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Ils dérobent 183 kilos d’avocat et se font cueillir la main dans le sac

Deux hommes étaient jugés ce lundi pour avoir tenté de voler le fruit du travail d’une exploitante de la presqu’île. Ceux-ci avaient rempli plus de cinq sacs d’avocats, avant d’être surpris par des voisins, ce samedi. Le principal mis en cause a été condamné àhuit mois de prison tandis que son complice, un sans-abri recruté en bord de route a écopé de trois mois avec sursis.

Près de 50 kilos de citrons en 2018, encore 30 kilos d’agrumes l’année suivante, puis 30 kilos d’avocats. Absente au tribunal, c’est par la voix de son… avocat qu’une exploitante agricole de Taravao énumère les vols dont elle est victime depuis plusieurs années. Ce lundi, son conseil exprime son soulagement : après trois plaintes classées sans suite, un premier cas est enfin jugé en correctionnelle. Celui de deux hommes, poursuivis pour vol en réunion, après avoir été pris sur le fait samedi dernier, en pleine cueillette illégale. Le plus âgé, un sans-abri déjà connu pour des faits de vol mais hors des radars depuis douze ans, avait été surpris par des voisins, en train de remplir son sixième sac de fruits. Il s’était alors rendu sans bouger un orteil.

Les avocats bio n’étaient même pas mûrs

Son complice en revanche, venu avec un crochet pour faire tomber les avocats, avait été interpellé par les gendarmes un peu plus loin. Lui aussi connu pour vol, dont le dernier remontait à 2020, cet homme de 36 ans avait pris la fuite, sitôt repéré. Laissant le quinquagénaire seul avec le butin, 183,5 kilos au total, soit environ 73 000 francs à la revente. Pour la propriétaire, le préjudice est double : cueillis avant leur maturité, les avocats sont invendables, indique son conseil. « On prive une famille et des ouvriers agricoles du fruit de leur travail, très chronophage, qui demande une certaine éthique puisque l’exploitation est bio », pointe l’avocat. Il demande 650 000 francs de dommages-intérêts.

À la barre, les deux prévenus expliquent avoir agi par appât du gain. Pour le plus âgé, l’explication est simple : à la rue, il avait été interpellé par le trentenaire quelques minutes avant les faits. Ce dernier lui avait promis 3 000 francs en échange de son aide dans une propriété agricole. « Je me suis douté qu’il y avait quelque chose de louche, mais je ne savais pas que le terrain ne lui appartenait pas, je m’en suis rendu compte quand les voisins nous ont interpellé », plaide-t-il.

Un plan de pieds nickelés… commandité ?

Du côté du principal mis en cause, l’histoire est plus floue. Cet habitant de Faa’a explique avoir projeté de revendre les fruits défendus au marché, pour subvenir aux besoins de sa famille. Mais concède avoir tout de même déboursé 9 000 francs pour louer le scooter, qui devait lui permettre de rapatrier les différents sacs, « en plusieurs allers-retours ». Un plan plus qu’incompréhensible pour la présidente. « J’ai du mal à saisir qu’un homme sans ressources, qui vit à Faa’a, loue un scooter à 9 000 francs, aille à Taravao, trouve un gars au hasard en bord de route et projette de faire des allers-retours avec cinq sacs et demi », résume-t-elle. Pour l’avocat des parties civiles et la procureure, pas de doute : le vol des fruits a germé dans l’esprit d’un commanditaire. Argument conforté par la répétition des méfaits dans l’exploitation. Dans le box, le concerné nie l’implication de toute autre personne. « Nous n’en saurons pas d’avantage », regrette le ministère public.

Le principal mis en cause, également poursuivi pour avoir avoué en garde à vue qu’il cachait du paka dans son caleçon, ne reverra pas les vergers de sitôt : il a été condamné à huit mois de prison ferme. De son côté, le marginal recruté à la va vite a reçu trois mois avec sursis simple. Ils devront aussi payer 230 000 francs à la victime. Leur avocat n’a rien pu faire.

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