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Guerre en Ukraine : Moscou intensifie ses frappes sur le Donbass, l’ONU veut évacuer Marioupol

Au 64e jour de la guerre en Ukraine, les troupes de Vladimir Poutine intensifient leurs frappes et ciblent particulièrement le sud et l’est de l’Ukraine. Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres est attendu ce jeudi à Boutcha et Irpin, victimes de massacres imputés à l’armée russe.

Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres se rend ce jeudi dans la banlieue de Kiev, à Boutcha, Irpin et Borodianka, théâtres d’exactions imputées à l’armée russe par les Ukrainiens, tandis que Moscou poursuit son offensive dans l’est et le sud de l’Ukraine. Kiev accuse les forces russes d’avoir commis des massacres après la découverte de dizaines de cadavres portant des vêtements civils dans ces localités occupées puis abandonnées par l’armée russe. Le 2 avril, à Boutcha, des journalistes de l’AFP ont découvert l’horreur : une rue jonchée de cadavres. Et l’ONU a documenté le « meurtre, y compris certains par exécution sommaire », de 50 civils, après une mission dans la ville.

L’ONU prépare une tentative d’évacuation de Marioupol

La coordinatrice de l’ONU en Ukraine a annoncé jeudi qu’elle partait dans le sud du pays préparer une tentative d’évacuation de la ville de Marioupol, presque entièrement contrôlée par les forces russes. « Je vais à Zaporijjia pour préparer l’évacuation espérée de Marioupol » port stratégique pilonné et assiégé par les Russes dans le sud-est de l’Ukraine, a indiqué Osnat Lubrani sur Twitter.

Guterres qualifie la guerre « d’absurdité au 21e siècle »

Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a appelé jeudi Moscou à « accepter de coopérer » avec l’enquête de la Cour pénale internationale (CPI) sur de possibles crimes de guerre perpétrés en Ukraine, lors d’une visite à Boutcha, banlieue de Kiev devenue symbole des atrocités commises depuis le début de l’invasion russe.

« Quand nous voyons ce site horrible, je vois combien il est important d’avoir une enquête complète et d’établir les responsabilités », a déclaré Antonio Guterres. « J’appelle la Russie à accepter de coopérer avec la CPI », a-t-il ajouté.

Le Canada condamne « les actes de génocide envers le peuple ukrainien »

Mercredi, les députés canadiens ont adopté une motion condamnant les « actes de génocide contre le peuple ukrainien » menés par la Russie et affirmant qu’il existe « des preuves claires et abondantes de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité systématiques et massifs ».

Le chef des Nations unies est arrivé en Ukraine en provenance de Moscou où il a plaidé auprès de Vladimir Poutine pour un cessez-le-feu « dans les plus brefs délais ». Il s’est également dit « préoccupé par les rapports répétés faisant état de possibles crimes de guerre », jugeant qu’ils « requièrent une enquête indépendante ».

« Chantage russe »

De son côté, l’Union européenne a accusé mercredi la Russie de « chantage » après qu’elle eut cessé la fourniture de gaz à la Pologne et à la Bulgarie, tandis que les Occidentaux poursuivent leurs efforts pour armer les Ukrainiens face à la Russie. La Grande-Bretagne a appelé mercredi les alliés de l’Ukraine à faire preuve de « courage » en augmentant leur aide militaire, arguant que la guerre en Ukraine était « notre guerre » et la victoire de Kiev un « impératif stratégique pour nous tous ».

« Armes lourdes, chars, avions – creuser dans nos stocks, accélérer la production, nous devons faire tout ça », a lancé mercredi soir dans un discours à Londres la cheffe de la diplomatie britannique Liz Truss. Le président russe a de son côté à nouveau mis en garde contre toute intervention extérieure dans le conflit en Ukraine, promettant une riposte « rapide et foudroyante ».

Moscou s’efforce en attendant de cibler cette aide militaire et le ministère russe de la Défense a affirmé mercredi que « des hangars avec une grande quantité d’armes et de munitions étrangères, livrées aux forces ukrainiennes par les États-Unis et des pays européens, avaient été détruits avec des missiles Kalibr tirés de la mer sur l’usine d’aluminium de Zaporojie », dans le sud de l’Ukraine.

Le gouverneur de cette région a cependant apporté un ferme démenti : « Aucun dépôt de munitions et d’armes n’a été touché à Zaporojie », a-t-il rétorqué, martelant que l’usine atteinte « n’était plus opérationnelle depuis six ans ». Les troupes russes bombardent aussi ponts et voies ferrées pour ralentir les livraisons d’armes occidentales à l’Ukraine, avait expliqué mardi un conseiller du ministre ukrainien de l’Intérieur, après la destruction d’un pont stratégique reliant ce pays à la Roumanie.

