La réunion sur le gaspillage alimentaire, prévue jeudi au ministère de l’Ecologie, devrait notamment déboucher sur un renforcement de la lutte contre le gaspillage de la part des distributeurs.
La grande distribution doit en faire davantage pour lutter contre le gaspillage alimentaire. C’est la conviction de Ségolène Royal qui a convoqué les représentants des grandes enseignes jeudi soir au ministère de l’Ecologie. La rencontre devrait déboucher sur une convention d’engagements volontaires de la part des distributeurs, ont annoncé mercredi les groupes Auchan et Casino, se déclarant déjà prêts à la signer. La ministre de l’Ecologie veut notamment les inciter à ne plus jeter les produits invendus et à les donner systématiquement aux associations.
Gaspillage alimentaire, commet se situent les grandes surfaces ? En France, la grande distribution n’a pas vraiment le statut de mauvais élève qu’on lui attribue bien souvent. Le gaspillage alimentaire est surtout le fait des ménages. Ils sont à l’origine de deux tiers de celui-ci. Et se placent donc très loin devant la grande distribution, qui, elle, en est responsable à hauteur de 5 à 10 %.
Ensuite, au sein même de la grande distribution, il y a une distinction à faire. Ce sont surtout les petites surfaces, les supermarchés, qui sont les mauvais élèves. Tout simplement parce qu’ils n’ont pas les moyens d’avoir du personnel à temps plein pour vérifier les dates de péremption dans les rayons et de gérer les stocks pour pouvoir ensuite donner aux associations.
« Plus de 400 kilos de produits comestibles dans les poubelles ». Résultat : leurs poubelles sont remplies de produits alimentaires. « On trouve plus de 400 kilos de produits comestibles, de la pizza qui est passée du jour même, aux yaourts qui vont se périmer dans trois jours, des paquets de riz. Cela fait plusieurs années que l’on se nourrit exclusivement de nourritures trouvées dans les poubelles », décrit Marine, qui milite contre le gaspillage alimentaire au sein de l’association Les Gaspilleurs.
De moins en moins de poubelles javellisées. La pratique qui consiste à javelliser les invendus pour que personne ne les récupère se raréfie. Selon les associations, la tendance aujourd’hui est plutôt de barricader et de rendre les poubelles inaccessibles, même si les petites surfaces ont encore recours à la méthode de javellisation des bennes à ordures. Les hypermarchés, eux, ont fait énormément d’efforts ces dernières années en matière de chasse au gaspillage.
Au profit des associations. « Nous avons une équipe dédiée de trois personnes dans le magasin pour faire la rotation de toutes les dates dans les rayons. On va dans les rayons, si les yaourts sont périmés dans les cinq jours, on va les retirer. Ces produits-là, on les donne », assure Soëd Toumi, directrice du magasin Carrefour d’Auteuil, interrogée par Europe 1.
Une pratique qui porte ses fruits. Grâce à ce tri, le magasin a distribué l’équivalent de 320.000 repas l’année dernière. Mais leur lutte contre le gaspillage se heurte à une limite logistique. Il faut en effet solliciter des associations capables de venir chercher les marchandises avec leurs propres moyens. Des associations bénéficiant, par exemple, de camions frigorifiques pour le transport, ou de chambres froides pour le stockage.
Sur ces point, Michel-Edouard Leclerc, estime qu’il est important que les associations aient plus de moyens pour pouvoir récupérer, trier, ramasser et redistribuer les aliments. « Il faut que l’Etat s’engage. […] Il faut doter ces associations. […] Il manque des frigos, des camions, des bénévoles, probablement un peu de soutien salarial et organisationnel », a-t-il réclamé sur Europe 1.