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Gaston Flosse, depuis la présidence : « 15 jours à Singapour, vous vous rendez compte ? »

Le Vieux Lion était à la présidence, mercredi soir, à l’invitation de Tematai Le Gayic et sa mission parlementaire. Une première visite depuis près de dix ans, dont le président du Amuitahira’a a profité pour adresser quelques piques au nouveau locataire des lieux, Moetai Brotherson, absent ces jours-ci.

« La dernière fois qu’il était venu c’était en 2014, se rappelle Pascal Haiti-Flosse. On était passé pour un petit déjeuner avec Édouard peu de temps après, mais depuis, il n’était plus venu. » Des souvenirs, hier soir à la présidence, pour Gaston Flosse et sa compagne et quelques proches. Le Vieux Lion n’était pas passé inspecter les lieux – il a tout de même jeté un œil à la fontaine, transformée en bassin aquaponique, et noté que les fei avait été déplacés sur les parterres – mais avait été invité à échanger. Pas par Moetai Brotherson, en déplacement à Singapour, mais par le jeune député Tematai Le Gayic, co-rapporteur d’une mission d’information parlementaire sur l’avenir institutionnel des outre-mer. Les trois députés de la mission avaient déjà parlé aux représentants du Tavini, du Tapura et de A here ia Porinetia. Le Amuitahira’a ne peut pas mettre en avant d’élus à l’assemblée – si ce n’est Pascale Haiti, justement, qui siège en rouge – mais l’expérience de l’ancien président, à l’origine des statuts d’autonomie de 1984 et 2004, en avait fait un interlocuteur « incontournable » pour les députés.

« Il n’y a plus d’autonomistes »

Malgré ses tentatives de plateforme commune anti-Tavini – avec le Tapura d’Édouard Fritch, le Ia ora te Nuna’a de Teva Rohfritsch et même A Here ia Porinetia, qui a toujours été réticent à l’idée – Gaston Flosse garde une position très personnelle sur la question de l’avenir institutionnel. Et ne veut plus entendre parler « d’autonomistes ». « Il n’y a plus d’autonomistes. Ne parlez plus d’autonomistes et d’indépendantistes, ça n’existe plus, ça. Regardez : le Tavini a eu 64 000 voix aux territoriales, ça veut dire qu’il y a 64 000 indépendantistes dans ce pays ? », s’agace-t-il. Le Vieux Lion se dit lui « souverainiste », « indépendantiste dans 15 ou 20 ans ».

Mais il ne s’agit pas d’attendre si longtemps pour faire évoluer le statut, d’aller plus loin que l’autonomie : « pour moi, c’est maintenant. Il y a tellement de choses à lancer, notre économie est en panne… Si on continue dans cette voie-là, je ne sais pas comment on pourra faire. » Avant de se laisser aller à quelques commentaires sur ses successeurs à la présidence : « Ce que je regrette c’est que ceux qui passent dans cette maison pensent plutôt à eux et pas à cette population qui se bat contre la vie chère, le chômage, lâche l’ancien homme fort du Pays, aujourd’hui inéligible, et sous le coup de plusieurs condamnations, entre autres pour détournement de fonds publics. Ils devraient s’adonner davantage à ça plutôt que d’aller voir des bateaux poissons. » Une référence à la visite de Moetai Brotherson dans une entreprise qui promeut un concept de navire volant : « Quinze jours à Singapour, vous vous rendez compte ? »

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Les commentaires s’arrêteront là et le Vieux Lion a ensuite été raccompagné jusqu’à sa voiture, amenée pour l’occasion jusque devant le perron de la présidence. Gaston Flosse a tout de même pris le temps de longuement saluer et féliciter l’organisateur de la rencontre, Tematai Le Gayic, qui avaient fait ses premiers pas politiques dans ceux de ses parents, caciques du Tahoera’a. « Le orange t’allait mieux que le bleu », lui glisse-t-il. « Toi aussi, tu t’es mis au bleu depuis un moment », répond le jeune député.