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Gaston Flosse baptise le Taho’e Tatou et place Pascale Haiti-Flosse à sa tête

C’est fait : le nouveau parti de Gaston Flosse s’appelle Taho’e Tatou, et sa présidente est Pascale Haiti-Flosse. Un bureau exécutif a été constitué, les statuts déposés, et le premier congrès est prévu le 3 mai 2025. Gaston Flosse positionne le Taho’e Tatou comme « progressiste » et fait de l’économie son « cheval de bataille ».

Une petite centaine de fidèles étaient réunis à Mamao ce vendredi soir pour l’assemblée générale constitutive du Taho’e Tatou de Gaston Flosse, qui a dû abandonner le Amuitahiraa no te Nunaa maohi, le fei et la couleur orange pour se débarrasser de Bruno Sandras. À qui les oreilles ont dû siffler encore, lorsque Gaston Flosse a ouvert les festivités en citant Saint Jean et sa parabole du berger : « Je suis le bon pasteur, le vrai berger, qui donne sa vie pour ses brebis. Le berger mercenaire n’est pas le pasteur, les brebis ne sont pas à lui (…) J’ai encore d’autres brebis, qui ne sont pas de cet enclos : celles-là aussi, il faut que je les conduise. Elles écouteront ma voix : il y aura un seul troupeau et un seul pasteur. »

C’est donc en rose fushia qu’il a présenté un bureau exécutif rajeuni et rapidement fait désigner Pascale Haiti-Flosse présidente du Taho’e Tatou. Gaston Flosse est l’un des trois présidents d’honneur, Gilda Vaiho 1ère présidente déléguée et Martial Teroroiria 2e président délégué. Parmi les personnalités les plus connues du grand public, on trouve aussi Atonia Teriinohorai, secrétaire général de O Oe To Oe Rima, ou encore le journaliste de Polynésie La 1ère Gilles Tautu. Deux postes de vice-présidents restent à pourvoir, sans doute réservés à des brebis égarées qui retrouveraient leur bergère.

L’emblème choisi est la tortue, symbole de longévité, dont la carapace grandit et s’épaissit tout au long de sa vie, a déclaré Gaston Flosse, qui a également dévoilé la devise du nouveau parti : « Amour, solidarité, souveraineté ». Quant aux statuts du parti, eux aussi approuvés par un vote « assis-debout », ils sont calqués sur ceux du Amuitahiraa.

« Le drapeau tricolore continuera de flotter chez nous »

« Je vous ai invités pour mettre de l’ordre dans la vie politique », a déclaré Gaston Flosse, et pour sonner le glas de l’autonomie qu’il avait obtenue il y a 40 ans. « Aujourd’hui cette autonomie est arrivée au bout de la route, parce que la Constitution est claire, l’État peut transmettre certaines compétences aux collectivités mais jusqu’à un certain point. Et nous sommes à ce point depuis 2004. L’autonomie était la première marche vers la souveraineté. » Une ambition dont la Polynésie n’a pas les moyens financiers, convient Gaston Flosse qui maintient donc l’idée d’un « pays souverain associé à la France » – « le drapeau tricolore continuera de flotter chez nous. »

« Je vous laisse ce testament, de changer notre statut »

« Il faudra beaucoup d’efforts, et se serrer la ceinture. Un discours qui ne rapporte pas beaucoup de voix mais c’est un discours responsable, celui de ceux qui veulent que notre pays progresse. Les autonomistes sont des conservateurs qui veulent conserver leur confort, et nous sommes des progressistes. Il faudra 20 ans, 40 ans peut-être, mais nous y arriverons. Je ne crois pas que la France nous refuserait cela. Je vous laisse ce testament, de changer notre statut. »

Gaston Flosse déclare que l’économie sera le « cheval de bataille » du Taho’e Tatou. « Nos dirigeants se soucient peu de l’économie », ils font « la chasse contre les riches, mais ce sont eux qui font marcher notre pays », alors qu’ils devraient cibler « toutes les sociétés dont les bénéfices repartent en France », citant Engie, les banques, les compagnies d’assurance et ADT. Tourisme, terres rares et aquaculture à grande échelle sont évoqués comme ressources futures de la Polynésie souveraine.

Six mois pour monter les fédérations avant le congrès

Le premier congrès du Taho’e Tatou est prévu le 3 mai 2025. D’ici là, il faudra sillonner les quartiers et homologuer des fédérations dans chaque commune. Quant aux prochains rendez-vous électoraux, « on n’en est pas encore là », dit Gaston Flosse, qui de toute façon rappelle qu’il est « inéligible jusqu’à ma mort » par décision de « l’État qui veut nous éloigner de la vie politique ». Quant à Pascale Haiti, condamnée à trois ans d’inéligibilité dans l’affaire du faux bail, elle est toujours en attente de la décision de la Cour de Cassation, et donne toujours la même réponse : son avocat est « confiant ».