La tension est montée d’un cran, ce matin, au port, un des points clés de la grève générale entamée hier. Les militants syndicaux empêchent les chargements dans la zone commerciale, à l’exception de certaines marchandises périssables. Des discussions avec les sociétés d’acconage doivent toutefois avoir lieu cet après-midi.
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L’intersyndicale avait promis une « montée en puissance » du mouvement, elle semble avoir eu lieu, ce jeudi, au port autonome. Au deuxième jour de cette « grève générale illimitée », les militants de CSTP-FO et de la CSIP ont installé un barrage filtrant à l’entrée de la zone commerciale du port. « On ne bloque pas tout ce qui sort, on laisse passer les engins qui font sortir les produits périssables, la pharmacie et les aliments », explique Yannick, un délégué syndical CSIP qui précise que les militants présents sur place proviennent des différentes entreprises conventionnées travaillant au port autonome, et notamment des sociétés d’acconnage. Le taux de grévistes serait particulièrement fort chez Cotada, important chez Satnui, mais ne touche pas en revanche la société Cowan, où le syndicat Aro Porinetia – O oe to oe rima a choisi de rester en dehors du mouvement.
Les représentants syndicaux doivent d’ailleurs rencontrer les dirigeants des sociétés d’aconage cet après-midi pour « discuter du déchargement des bateaux à venir ». « On avait des accords, à l’époque, avec eux, concernant le débarquement des bateaux, mais ils n’ont pas daigné nous recevoir, donc ces accords ne tiennent plus, explique Patrick Galenon, de la CSTP-FO. Donc à l’heure actuelle, on ne débarque pas les conteneurs et les bateaux sont obligés de repartir sans décharger ». Certains s’inquiètent déjà du déchargement de deux porte-conteneurs, qui doivent arriver à quai lundi matin avec des cargaisons importantes pour l’approvisionnement du pays. « On verra ce que ça donne, mais on a toujours trouvé des accords par le passé », précise un syndicaliste.
Négociations à l’arrêt avec le Pays
Hors du port, si les taux de mobilisation ne sont pas tous connus pour ce jeudi, la mobilisation semble encore une fois limitée. Dans le privé, le nombre de grévistes restent « minime », avance le patronat. Des piquets importants sont toutefois visibles devant EDT, mais aussi devant les différentes filiales de l’OPT, dont certaines agences restent fermées. Des perturbations de service sont aussi déplorées à la CPS et dans les aéroports. Air Tahiti a été de nouveau contraint à annuler tous ses vols vers Raiatea du fait de l’entrée en grève des pompiers de l’aéroport d’Uturoa. Les services du Pays comptent quant à eux près de 2% de grévistes, un chiffre en hausse par rapport à mercredi, principalement du fait d’une mobilisation à la Direction de la santé. D’après le gouvernement, 70 des 86 fonctionnaires territoriaux en grève seraient issus de ce secteur, avec un impact notable sur le fonctionnement de l’hôpital d’Uturoa. Le taux de grévistes est en revanche en baisse dans l’éducation où il ne dépasserait pas les 0,67%. Des revendications propres ont été déposées dans chaque établissement, et ont commencé à être négociées avant le début de la grève. « Ca avance bien, les patrons semblent ouverts à la discussion, reprend Patrick Galenon. Mais il y a toujours ces points – le Smig, la PSG et l’obligation vaccinale – qui dépendent du Pays ».
Du côté du Pays justement, Édouard Fritch avait adopté un ton offensif hier contre les syndicalistes, accusés de n’avoir jamais eu l’intention d’éviter la grève, d’avoir rejeté le « compromis honorable » proposé par le gouvernement et de mener un mouvement qui va à « contresens des intérêts du Pays ». « Il est dans son rôle, répond Patrick Galenon. Mais on ne l’a pas trompé. Trois de nos revendications essentielles ne sont pas retenues et il s’étonne qu’on soit en grève ? ».
Le secrétaire général de la CSTP-FO qui prévient au passage que la mobilisation pourrait « continuer à prendre de l’ampleur » ce weekend voire même la semaine prochaine. Aucune rencontre n’est aujourd’hui prévue entre les grévistes et le gouvernement, chacun attendant, depuis l’échec des négociations de mardi soir, que l’autre fasse le premier pas.