Los Angeles (AFP) – La comédie musicale « La La Land » récolte une moisson de Golden Globes dimanche tandis que le film français « Elle » avec Isabelle Huppert a été sacré meilleur film étranger.
Le réalisateur de « Elle » Paul Verhoeven a chaudement remercié son actrice principale, radieuse en lamé argent, en recevant son prix. Il a loué « son audace », son « talent », et concluant d’un: « je t’aime » répété trois fois.
Isabelle Huppert incarne dans le sulfureux « Elle » une femme violée cherchant à démasquer son agresseur.
La légendaire actrice française a déjà récolté une brassée de récompenses aux Etats-Unis pour sa performance extraordinaire et vise à présent une nomination aux Oscars.
« Elle » affrontait deux coproductions françaises, « Divines », d’Houda Benyamina, et « Le client », de l’Iranien Asghar Farhadi.
– La La Land –
Forte de sept nominations, « La La Land », romance entre une aspirante actrice et un musicien était favorite avec sept nominations et en avait déjà raflé quatre à mi-chemin de la cérémonie.
Ryan Gosling, sacré meilleur acteur de comédie, a dû travailler d’arrache-pied pour jouer lui-même les scènes au piano du film où il incarne un musicien de jazz. Il a rendu hommage à sa femme Eva Mendes en recevant son prix.
Jimmy Fallon avait démarré cette célébration par un numéro chanté et dansé avec Nicole Kidman, Amy Adams et John Travolta entre autres pour un « remake » de la comédie musicale.
L’auteur-réalisateur Damien Chazelle a été récompensé pour son scénario, et a remercié ses producteurs et le studio Lionsgate pour « avoir parié sur ce film » et « cru qu’il existe un public pour un film comme ça ».
Cette ode au Los Angeles en technicolor est un succès inattendu en salle.
Le compositeur de la musique du film Justin Hurwitz, et ceux de la chanson « City of Stars », interprétée par Ryan Gosling, ont également été primés pour une musique qui fait valser ses acteurs dans les étoiles ou dans les embouteillages.
Justin Hurwitz a souligné que le Français Michel Legrand avait été une « énorme inspiration » pour ce film.
Aaron Taylor-Johnson pour « Nocturnal Animals » et Viola Davis pour « Fences », adaptation d’une pièce de théâtre, ont été sacrés meilleurs seconds rôles de cinéma.
Très émue en robe assymétrique à paillettes jaunes, l’actrice afro-américaine a rappelé que c’était sa cinquième nomination aux Globes, et a rendu hommage à son père qui « prenait soin de chevaux » et « n’a appris à lire que lorsqu’il avait quinze ans ».
Natalie Portman, enceinte de son deuxième enfant, en robe à l’allure « sixties » jaune également, est favorite pour le Globe de la meilleure actrice dramatique avec « Jackie », où elle incarne magnifiquement Jacqueline Kennedy pendant les jours suivant l’assassinat du président John F. Kennedy. Elle fait face à la concurrence d’Isabelle Huppert ou d’Amy Adams pour « Premier contact », entre autres.
– Piques anti-Trump –
Côté films dramatiques, les pronostics sont partagés entre « Manchester by the sea », sur un homme forcé de s’occuper de son neveu après la mort de son frère, au coude-à-coude avec « Moonlight », sur un jeune garçon noir homosexuel qui grandit avec une mère toxicomane.
Casey Affleck, personnage principal de « Manchester by the sea », tient la corde pour le prix du meilleur acteur dramatique.
C’est « Zootopie » de Disney qui a remporté le prix du meilleur film d’animation, face notamment au franco-suisse « Ma vie de courgette ».
En télévision, la série acclamée sur l’affaire O.J. Simpson, « American Crime Story: The People vs O.J. Simpson », avait déjà reçu le Globe de la meilleure mini-série, son actrice Sarah Paulson a aussi été primée.
Hugh Laurie a été récompensé pour son rôle de trafiquant d’armes dans « The Night Manager ». Pince-sans-rire, il a remarqué que cette cérémonie des Golden Globes serait sans doute « l’une des dernières » car elle est organisée par l’association de la presse étrangère de Hollywood. Une allusion à peine voilée au fort accent anti-étrangers de la campagne de Donald Trump, qui sera président des Etats-Unis le 20 janvier.
Remis par quelque 90 journalistes de l’HFPA, les Globes n’ont qu’un pouvoir prédictif incertain mais donnent à leurs lauréats une aura pouvant influencer le vote aux Oscars, récompenses suprêmes du septième art.
© AFP Valerie MACON
Paul Verhoeven a remporté le Golden Globe du meilleur film étranger pour Elle, le 8 janvier 2017