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Gaston Flosse demande la dissolution de l’assemblée

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Gaston Flosse accuse Édouard Fritch « d’enterrer son pays et de le mener à la catastrophe ». Il lui suggère une importante revalorisation du Smig, et critique le rachat des parts d’EDT-Engie dans la TEP. Il propose qu’une pétition soit lancée pour demander au Président de la République la dissolution de l’assemblée. 

Gaston Flosse donnait ce matin l’une de ses désormais traditionnelles conférences de presse du mardi, au cours desquelles il passe en revue tout ce que le gouvernement et l’État font mal et que lui ferait mieux. Ce mardi n’échappait pas à la règle, avec son lot de critiques sur la gestion de la crise Covid : « merci » à l’État pour les réservistes et l’évasan, mais « malheureusement tout ça arrive en retard, c’est la faute du Pays qui a réagi en retard. »  Les cibles du jour : le rachat par le Pays des part d’EDT-Engie dans la TEP, et le Smig inchangé depuis 2014.

Sur le chapitre électrique, Gaston Flosse considère que le Pays fait à EDT-Engie un « cadeau » injustifié de 655 millions de Fcfp – même si les parts détenues par EDT avaient été valorisées au double de cette somme. Selon lui, c’est Engie qui fait le forcing depuis des années pour que le Pays rachète sa participation de 39%, ce qu’il aurait toujours refusé. EDT, qu’il accuse de ne rien investir par ailleurs pour le développement du Pays, « a investi dans une société qui ne lui rapporte pratiquement aucun dividende et qui investit lourdement. Elle décide donc de récupérer son capital investi, en vendant. » Ce sont pour lui « des manœuvres louches », une « magouille » bien préparée par Édouard Fritch et Yvonnick Raffin, et il questionne le président et son ministre, entre diffamation et boule de cristal sur les prochaines élections : « Est-ce en vue de la préparation de votre prochaine sortie » ?

Un Smig à 159 000 Fcfp par mois et une augmentation de tous les salaires

Sur le Smig, qui est de 152 914 Francs brut par mois (il est aujourd’hui de 183 700 Fcfp en métropole) depuis octobre 2014, Gaston Flosse s’interroge : la revalorisation automatique s’applique dès que l’indice des prix dépasse 2%, mais il estime que l’ISPF qui calcule cet indice « vit sur une autre planète » : « ne me dites pas que le coût de la vie n’a pas augmenté durant ces sept années », dit-il. Aussi conseille-t-il à Édouard Fritch de remonter tous les salaires : + 4% pour les salaires inférieurs à 500 000 Fcfp, et +2% pour les salaires supérieurs à 500 000 Fcfp. Ballon d’essai pour les élections ou conseil empoisonné ? « Monsieur le président, si vous réalisez cela, l’image que l’on gardera de vous sera celle d’un président qui aura sorti son pays de la pauvreté. Croyez-moi, ils oublieront tout le reste, le confinement, le couvre-feu, le jeûne, les 500 bougies et même Papeari. » L’effet d’une telle hausse sur les employeurs ? Gaston Flosse s’en fiche, parce que « est-ce qu’il y a des créations d’emploi en ce moment ? » Conscient des trous dans la raquette de son raisonnement, Gaston Flosse assortirait cette mesure d’un rigoureux contrôle des prix, pour éviter qu’ils ne flambent « et que les propriétaires de ces grandes surfaces ne fassent payer cette augmentation par le consommateur, d’autant qu’ils ont bien profité du coronavirus. »

Gaston Flosse condamne le traitement infligé au Dr Théron par les forces de l’ordre

Le président du Amuitahiraa, entouré de Tauhiti Nena et Vaitea Le Gayic, a également livré ses commentaires sur l’affaire Théron. Il condamne le traitement qui a été infligé au médecin et ironise sur la rapidité de la réponse judiciaire : « Il n’y a pas plus urgent, plus important que ça ? (…) On ne se croirait pas dans un pays civilisé. (…) Il y a un abus de la part du haut-commissaire et de la justice. » Visiblement impressionné par la mobilisation de samedi dernier, Gaston Flosse se déclare solidaire de la manifestation prévue jeudi devant l’assemblée en soutien au Dr Théron.

D’une conférence de presse à l’autre, la conclusion ne varie pas : Édouard Fritch doit partir. S’il ne démissionne pas de son propre chef, et puisqu’une motion de censure contre le gouvernement est mathématiquement improbable, l’idée force de la matinée était donc d’en appeler à tous pour que soit organisée une pétition demandant à Emmanuel Macron de dissoudre l’assemblée de la Polynésie. On imagine mal un Président de la Rapublique déstabiliser un des territoires d’Outre-mer alors qu’il brigue un second mandat, mais « je vous assure qu’on atteindra facilement les 80 000 personnes », affirme Gaston Flosse.