Les cinq syndicats signataires d’un préavis de grève générale sont ressortis déçus, ce midi, d’une rencontre avec le président Édouard Fritch et le haut-commissaire Dominique Sorain. Si certains points de revendications ont fait l’objet d’avancées, les autorités refusent de restreindre l’accès au Pays en réactivant la quatorzaine des voyageurs. Des discussions tripartites avec le patronat doivent avoir lieu en cette fin de semaine.
Élus fuyants et syndicalistes « pas convaincus » à la sortie de la résidence du haut-commissaire ce midi. C’est là qu’a été organisée la rencontre entre les organisations signataires d’un préavis de grève générale sur la question de la gestion de la crise sanitaire, le gouvernement et la représentation de l’État. Si les premières discussions avec le haut-commissaire, lundi, s’étaient, de l’avis général, « bien passées », ce nouveau rendez-vous n’a semble-t-il fait que confirmer les oppositions de fond entre le collectif (CSTP-FO, CSIP, O oe to oe rima, Otahi et la Fédération de la manutention portuaire) et les autorités. « Ils ne nous ont rien proposé parce que pour eux, les moyens qu’ils ont mis en place sont suffisants, pointe Cyril Legayic, de la CSIP. Mais ces moyens sont inefficaces, la preuve en est, on est à 560 cas ».
Les points de revendications de l’Intersyndicales sont nombreux et certains d’entre eux ont fait l’objet « d’une discussion constructive« , comme le note un participant. Ainsi la généralisation du port des masques ou l’indemnisation des cas contacts isolés « ont été débattues », le président Édouard Fritch se serait déclaré « pas opposé » à la création d’une assurance chômage – même si les syndicats sont, sur ce point, renvoyés vers le patronat -, des mesures sanitaires plus strictes pourraient être prises au port autonome… Mais c’est surtout sur l’ouverture de la Polynésie à l’extérieur qu’achoppent les négociations.
La grève repoussée à mardi : un peu plus de temps pour discuter
L’intersyndicale demande une remise en place de la quatorzaine obligatoire des voyageurs en site dédiés, « au moins le temps que l’épidémie se calme ». « La-dessus, on est tous d’accord », répète Cyril Legayic. Lors de la présentation du plan de relance hier, le président Fritch, mais aussi son ministre des finances Teva Rohfritsch, présent ce midi aux côtés de Jacques Raynal ou Christelle Lehartel, ont clairement exclu cette possibilité. « C’est un point extrêmement délicat », note Patrick Galenon, de la CSTP-FO. Sans présenter cette revendication comme un couperet des discussions, le porte-parole insiste sur la nécessité d’avancer sur la question du contrôle sanitaire des voyageurs. « S’ils ne nous mettent pas en face des mesures suffisamment strictes, on ne va pas tomber d’accord », pointe-t-il.
Malgré le manque d’avancées dans ces discussions, les syndicats continuent d’assurer que la grève générale, d’abord prévue à jeudi, puis reportée au mardi 8 septembre, peut être évitée. « Il y a des discussions entre les autorités et le patronat demain, et tout de suite après, on peut faire une tripartite », explique Cyril Legayic. La question est aussi d’éviter d’endosser la responsabilité d’un éventuel conflit, en plein effort de relance de l’économie. Accusés, hier par Édouard Fritch, de perturber le fenua au « mauvais moment », et de risquer de « faire échouer la pirogue polynésienne », les syndicats affichent à leur tour leur volonté de dialogue. « Le but c’est de s’entendre avec le président et avec tout le monde », explique Patrick Galenon.