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Grèce : ce qu’il faut retenir des élections

LÉGISLATIVES – Syriza, le parti de la gauche radicale, remporte largement les élections. Une première en Europe. Mais il n’est pas sûr d’avoir la majorité absolue, et pourrait devoir former une coalition.

L’info. Changement de cap radical pour la Grèce. Premier pays frappé par les cures d’austérité en Europe, la « plus vieille démocratie du monde » est désormais la première nation de l’UE à marquer son rejet total de ces politiques de réduction drastique de la dette et des dépenses publiques. Après décompte d’environ 92% des suffrages exprimés lors des élections législatives qui se sont tenues ce dimanche, Syriza, le parti de la gauche radicale, arriverait en effet en tête des élections législatives avec 36.3% des voix plus 8 points d’avance sur son concurrent de droite, Nouvelle Démocratie.

L’inconnue : Syriza aura-t-il la majorité absolue ? Seule inconnue, de taille, l’ampleur de la victoire du parti mené par Alexis Tsipras. Le jeune leader de 40 ans a déjà affirmé qu’il serait le prochain chef de gouvernement, le meneur d’un Etat prêt à mettre fin à cinq années « d’humiliation et de souffrance » pour le peuple grec. Selon le ministère de l’Intérieur, Syriza emporterait 149 sièges sur les 300 que compte le Parlement. Il manquerait donc au parti de gauche deux sièges pour obtenir à lui seul la majorité absolue.

La signification politique : le rejet de la troïka. « Le peuple grec a écrit l’Histoire » et « laisse l’austérité derrière lui », s’est félicité Alexis Tsipras, le dirigeant de Syriza, devant des milliers de personnes rassemblées sur l’esplanade de l’Université d’Athènes. « Le verdict du peuple grec signifie la fin de la troïka ». Troïka qui réclame, en échange de l’aide financière apportée à l’Etat grec (plan de sauvetage de 240 milliards d’euros), des efforts budgétaires qui se sont répercutés ces dernières années sur la qualité des services publics, mais aussi sur l’activité économique et le niveau de l’emploi.

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Le rapport de force : une lourde défaite pour les conservateurs. Le parti de droite du premier ministre Antonis Samaras, Nouvelle Démocratie, arriverait en seconde place avec 28,15% des suffrages. Avec 6,3% des voix, le parti néo-nazi Aube Dorée atteint la troisième place, malgré les déboires judiciaires qui frappent ses dirigeants. Suivent les centristes de To Potami (5,9%) et les communistes du KKE (5,6%). Ancien parti fort de la vie politique grecque, le parti socialiste, Pasok, obtient pour l’instant 4,88%, soit 13 sièges (contre 33 en 2012). Le signe d’un renouvellement du paysage politique de la gauche grecque.

Au total, ce sont sept partis politiques qui siégeraient à la Vouli, le Parlement grec, à l’issue de ces élections.

© LOUISA GOULIAMAKI / AFP

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Que peut faire Syriza sans majorité absolue ? En dessous de la barre des 151 sièges, Alexis Tsipras sera conduit à construire une coalition avec un ou plusieurs partis, To Potami, les socialistes du Pasok ou encore les Indépendants grecs (anti-austérité aussi). Pour cela, le chef de Syriza se rendra dès lundi chez le président de la République, Carolos Papoulias. Ce dernier lui confiera alors un « mandat exploratoire » de trois jours pour tenter de trouver des alliances avec d’autres partis, afin d’atteindre le nombre d’au moins 151 députés.

Si Alexis Tsipras échoue à former une coalition, Carolos Papoulias confiera le même mandat de trois jours au parti arrivé deuxième, en l’occurrence Nouvelle Démocratie, et en cas de nouvel échec, au parti arrivé troisième, pour l’instant, Aube Dorée.

Dès dimanche soir, le parti centriste de To Potami s’est dit prêt à soutenir un gouvernement conduit par Syriza. Mais son chef, Stravos Theodorakis, a laissé plané le doute quant à une éventuelle participation à une coalition.

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© LOUISA GOULIAMAKI / AFP

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Source : Europe1