Poursuite de l’offensive russe

Les forces russes, qui intensifient depuis deux semaines leur offensive sur le Donbass, ont annoncé mercredi avoir effectué des frappes aériennes sur 59 cibles ukrainiennes. Parallèlement, l’armée ukrainienne a, fait rare de sa part, reconnu des avancées russes dans l’est, dans la région de Kharkiv et dans le Donbass, un bassin minier en partie contrôlé par des séparatistes prorusses depuis 2014.

Kiev a admis que les Russes avaient pris des localités s’égrenant du nord au sud, laissant penser que Moscou veut prendre en étau une large poche encore aux mains des Ukrainiens. « Nous avons des semaines extrêmement difficiles à venir », a prévenu dans un communiqué mercredi le ministre ukrainien de la Défense, Oleksiï Reznikov. Selon lui, l’armée russe, « déjà consciente de sa défaite stratégique, va tenter d’infliger le plus de souffrances possibles » aux soldats ukrainiens qu’il a exhortés à « tenir le coup ».

À Kherson (sud) – première grande ville dont se sont emparées les forces russes après leur invasion de l’Ukraine lancée le 24 février -, « les occupants ont lancé des grenades lacrymogènes contre des manifestants ukrainiens qui scandaient ‘Kherson est l’Ukraine !' », a indiqué l’armée ukrainienne dans un communiqué. Des manifestants « ont été blessés et interpellés », a ajouté la même source sans fournir davantage de détails.

« Sauvez la garnison de Marioupol »

À Kharkiv, dont les quartiers nord et est sont à moins de 5 km de la ligne de front, au moins trois personnes ont péri et 15 ont été blessées dans des bombardements, a déclaré le gouverneur Oleg Synegoubov. À la pointe sud du Donbass, dans la ville portuaire stratégique de Marioupol, assiégée et dévastée, « l’ennemi bombarde massivement et bloque nos unités près de l’usine d’Azovstal », a affirmé de son côté le ministère ukrainien de la Défense dans son rapport quotidien.

Le commandant de la 36e Brigade des Marines de Marioupol, Sergueï Volyna, a lancé un nouvel appel à l’aide, soulignant avoir avec lui 600 soldats blessés et des centaines de civils. « Mon message aujourd’hui est : sauvez la garnison de Marioupol, menez pour nous une opération d’exfiltration. Les gens vont simplement mourir ici (…) les civils meurent avec nous (…) la ville est quasiment effacée de la surface de la Terre », a-t-il imploré dans un message relayé sur Telegram.

Selon le conseiller présidentiel ukrainien Oleksiy Arestovich, « les efforts des envahisseurs russes sont concentrés autour de Slovyansk, Kramatorsk et Marioupol » où ils tentent de déloger les militaires ukrainiens barricadés dans le complexe métallurgique d’Azovstal et où se trouvent également des centaines de civils.

Des efforts sont déployés, a-t-il assuré, pour « contraindre Vladimir Poutine à les relâcher ». « Les civils d’abord, mais nous travaillons aussi pour évacuer nos soldats », a-t-il souligné.

L’UE « unie et solidaire » face à l’arme russe du gaz

Sur le terrain économique, le groupe russe Gazprom a annoncé mercredi avoir suspendu toutes ses livraisons de gaz à la Bulgarie et à la Pologne, assurant que ces deux pays n’avaient pas payé en roubles, comme l’exige depuis mars Vladimir Poutine. La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a dénoncé un « chantage au gaz » et affirmé que ces deux pays membres de l’UE et de l’Otan, très dépendants du gaz russe, étaient désormais approvisionnés « par leurs voisins de l’Union européenne ».

Les ministres européens en charge de l’énergie se réuniront lundi 2 mai en « session extraordinaire », a annoncé mercredi soir la ministre française en charge de la Transition écologique, Barbara Pompili. Ces événements surviennent à un moment où de nombreuses chancelleries s’inquiètent du risque d’extension du conflit, après une série d’explosions, attribuées par Kiev à Moscou, dans la région séparatiste prorusse de Transnistrie, en Moldavie.

« Nous condamnons fermement de telles actions. Les autorités moldaves veilleront à empêcher la république d’être entraînée dans un conflit », avait déclaré mardi la présidente moldave Maïa Sandu, exhortant la population au calme. Mercredi, les autorités de ce territoire séparatiste ont déclaré qu’un village frontalier hébergeant un important dépôt de munitions de l’armée russe avait été la cible de tirs en provenance d’Ukraine.

Pour venir en aide à l’Ukraine, la Commission européenne a proposé mercredi de suspendre pendant un an tous les droits de douane sur les produits importés de ce pays dans l’UE. La proposition doit encore être approuvée par le Parlement européen et les 27 États membres.

Le président Volodymir Zelensky a salué la proposition ajoutant que la Russie « tente de provoquer une crise mondiale des prix » et le « chaos » sur le marché alimentaire mondial. Le président ukrainien a également indiqué mercredi sur Twitter s’être entretenu avec son homologue indonésien qui l’a invité au sommet G20, à Bali, en novembre.

En partenariat avec Europe 1.