L’Académie de médecine se déclare favorable à la poursuite d’expérimentations sur la transplantation d’utérus.
C’est la première fois que l’Académie de médecine prend position sur le sujet. Dans un rapport rendu mardi, l’institution se déclare favorable à la poursuite d’un programme de recherche français sur la transplantation d’utérus. L’Académie de médecine estime que les expérimentations doivent être poursuivies dans un cadre strictement réglementé mais souligne que « de nombreuses incertitudes et difficultés devront être surmontées avant que la transplantation utérine puisse trouver place dans un programme national de transplantations d’organes ».
De quoi s’agit-il ? La transplantation d’utérus consiste à prélever un utérus sur une donneuse vivante ou morte, puis à le greffer chez une femme sans utérus, qu’elle soit née sans, qu’elle souffre d’une malformation ou encore qu’elle ait subi une ablation suite à une maladie.
L’utérus est ensuite greffé, mais de manière temporaire. Il est prévu de le retirer après une ou deux grossesses ayant abouti à la naissance d’un bébé.
Deux projets en France. A l’heure actuelle, deux équipes françaises sont sur les rangs. Au CHU de Limoges, une expérimentation est menée « dans un but purement scientifique et sans projet de transplantation » sur des donneuses décédées. A l’hôpital Foch de Suresnes, l’équipe animée par René Frydman et Jean-Marc Ayoubi devrait, selon l’Académie, déposer prochainement une demande auprès des autorités sanitaires pour utiliser des donneuses vivantes.
Des questions éthiques. Parmi les bémols, l’Académie note qu’en ce qui concerne l’utérus, il est « souhaitable » que la donneuse soit jeune pour diminuer le risque de complications obstétricales chez la receveuse. Dans le cas des donneuses vivantes, poursuit-elle, il est « éthiquement discutable » de proposer l’ablation de l’utérus (hystérectomie) à une femme encore en âge de procréer, « même si elle dit avoir accompli ses désirs de grossesse ». Une solution alternative pourrait être de proposer le prélèvement d’utérus chez les transsexuelles féminines souhaitant devenir des hommes. Mais l’Académie reconnaît que la demande de l’ordre de plus d’une centaine d’utérus dépasse largement l’offre, limitée « au mieux à quelques dizaines ».
Une première mondiale en Suède
La première transplantation utérine a eu lieu en Suède en octobre 2014. Pour la première fois au monde, une femme a pu donner naissance à un enfant après avoir subi une greffe d’utérus. Cette femme, âgée de 36 ans et née sans utérus en raison d’une maladie génétique, avait reçu l’utérus d’une amie de la famille âgée de 61 ans et ménopausée depuis sept ans lors du prélèvement.
Source: Europe 1