ACTUS LOCALESPOLITIQUE Hausse des taxes sur les billets d’avion : Paris promet d’épargner les outre-mers Charlie Réné 2024-10-16 16 Oct 2024 Charlie Réné Le nouveau ministre de l'Économie et des Finances Antoine Armand. ©Sénat/OM360 Le gouvernement de Michel Barnier envisage de tripler la « taxe Chirac » sur les billets d’avion. D’après les organisations professionnelles, vent debout contre cette hausse, les billets au départ et à l’arrivée de la métropole devrait ainsi coûter entre 50 et 200 euros de plus suivant les distances et la classe de voyage. Interrogé par une sénatrice antillaise sur les conséquences pour les voyageurs ultramarins, le ministre de l’Économie et des Finances Antoine Armand a assuré qu’il ferait en sorte que cette hausse « ne touche pas les compatriotes qui se rendent de leur pays à leur pays ». Un milliard d’euros, soit 120 milliards de francs. Ce sont les recettes supplémentaires que le gouvernement de Michel Barnier, qui débute une bataille difficile pour faire voter le budget 2025 de l’État, veut tirer de la TSBA. Cette taxe de solidarité sur les billets d’avion, dite aussi « taxe Chirac » et prélevée sur tous les billets partant ou arrivant d’un aéroport métropolitain (ou d’un département d’outre-mer) représente actuellement un produit de 462 millions d’euros. Il s’agit donc de tripler son rendement, au nom du « verdissement » de la fiscalité… et au service du redressement des finances publiques nationales, qui ont connu plus de 300 milliards d’euros de déficit cumulé ces deux dernières années. 6 000 à 24 000 francs de plus par billet Sans surprise, l’annonce de cette hausse de taxe a provoqué une levée de boucliers ces dernières semaines. Des dirigeants de l’aérien, notamment le PDG d’Air France-KLM, ont alerté sur une chute de compétitivité des compagnies françaises, les organisations sectorielles estiment que certains vols et passagers se réorienteront sur d’autres aéroports européens, les syndicats se sont interrogés sur les conséquences de cette décision sur l’emploi… D’après les calculs de ces organisations, citées par les médias nationaux, la contribution pour un billet long-courrier, qui oscille aujourd’hui entre 3 et 60 euros (avec des abattements avantageux pour les outre-mer) augmenterait dès 2025 de 50 euros (6 000 francs) en classe éco à 150 voire 200 (24 000 francs) en classe affaires. 🎙️ Taxes aériennes dans les territoires d’outre-mer@AnnickPetrus (@LesRep_Senat) questionne @antoine_armand : “Quand va-t-on enfin cesser de prendre plus à ceux qui ont déjà le moins ?”#QAG #DirectSénat pic.twitter.com/y1DlzdIc2o — Sénat (@Senat) October 16, 2024 Mais ce sont surtout des représentants ultramarins qui ont donné de la voix ces derniers jours, comme ils l’avaient d’ailleurs déjà fait lors du dernier projet de surtaxation des billets, entre 2022 et 2023. Après un communiqué de French Bee et Air Caraïbes dénonçant une nouvelle charge fiscale sur des compagnies ultramarines déjà fragiles, les politiques ont pris le relais. Les ultramarins « sacrifiés » ? Christian Baptiste, député socialiste guadeloupéen, a ainsi dénoncé le « sacrifice de millions de concitoyens ultramarins au profit d’une logique comptable déshumanisée », quand la région Réunion a rappelé, dans un communiqué, que le projet « porte directement atteinte aux conditions de circulation des citoyens ultramarins sur le territoire de la République ». Ce mercredi, comme le rapporte notre partenaire Outremers 360°, c’est au Sénat que la question a été soulevée. La représentante de Saint-Martin Annick Petrus s’est inquiétée d’une possible « hausse significative des prix des billets pour la liaison entre les Outre-mer et l’Hexagone », au risque « d’accentuer la fracture territoriale ». Face à elle, dans l’hémicycle, le ministre de l’Économie et des Finances Antoine Armand a assuré du « souci permanent du gouvernement que nos compatriotes ultramarins ne soient pas affectés ou le moins possible par cette taxe et ce prélèvement, parce que nous connaissons la situation qu’ils traversent ». Pas d’annonces fermes d’exonération des voyages vers les outre-mers, mais l’exécutif se dit « engagé pour que le calibrage du prélèvement éventuel de la taxe (de) solidarité sur les billets d’avion ne touche pas les compatriotes qui se rendent de leur pays à leur pays ». La hausse de la TSBA devrait quoiqu’il arrive être longuement discutée, à l’assemblée comme au Sénat, dans le cadre des débats budgétaires de fin d’année. Cliquez pour partager sur Facebook(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur Twitter(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur LinkedIn(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquer pour imprimer(ouvre dans une nouvelle fenêtre)