Un documentaire diffusé mardi soir sur France 2 donne la parole à six jeunes qui ont vécu l’enfer au collège ou au lycée. Des témoignages poignants.
Ils s’appellent Jonathan, Emeline, Agathe, Jacky, Charlène et Lucas. Dans Souffre-douleurs, ils se manifestent*, documentaire poignant diffusé mardi en deuxième partie de soirée sur France 2, ces six jeunes, aujourd’hui majeurs pour la plupart, reviennent sur leurs années collège ou lycée. Des années où ils ont vécu l’enfer au quotidien, victimes de brimades, d’insultes en tout genre, de coups souvent.
« Une routine qui s’installe ». Face caméra, Charlène raconte avoir subi les pires humiliations pendant quatre ans au collège, simplement parce qu’elle était « boulotte » et « fan de Lorie ». Emeline a enduré les moqueries de ses camarades à cause de ses deux dents de devant grisâtres. Jacky, lui, est devenu la cible de la cour de récréation parce qu’il était bègue. Après le temps des moqueries, les coups de pied dans le ventre sont devenus quasi-quotidiens.
Comme un élève sur cinq, Jacky n’en a parlé à personne. « Au fil du temps, c’est comme une petite routine qui s’installe, on sait que l’on va se faire frapper et qu’on peut rien faire, et il vaut mieux ne rien faire si l’on ne veut pas que ça s’aggrave », raconte t-il, dans une confidence glaçante.
« Les adultes vous abandonnent ». Ce qui ressort du documentaire, c’est l’extrême solitude vécue par ces adolescents. « Les adultes vous abandonnent, c’est à partir de ce moment-là que vous perdez votre humanité », estime Charlène. Pour chacun d’eux, l’école n’a pas su les protéger. « Les surveillants regardaient sans plus. Les profs baissaient la tête », se remémore Emeline.
Par honte, crainte des représailles ou pour protéger leurs parents, Jonathan, Emeline, Agathe, Jacky, Charlène et Lucas ont souvent passé sous silence leur calvaire pendant de longues années. « J’avais peur des représailles, peur que ma mère en parle au proviseur, que ce soit encore pire pour moi après », confie Emeline. « Je n’en ai jamais parlé parce j’avais peur de mettre mes parents en danger », renchérit Jonathan, racketté pendant toutes ses années collège.
« On essaie de devenir transparent ». Au sein de l’établissement scolaire, les souffre-douleur cherchent des parades pour éviter leurs agresseurs. « On essaie de devenir transparent, de passer le plus possible inaperçu », raconte Charlène. Eviter la cour de récréation. Trouver un refuge provisoire, que ce soit les toilettes, le CDI – « J’ai dû lire 70% des livres du CDI pour éviter tout le monde », raconte, dans un sourire, Charlène – ou les escaliers cachés du collège ou du lycée.
Pas de répit. Hors de l’établissement scolaire, le harcèlement n’en finit pas pour autant. Les insultes continuent, la plupart du temps sur les réseaux sociaux. « Mes harceleurs ont partagé mon compte Facebook partout pour dire que je suçais pour 20 euros », raconte Emeline. La lycéenne décide de fermer son compte. Les injures continuent sur Ask, le réseau social investi par les adolescents. En guise de question anonyme, Emeline peut lire : « Vas te suicider, vas te pendre, t’es un déchet de la société ».
*Souffre-douleurs, ils se manifestent, diffusé mardi à 22h25 dans Infrarouge sur France 2, est accompagné d’une plateforme d’informations où chacun peut témoigner.