et pour laquelle la reprise de croissance est attendue sur un terme long. |