Au dix-huitième jour de l’invasion russe, une base militaire ukrainienne tout près de la Pologne a été bombardée par l’armée russe, qui a affirmé dimanche y avoir « éliminé » des « mercenaires étrangers » et des « armes étrangères », tandis qu’un journaliste américain a été tué près de Kiev. Europe 1 fait le point sur la situation.
Kiev est de plus en plus cernée. Les troupes russes veulent neutraliser les localités avoisinantes pour bloquer la ville. L’envoyé spécial d’Europe 1, Nicolas Tonev, souligne que la population locale s’installe dans une économie de guerre. Pour ce qui concerne la nourriture disponible en magasin, les livraisons sont totalement erratiques et irrégulières. Des rayons se vident : la viande fraîche, le poisson frais, et les produits laitiers sont rares. Parfois, c’est au contraire l’abondance inexplicable, inattendue. Le prix du pain a presque doublé. Certains magasins l’offrent aux clients les plus modestes.
De nouvelles négociations russo-ukrainiennes lundi
Une session de négociations par visioconférence entre la Russie et l’Ukraine se tiendra lundi, a confirmé un conseiller du président Zelensky. Un négociateur russe a évoqué dimanche des « progrès significatifs », Kiev indiquant de son côté que Moscou avait cessé de lancer « des ultimatums » et commençait à « écouter attentivement nos propositions ». Depuis le début de l’offensive russe, trois tours de pourparlers ont eu lieu au Bélarus. Ils étaient focalisés sur la création de couloirs humanitaires pour les civils.
Moscou dit avoir tué des mercenaires étrangers
L’armée russe a affirmé avoir tué des « mercenaires étrangers » lors de frappes dimanche contre « la localité de Staritchi et la base militaire de Yavoriv » dans l’ouest de l’Ukraine, près de la frontière polonaise. « En conséquence de cette frappe, jusqu’à 180 mercenaires étrangers et une importante quantité d’armes étrangères ont été éliminés », a affirmé lors d’un briefing le porte-parole du ministère russe de la Défense, Igor Konachenkov, sans que ce chiffre ne puisse être confirmé de source indépendante par l’AFP.
35 morts dans une frappe russe près de la Pologne
Des frappes aériennes russes ont visé dans la nuit de samedi à dimanche une base militaire dans l’ouest de l’Ukraine, près de la frontière polonaise, faisant 35 morts et 134 blessés, selon un bilan communiqué par les autorités dimanche à la mi-journée. « La Russie a attaqué le Centre international pour le maintien de la paix et de la sécurité. Des instructeurs étrangers travaillent là-bas », a déclaré le ministre ukrainien de la Défense.
La base de Yavoriv, située à environ 40 kilomètres au nord-ouest de Lviv, a servi ces dernières années de terrain d’entraînement aux forces ukrainiennes sous l’encadrement d’instructeurs étrangers, notamment américains et canadiens. Elle était l’un des principaux centres servant aux exercices militaires conjoints avec l’Otan.
Un journaliste américain tué
Un journaliste américain a été tué et un autre blessé par balles dimanche à Irpin, à la lisière nord-ouest de Kiev, où les forces ukrainiennes combattent les forces russes, selon des sources concordantes. Les deux hommes ont été touchés à la mi-journée alors qu’ils circulaient en voiture avec un civil ukrainien, également blessé, a précisé à l’AFP un médecin engagé auprès des forces ukrainiennes. Les autorités ukrainiennes ont rapidement accusé les Russes d’avoir tiré sur les journalistes, mais l’origine des tirs était difficile à établir dans l’immédiat.
Les Russes tentent d’encercler Kiev
Les troupes russes cernent de plus en plus Kiev : présentes dans les faubourgs de la capitale, elles cherchent à éliminer les défenses à l’ouest et au nord de la ville pour la « bloquer » et ont détruit samedi l’aéroport avoisinant de Vassylkiv, selon les Ukrainiens. Dans le sud du pays, neuf personnes ont été tuées dans des frappes russes sur la ville portuaire de Mykolaïv, proche d’Odessa, ont indiqué dimanche les autorités.
Un convoi humanitaire attendu à Marioupol
Un convoi humanitaire est resté plus de cinq heures bloqué à un barrage russe samedi, et l’espoir était qu’il puisse parvenir à Marioupol ce dimanche, en provenance de Zaporojie via Berdiansk, a avancé samedi la vice-Première ministre ukrainienne Irina Verechtchouk. L’enjeu est crucial pour Marioupol : cette cité portuaire stratégique, située dans le sud-est du pays entre la Crimée et le Donbass, est plongée dans une situation critique, « quasi désespérée » selon Médecins sans frontières (MSF), manquant de vivres et privée d’eau, de gaz, d’électricité et de communications.
Des tentatives d’évacuation de centaines de milliers de civils ont échoué à plusieurs reprises. « Marioupol est toujours encerclée, ce qu’ils ne peuvent pas avoir par la guerre, (les Russes) veulent l’avoir par la faim et par le désespoir. Comme ils ne peuvent pas faire tomber l’armée ukrainienne, ils visent la population », analyse une source militaire française.