L’intersyndicale s’est lancée dans une grève illimitée, ce matin, après l’échec des négociations menées hier avec les responsables des quatre hypermarchés du groupe Wane. Avant de reprendre ces négociations, grévistes et direction s’affrontent sur la réussite de la mobilisation. Les magasins, eux, sont bien ouverts, mais perturbés.
Visibles devant certains magasins, les 5 syndicats qui avaient déposé un préavis la semaine dernière ont bien mis à exécution leur menace de grève à quelques jours de Noël. Punaauia, Faa’a, Arue, Taravao… Les accès des quatre Carrefour ne sont toutefois pas bloqués. Les magasins fonctionnent « en mode dégradé », notamment au niveau des lignes de caisse, mais restent bien ouverts, précise la directrice générale de la branche grande distribution du groupe, Nancy Wane. La dirigeante « remercie la fidelité des clients », qui devront probablement patienter plus qu’à l’accoutumée, et celle des « collaborateurs qui sont présent sur le terrain aujourd’hui ».
La fille de Louis Wane, que les syndicats ont demandé de rencontrer pour mener les négociations, estime le taux de participation à la grève de 40% parmi le personnel de Carrefour. Des chiffres remis en cause par l’intersyndicale, qui dit se référer, pour sa part, « au nombre d’absents de ce matin par rapport au tableau de service ». Cyril Legayic, de la CSIP, parle ainsi de 50 à 55% de gréviste à Arue, d’environ 50% à Faa’a, 40 à 45% à Taravao et 60 à 65% à Punaauia. Loin, quoiqu’il arrive, des 70 à 80% de participation revendiquée avant la grève par Atonia Teriinohorai, de O Oe To Oe Rima. Mais pour le syndicaliste, « les salariés ont répondu présent ».
« Mépris des accords » ou « correction des usages abusifs »
Primes, organisation, logistique, mais aussi dénonciation de « harcèlement » et de « rognage sur les acquis »… Les revendications sont nombreuses et diffèrent de magasin en magasin. Pourtant les syndicats veulent discuter directement avec la direction générale pour obtenir, entre autres, le départ de la directrice des ressources humaines du groupe. « Elle a vraiment un problème de mépris des représentants du personnel, et de respect des accords passés. C’est pour ça que les délégués sont si remontés », explique Cyril Legayic.
Pour Nancy Wane, les discussions doivent au contraire continuer à se passer magasin par magasin – « dans le respect de la loi, qui est très claire sur ce sujet », explique-t-elle – et se concentrer sur « les sujets professionnels et non personnels ». La dirigeante estime que le travail qui a été fait ces derniers mois par sa DRH, « une femme polynésienne », précise-t-elle, a consisté à opérer des « correction sur des usages abusifs de certains élus » et en aucun cas à « remettre en cause des acquis sociaux protégés par la loi ».
« C’est le seul moment où ils acceptent de discuter »
Cette grève intervient en pleine période de courses de Noël. « Comme souvent » note la direction, qui regrette ce timing qui ne participe pas à la sérénité des discussions. « Parce que c’est le seul moment où ils acceptent de discuter », rétorque un syndicaliste. Ce timing a aussi interrogé le Medef, « surtout après une année si difficile que 2020 ». Son président, Frédéric Dock, estime en outre que ces conflits sociaux récurrents peuvent décourager des chefs d’entreprises d’embaucher davantage de personnel ou de faire des investissements. La grève dans le groupe Wane serait à l’entendre révélatrice d’un problème de fond au fenua. En cause : le dialogue social qui n’a jamais été installé durablement, les règles du travail qui doivent être modernisées, et surtout leur application. Pour Frédéric Dock ce genre de conflit pourrait être évité si la direction du Travail intervenait en amont pour vérifier l’application et la compréhension des règles par les employeurs et les représentants des salariés.
D’après les syndicats des discussions pourraient avoir lieu cet après-midi avec la direction générale. En cas d’échec, la grève sera maintenue ce mercredi et « les jours suivants s’il le faut ».