Des chercheurs de plusieurs pays du Pacifique, des experts régionaux et internationaux sont réunis pendant trois jours, à l’initiative de l’institut Malardé, pour réfléchir à l’éthique et à la réglementation des recherches dans le Pacifique. Notamment celles qui concernent les populations, dans la santé par exemple, ou les études génétiques, de plus en plus fréquentes.
Certains pays du Pacifique sont déjà bien organisés en termes de recherches avec des cadres et des « process » précis à respecter. D’autres n’en sont pas là et doivent être accompagnés pour écrire leur réglementation. C’est l’objectif de ce workshop « Brick Pacific » organisé par l’institut Malardé et financé en partie par le Fonds du Pacifique. L’organisatrice et docteur, Van Mai Cao-Lormeau, directrice du laboratoire de recherche sur les infestions virales émergentes à Malardé, explique que cet atelier « s’inscrit dans le cadre d’un projet qui a pour objectif de s’intéresser à tout ce qui concerne l’éthique et la réglementation pour l’inclusion de personnes dans les recherches. C’est un projet focalisé sur la situation dans le pacifique et en particulier les petits états et territoires insulaires ».
Prendre en considération la « dimension culturelle »
Si la recherche se développe, elle ne se déroule pas toujours dans un cadre bien adapté au contexte Pacifique. Certains ont leur propre règles d’encadrement de la recherche, bien sûr, mais beaucoup de pays se contentent d’appliquer des normes développées ailleurs, dans des états où la recherche est plus développé et les cadres depuis longtemps posés. Ce qui soulève des questions sur la prise en compte ou non de la dimension culturelle locale. D’autres encore n’ont pas du tout de cadre. Pour le moment en tout cas. Le docteur Van Mai Cao-Lormeau a justement présenté les résultats d’une enquête dressant un état des lieux. « L’objectif était d’essayer de comprendre comment est-ce que la recherche impliquant les communautés du pacifique se déroulait, s’il y avait un cadre, si la dimension culturelle était prise en considération ou si c’était juste une mise en application de schémas existant dans les grands pays et qui ne sont pas forcément adaptés au contexte et aux spécificités culturelles des populations. »
Protéger les populations
Il s’agit d’harmoniser les règles entre les pays et les territoires du Pacifique mais aussi de protéger la population. « Il y a une grande pression aujourd’hui de la communauté scientifique pour des recherches qui impliquent la génétique humaine. Il y a des outils qui existent pour séquencer les pathogènes. Puisque tous ces outils se démocratisent, il y a une pression pour que la recherche se développe mais il faut pouvoir faire en sorte que tout ça se déroule dans un certain cadre car ça produit des données, que les populations puissent être conscientes de ce qu’il va se passer quand elles s’incluent dans les recherches, qu’elles puissent avoir une traçabilité sur ce qu’il advient à la fois des échantillons et des données associées. »
Il est également question de créer un consortium pour resserrer encore plus les liens entre les chercheurs des pays du Pacifique. L’éthique sur les recherches en génétique deviendrait une des priorités. Cet atelier régional se terminera jeudi 11 avril par la visite de l’Institut Malardé : les centres Innoventomo et Ciguaprod à Paea et le laboratoire de Papeete.