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 « Henry Adams et les Mémoires de Ariitaimai », un colloque d’exception à l’UPF

Florent et Carole Atem organisent à l’UPF, où ils enseignent tous deux, un colloque consacré aux Mémoires de Ariitaimai, fruit du séjour à Tahiti de l’historien américain Henry Adams. L’occasion de découvrir ou redécouvrir « un jalon important de l’historiographie tahitienne », une personnalité majeure de l’histoire de Tahiti, et l’un des rares témoignages directs des temps anciens.

L’un est spécialiste de civilisation américaine, l’autre de littérature française classique et particulièrement du « roman-mémoires », et leur père avait consacré sa thèse de doctorat au livre de Henry Adams, Les Mémoires de Ariitaimai : il n’est donc guère étonnant que la famille Atem soit à l’initiative du colloque de 4 jours qui se tiendra à l’Université de la Polynésie française du 27 février au 2 mars. Le livre constitue la première histoire de Tahiti écrite avec le soutien de la famille qui est au centre de l’histoire de l’annexation de Tahiti par la France, et les deux organisateurs y voient la croisée des pensées américaine, française et océanienne.

Le 4 février 1890, l’historien Henry Adams, petit-fils et arrière-petit-fils de deux présidents américains, se lance dans un périple dans les mers du Sud après une succession de difficultés personnelles. « Comme beaucoup d’intellectuels de son époque, il part se ressourcer dans des sociétés dites ‘primitives’, dit Florent Atem, maître de conférences en langues et littératures anglaises et anglo-saxonnes. Il passe par Hawaii, qui le déçoit car déjà trop américanisée, par Samoa, où il se mue en anthropologue, puis arrive à Tahiti où là, c’est l’extase, il rencontre la famille Salmon et Ariitaimai, en qui il retrouve sans doute quelques utopies fondatrices de la jeune république américaine. »

Son séjour de 4 mois à Tahiti aura une forte influence sur lui, qui transparaît non seulement dans l’ouvrage publié en 1893, puis augmenté et réédité en 1901, mais aussi dans son œuvre majeure, The Education of Henry Adams, qui expose « sa philosophie des forces contradictoires, de l’unité et de la multiplicité », poursuit Florent Atem. Les mémoires de cette femme de près de 70 ans à l’époque, dont les récits étaient traduits en anglais pour Adams par deux de ses enfants, Marau et Tati, sont une construction « hybride, presque ventriloque », dit Carole Atem.

Le colloque explorera aussi l’importance du livre dans l’historiographie du Pacifique, la place des femmes politiques en Polynésie entre la « découverte » et l’annexion, le parallèle avec la dernière reine de Hawaii, ou encore les fragments de chants et légendes contenus dans le livre. Les participants – 6 professeurs américains, des professeurs et des étudiants de l’UPF en master et doctorat, ainsi que des descendants de la famille Salmon qui vont dévoiler des éléments de leur patrimoine familial inconnus du grand public – se rendront également à Papara sur les terres et les marae des Teva, le plus puissant clan de Tahiti avant l’avènement de la dynastie Pomare. Félix Atem y donnera une restitution des travaux en reo tahiti, une première dans le monde universitaire.

Les actes du colloque seront publiés par la suite. Florent Atem espère enfin que les travaux du colloque puissent inspirer un approfondissement du sujet dans les manuels scolaires des élèves polynésiens.

Le programme du colloque :

 

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