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Heiva i Tahiti : faut il imposer un quota de tane par groupe ?

Les organisateurs du Heiva i Tahiti ont dévoilé les noms des douze formations qui participeront à la prochaine édition. Depuis, les danseurs et danseuses du fenua sont en effervescence… tous veulent intégrer l’un des groupes qui va fouler la scène de To’ata. Certains groupes ont même déjà lancé leur recrutement. Mais, parmi les amateurs de ‘ori tahiti, certains évoquent déjà le « manque de garçons » dans les formations les moins connues. Une problématique d’effectif récurrente, selon Tiare Trompette, et dont la solution se trouve en fait dans les quartiers : pour elle, les chefs de groupe devraient recruter plus de danseurs sans expérience.

À plus de 200 jours du lancement du Heiva i Tahiti 2025, prévu du 3 au 19 juillet prochain, Te Fare Tauhiti Nui a déjà dévoilé les noms des troupes de danse inscrites. Le public pourra donc assister, lors de la prochaine édition, aux prestations de Hei Tahiti, Teva i Tai, Temaeva, Manohiva, Heikura Nui et Tamariki Poerani, inscrits dans la catégorie professionnelle (hura tau). Dans la catégorie amateur (hura ava tau), les spectateurs pourront apprécier les shows de Atoroira’i, de Ho Mai, Te Ta’imanarau, Tamarii Haumaire, Tapairu Tahiti et Ha’avai. Au total, douze formations, deux de plus que les deux années passées, vont faire vibrer la scène de To’ata l’an prochain. Une annonce qui met un coup de boost aux danseuses et danseurs du fenua.

« Avoir de la masse sur scène »

Tous sont, comme toujours, très enthousiastes quand il s’agit de ce rendez-vous, mais certains se questionnent sur le manque de garçons dans certaines formations. C’est le cas de Moana Sandford, un danseur qui a démarré le ‘ori tahiti en 2011 aux côtés de Tahiti Ora et qui, depuis, enchaîne les expériences. « Tous les ans, on se retrouve avec les grands groupes qui vont essayer d’avoir le maximum de garçons pour avoir de la masse sur la scène, évidemment. Ce qui fait qu’après, on a d’autres groupes qui arrivent avec beaucoup de filles sur scène mais peu de garçons… ça fait un peu tristounet quand même, je trouve. Cette année, il y a douze groupes de danse quand même, et j’ai peur, vu les grands groupes qui se présentent, qu’il y ait des groupes où il n’y aura pas beaucoup de garçons du tout, quoi. ».

Une inquiétude qu’il a partagée sur les réseaux sociaux en évoquant, pourquoi pas, la mise en place d’un quota “maximum de danseurs et de danseuses”. Selon lui, “cela permettrait d’avoir des formations plus équilibrées et de ne pas donner le monopole aux grands groupes” qui, en quelque sorte, s’assurent la victoire “en prenant tous les meilleurs danseurs et danseuses” et en laissant aux autres groupes « le peu » qu’il reste. Car ce n’est un secret pour personne : certaines formations sont plus convoitées que d’autres, tant par les danseuses que par les danseurs. À entendre Tiare Trompette, la cheffe de groupe de Hei Tahiti, qui fait partie de ces grands groupes pour lesquels on se bouscule, c’est un faux problème.

Aller chercher des danseurs dans les quartiers 

Pour elle, il s’agit d’abord de créer un « lien de confiance » avec les danseurs, qui ne doivent pas forcément être aguerris. « Personnellement, j’ai commencé avec 30 danseurs », assure celle qui, à plus de huit mois du prochain Heiva, doit choisir 160 danseurs et danseuses parmi 293 prétendants. Selon elle, pour « combler les effectifs » des groupes qui doivent encore faire leurs preuves, il faut accepter de prendre des nouveaux. « Moi, ce que je peux proposer aux chefs de groupe qui ne trouvent pas de danseurs, c’est d’aller dans les quartiers. Il faut motiver les gens de l’endroit où ils répètent. Comme ça, ils viennent avec leurs vélos, ils se débrouillent pour venir sur le lieu de répétition. C’est le seul moyen pour pallier le manque de danseurs. En fait, il faut prendre du temps avec ces gens-là. Aujourd’hui, on est exigeants : on veut des gens qui savent danser, on veut des gens qui savent faire leurs costumes. Oui, mais à un moment donné, on ne peut pas tout avoir. Il faut aussi que les chefs de groupe puissent prendre du temps avec ces gens-là, pour leur donner le goût, l’envie d’être au Heiva. »

Tiare Trompette insiste aussi sur le fait que, ces dernières années, le règlement du Heiva i Tahiti a subi une refonte en concertation avec tous les artistes impliqués. Ce règlement fixe déjà un nombre limité « d’éléments minimum et maximum ». « Depuis 2021, on travaille sur un règlement qui a été revisité et revisité. Donc, à un moment donné, il faut qu’on s’arrête aussi et qu’on nous laisse le temps, à nous, chefs de groupe, de pouvoir travailler », dit-elle encore. Les dernières « consultations » en lien avec une nouvelle révision du règlement, effective dès 2025, ont eu lieu en août. Un nouveau règlement doit être validé le 18 janvier à l’occasion du prochain conseil d’administration de Te Fare Tauhiti Nui.

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