ACTUS LOCALESSANTÉ « Graves dysfonctionnements » au laboratoire d’Uturoa Benoit Buquet 2018-09-12 12 Sep 2018 Benoit Buquet L'hôpital d'Uturoa. © DR Un rapport de l’Agence de régulation de l’action sanitaire et sociale (Arass), auquel Radio 1 a eu accès, fait état de « graves dysfonctionnements » au sein du laboratoire d’analyses de biologie médicale de l’hôpital d’Uturoa. Principal personnage mis en cause, le responsable du service, François Devaud, s’est vu retirer la responsabilité du management du laboratoire. Non-conformité, absence d’autorisation d’ouverture, effectifs insuffisants et contraires à la loi, résultats d’analyses faux ou incohérents, conflits ouverts entre biologistes, népotisme du responsable de service… La liste des « graves dysfonctionnements » au laboratoire d’analyses de biologie médicale de l’hôpital d’Uturoa est conséquente et sérieuse. Ces dysfonctionnements figurent noir sur blanc dans un rapport établi par les docteurs Pascal Gouëzel et Didier Mathis, médecins-inspecteurs de santé publique à l’Agence de régulation de l’action sanitaire et sociale (Arass), à l’issue d’une mission qu’ils ont effectuée au sein de ce laboratoire d’Uturoa le 26 mars 2018. Ce rapport, commandé par la direction de la santé publique, a été adressé à sa directrice le 12 avril 2018, qui l’a transmis au directeur de l’hôpital d’Uturoa le 20 avril 2018. Les conclusions de ces deux médecins sont édifiantes. En premier lieu sur le plan administratif. Le laboratoire « ne dispose pas de l’autorisation permettant son ouverture », « le directeur du laboratoire, qui est le directeur de l’hôpital, ne remplit pas les conditions pour exercer ces fonctions », et le nombre de techniciens à temps complet est insuffisant et contraire à la loi. Enfin, « les analyses de biochimie ne sont pas réalisées dans une salle réservée à cet effet et c’est un point de non-conformité », écrivent notamment les inspecteurs. La « pénurie de techniciens de laboratoire », et la « pénurie itérative de réactifs due à la mauvaise gestion des commandes » ont « interdit la réalisation de certains actes » ces dernières années. Le laboratoire remet parfois « des résultats faux (erreurs de dosage de la TSH par exemple) » et commet « de nombreux écarts aux procédures de transport ». Le principal biologiste pointé du doigt Le rapport des deux médecins-inspecteurs dresse ensuite une longue liste de griefs à l’endroit du biologiste responsable du laboratoire, qui s’est depuis vu retirer le management du laboratoire. François Devaud y est décrit comme « un pharmacien-biologiste n’ayant pas suivi de formation continue depuis plusieurs années, n’ayant pas intégré l’évolution vers une démarche qualité, réunissant autour de lui quelques fidèles travaillant depuis toujours au laboratoire, dont son beau-fils (assistant qualifié de laboratoire) ». Le rapport note, « sur la période de janvier 2017 à mars 2018, 36 fiches de déclaration d’évènements indésirables concernant le laboratoire », un « conflit ouvert » avec le deuxième pharmacien biologiste (aujourd’hui parti), et les « départs de nombreux techniciens (démission, changement de poste, arrêt maladie, décès) » clairement causés par la « dégradation des conditions de travail ». Les trois derniers biologistes assistants recrutés en CDD ont fait long feu. Le contrat de Catherine Chagnon « n’a pas été renouvelé, sans justification ». À sa suite, Christelle Auvray n’a pas demandé son renouvellement, « en raison d’une incompatibilité de travail avec François Devaud ». Enfin, le dernier en date, Cédric Shawall, « a sollicité son renouvellement mais uniquement pour une période de six mois et à la condition de ne pas travailler avec François Devaud ». Ce dernier a été contraint par la direction de l’hôpital à solder ses 90 jours de congés. Treize recommandations Les deux inspecteurs auteurs du rapport ont donc écrit treize recommandations à la direction de la santé, dont ces trois premières : « Entamer une procédure disciplinaire pour faute à l’encontre de François Devaud, retirer la responsabilité du service à François Devaud, désigner les chefferies de service. » Ils recommandent aussi de « nommer un cadre de laboratoire à temps plein, au moins jusqu’à la correction de l’ensemble des dysfonctionnements ». Selon nos informations, la direction de la santé, qui a commandé ce rapport à l’Arass au mois de février après avoir reçu plusieurs plaintes, a décidé de suivre plusieurs de ces recommandations, mais pas toutes. Il n’y aura pas de procédure disciplinaire pour faute à l’encontre de François Devaud, qui reste donc en poste au laboratoire. En revanche, la responsabilité du service lui a été retirée et confiée au président de la Commission médicale d’établissement de l’hôpital d’Uturoa, Pierre Cantiteau. Enfin, Cédric Shawall ayant aujourd’hui quitté le service, il reste à recruter un second biologiste au sein du laboratoire, deux biologistes étant le minimum obligatoire pour refaire une demande d’autorisation d’ouverture et retrouver un début de conformité légale. Cliquez pour partager sur Facebook(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur Twitter(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur LinkedIn(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquer pour imprimer(ouvre dans une nouvelle fenêtre)