Paris (AFP) – Toujours aussi impopulaire, François Hollande s’est posé jeudi en défenseur de l’Etat de droit face au terrorisme dans un discours aux airs de pré-campagne où il n’a pas ménagé ses attaques contre la droite, en particulier Nicolas Sarkozy.
Durant un peu plus d’une heure, le président de la République a largement dépassé le thème de son discours, « La démocratie face au terrorisme », pour lancer l’offensive tous azimuts.
Salle Wagram, du nom de l’une des victoires décisives de Napoléon, et devant un public acquis, il s’est dit déterminé à poursuivre « obstinément le combat » contre le terrorisme, même s’il a reconnu que ce dernier serait de longue haleine.
Celui qui a connu une vague d’attentats sans précédent en France (238 morts depuis janvier 2015) a évoqué des « tentatives » déjouées « ces derniers jours » et a de nouveau prévenu que ce combat serait de longue haleine.
M. Hollande qui avait déclenché au soir du 13 novembre un état d’urgence, prolongé jusqu’à aujourd’hui malgré des réticences à gauche, et s’est englué dans un interminable débat sur la déchéance de nationalité, a voulu se poser en défenseur de l’Etat de droit, rejetant tout « Etat d’exception » contre les attaques jihadistes.
La seule voie « qui vaille, la seule qui soit efficace, c’est celle de l’Etat de droit », a-t-il martelé, ne ménageant pas ses coups contre ceux qui à droite « battent les estrades en recourant à toutes les surenchères pour mieux se distinguer à l’intérieur de leur camp ».
Il a plus particulièrement éreinté les « arguties juridiques » évoquées par Nicolas Sarkozy qui empêcheraient, selon l’ancien président, de lutter contre le terrorisme, ou balayé l’idée d’interner sans jugement les personnes radicalisées. Cette défense de l’Etat de droit est un slogan pour masquer son « impuissance » en matière de sécurité, a rétorqué dans la soirée M. Sarkozy lors d’un meeting à Vendôme (Loir-et-Cher)
Ecartant toute loi interdisant le burkini, M. Hollande s’est aussi présenté en défenseur de la laïcité qui n’est pas la « religion d’Etat contre les religions », relevant que les musulmans faisaient partie des principales victimes du terrorisme jihadiste.
« Il n’y aura pas de législation de circonstance aussi inapplicable qu’inconstitutionnelle », a-t-il promis.
– « Meeting de campagne » –
Sur le plan politique, François Hollande a lancé l’offensive pour 2017, raillant avec des accents de candidat déjà prêt à en découdre, ces responsables de l’opposition qui « pensent que l’élection c’est la primaire ».
L’élection, c’est « ce combat d’une vie », a estimé celui qui doit annoncer – ou non – officiellement sa candidature début décembre.
Face à l’offensive d’Emmanuel Macron et l’avalanche de postulants à gauche pour 2017, M. Hollande a aussi voulu se placer au centre du jeu insistant sur le fait qu’il était jusqu’au mois de mai le seul à avoir « l’onction » du suffrage universel.
Il a en outre défendu le modèle social, « patrimoine commun des Français », avertissant qu’il se battrait « toujours » contre « l’Etat d’exclusion » que voudrait selon lui bâtir la droite. Sur le plan institutionnel, il a notamment affirmé vouloir « limiter le cumul des mandats dans le temps » pour les élus.
Cette initiative intervient alors que le président est plus que jamais en butte à des sondages catastrophiques. Dans une étude Elabe publiée jeudi, il est à son plus bas niveau depuis juin 2012, avec 15% des sondés qui lui font confiance.
Saluée par Manuel Valls qui a loué « un Président, incarnation du suffrage universel » et par Jean-Christophe Cambadélis pour qui il s’est montré « prêt au combat pour défendre une certaine idée de la France », l’intervention de M. Hollande a été raillée par le porte-parole de Nicolas Sarkozy, Eric Ciotti.
« Les Français attendaient un chef de guerre contre le terrorisme, ils ont retrouvé un médiocre, tout petit chef de parti », a-t-il déclaré sur RCJ, jugeant l’exercice « indigne sur la forme ». « C’est là un naufrage auquel nous assistons », a de son côté commenté Alain Juppé lors d’un déplacement à Aubervilliers.
Pour le Parti de gauche, Danielle Simonnet a regretté d’avoir assisté à « un meeting de campagne, comme s’il n’était pas président depuis 5 ans, en voulant enfermer le débat entre deux camps, celui des républicains qu’il prétend incarner contre celui des surenchères ».