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Gérald Darmanin irrite les parlementaires ultramarins

Le ministre de l’intérieur et des Outre-mer Gérald Darmanin a choqué les ultramarins, lors du colloque « Les Outre-mer aux avant-postes » organisé jeudi par le magazine Le Point. Son intervention était titrée « Développement, vivre-ensemble, institutions : où vont les Outre-mer ? », et pour le ministre la réponse semble être : sans la France, ils vont dans le mur.

Invité à commenter l’adoption par la Martinique d’un drapeau local qui ne figurera, pour l’instant, que dans les manifestations culturelles et sportives, Gérald Darmanin ne s’est pas montré enthousiaste, et lorsque le cas calédonien a été évoqué, il a voulu justifier la différence par la situation « particulière » du Caillou : « Les Antilles ont été des colonies, mais pas de peuplement. Je rappelle que, contrairement à ce que l’on raconte (…), c’est la République française qui a aboli l’esclavage. La France a sans doute mis, dans des conditions extraordinairement difficiles, les populations colonisées dans des états désastreux, mais c’est la République qui a aboli l’esclavage. On leur demande d’aimer la République, pas toute l’histoire de France. (…) Il y a, aux Antilles, en Guyane, un sentiment identitaire, de réaction, qui mérite d’être entendu mais pas comme la Nouvelle-Calédonie, parce que ce n’est pas la même histoire. »

Dix-huit députés ultramarins, dont les trois députés polynésiens, ont immédiatement réagi par communiqué. « Nous condamnons ces propos avec la plus vive fermeté », écrivent-ils, et s’ils ont des histoires différentes, « les outremer demeurent le pur produit de l’expansionnisme, restent envisagés comme des relais de puissance et d’influence, et sont tributaires de prismes nationaux car constamment ramenés à leurs vertus géostratégiques. (…) C’est cette même République qui maintient nos territoires dans un état de sous-développement chronique. »

« Si la France s’en va de ces territoires, qui va venir si vous n’êtes pas capables de vous développer ? »

Le ministre a également critiqué les demandes de certains territoires qui voudraient profiter de la révision attendue du statut de la Nouvelle-Calédonie pour obtenir plus d’autonomie : « C’est un sujet d’élus qui ne veulent pas toujours appliquer les compétences qu’on leur a données, dit le ministre, (…) quand on veut aller vers l’autonomie ou l’indépendance, on ne peut pas toujours demander à l’État français de compenser le budget de la Sécurité sociale ou compenser telle ou telle politique parce qu’on n’a pas su les mettre en place. »

Gérald Darmanin affirme que ce n’est pas la préoccupation des populations ultramarines : « les gens spontanément dans la rue ne vous parlent pas d’institution. Les gens, ils veulent le développement économique, un logement, plus de subventions, de sécurité, mais pas d’institutions différentes. » Mais là non plus, le ministre n’est pas plus empathique : « Il faut savoir dire : vous n’aurez d’autonomie demain que si vous êtes capable de produire ce que vous mangez, ce que vous consommez comme électricité, et c’est par la richesse économique que vous aurez des recettes, pas par les subventions (…) » Il ne s’est pas trouvé d’intervenant pour lui rappeler que la France ne couvre que 80% de ses propres besoins alimentaires. Car si la France s’en va de ces territoires, qui va venir si vous n’êtes pas capables de vous développer ? Est-ce qu’il faut changer la France par la Chine quand on est Calédonien ou Polynésien ? C’est une question très intéressante, est-ce qu’il y a plus de garanties démocratiques pour ces pays, puisqu’ils s’appellent des ‘pays’ (…) ? »

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