Poursuivi pour « outrage à magistrat » par le juge Gentil, le député UMP ne dira rien aux enquêteurs.
Henri Guaino ne compte pas s’expliquer. Le député UMP poursuivi pour avoir accusé le juge Jean-Michel Gentil d’avoir « déshonoré la justice », ne dira rien aux policiers chargés de l’enquête préliminaire sur cette affaire. Henri Guaino a invoqué dimanche l’affaire Dreyfus pour défendre son « droit imprescriptible » à critiquer le juge
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« J’en fais une affaire de principe ». « A priori, je n’ai pas l’intention de répondre aux questions de cette brigade », a déclaré l’ex-conseiller spécial de Nicolas Sarkozy au Journal du Dimanche. « J’en fais une affaire de principe », a expliqué Henri Guaino au JDD. « C’est la souveraineté du peuple qui est en cause dans cette affaire », a-t-il ajouté. « La justice a autre chose à faire et la police, encore plus », a conclu celui qui fut la « plume » de l’ex-chef de l’Etat.
« A moins qu’on y aille à 100 députés ». Le député UMP assure donc qu’il n’a pas l’intention de répondre aux questions de la police chargée de l’enquête préliminaire sur cette affaire. « A moins qu’on y aille à 100 députés », a-t-il ajouté. L’élu des Yvelines fait référence au soutien des 105 députés qu’il a reçu.
Dans une interview au Figaro, il assure que les élus s’étonnent de la décision du parquet d’ouvrir une enquête et qui reprennent à leur compte les propos valant à Henri Guaino ces poursuites. »Nous considérons que lorsqu’un parlementaire a le sentiment qu’un abus a été commis dans le fonctionnement des institutions de la République, il est de son droit et de son devoir de le dénoncer », écrivent les élus.
Gentil « a déshonoré la justice ». Pour rappel, après la mise en examen de Nicolas Sarkozy pour « abus de faiblesse » dans l’affaire Bettencourt, Jean-Michel Gentil avait fait l’objet d’un tir de barrage de proches de l’ancien chef de l’Etat. Et Henri Guaino s’était particulièrement fait remarquer en estimant que le juge d’instruction avait « déshonoré la justice ». « Je conteste la façon dont il fait son travail, je la trouve indigne, je trouve qu’il a déshonoré un homme, les institutions, la justice », avait notamment déclaré Henri Guaino.
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Poursuivi pour « outrage à magistrat ». Jean Michel Gentil et l’Union syndicale des magistrats avaient alors décidé de poursuivre Henri Guaino, pour « outrage à magistrat et discrédit jeté sur une décision de justice ». L’enquête a été confiée à la Brigade de répression de la délinquance sur la personne. Malgré l’ouverture de cette enquête, Henri Guaino n’avait pas hésité à réitérer ses propos : « le juge Gentil a sali l’honneur d’un homme, il a sali les institutions de la République et il a déshonoré la justice ».
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« Je n’ai pas dérapé du tout ». « J’ai choisi les mots que j’avais choisi d’employer », a plaidé l’élu sur France 5. « J’ai le droit, imprescriptible à mes yeux, d’avoir un jugement moral sur n’importe qui et surtout sur n’importe quel agent public », a-t-il souligné. « Il n’y a pas besoin d’enquête, mes propos sont publics ». « Les juges utilisent leur statut de juge, j’utiliserai mon statut de député », a justifié Henri Guaino. « Si on suivait les syndicats de magistrats, alors il faudrait immédiatement retirer de tous les manuels scolaires le ‘J’accuse de Zola’ qu’on fait apprendre à nos enfants pour essayer de leur donner une élévation morale, pour leur apprendre que la justice doit triompher de tout », a-t-il poursuivi.