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Impôts : les hauts et les bas du quinquennat Hollande

© PHILIPPE WOJAZER / POOL / AFP

Après une pluie de hausses fiscales, le chef de l’Etat a commencé à alléger la pression et veut aller plus loin. Mais le pari est risqué.

« Il y a aura des baisses d’impôts quoi qu’il arrive en 2016 ». La phrase devrait poursuivre François Hollande ces prochains mois. Le chef de l’Etat l’a promis jeudi en Isère devant micros et caméras : les prélèvements diminueront l’année prochaine. Une annonce peu surprenante à un an et demi de l’élection présidentielle, alors que le ras-le-bol fiscal reste vif.

Cette promesse permet d’abord à François Hollande de respecter un credo martelé depuis longtemps : le premier temps du quinquennat était celui des efforts, le second sera consacré à la redistribution. « Les Français doivent être les premiers bénéficiaires des résultats obtenus », a d’ailleurs souligné le président jeudi.

Une trentaine de milliards d’impôts supplémentaires depuis 2012. Il faut dire qu’au début du quinquennat, les mauvaises nouvelles se sont accumulées pour les contribuables hexagonaux. « Depuis 2012, les impôts sur les ménages ont augmenté d’une trentaine de milliards d’euros », assène le professeur d’économie Jacques Le Cacheux, chercheur à l’OFCE et spécialiste de la fiscalité, contacté par Europe 1. « Même s’ils avaient déjà augmenté les deux années précédentes », précise-t-il.

Parmi les mesures fiscales qui ont le plus frappé les ménages figure la hausse de la TVA entrée en vigueur en 2014. Mais aussi toute une série de réductions d’avantages existants, comme l’abaissement du plafond du quotient familial. « Ce sont les familles des classes moyennes supérieures qui ont le plus subi ces hausses d’impôts », constate Jacques Le Cacheux.

 

THOMAS COEX / ARCHIVES / AFP

Allégements fiscaux pour les faibles revenus. Pourtant, lorsqu’il a commencé à faire baisser la pression fiscale, l’exécutif s’est d’abord concentré sur les ménages à faibles revenus. D’abord en annulant en 2013 le gel de l’indexation du barème de l’impôt sur le revenu sur l’inflation, mis en place par la majorité précédente et maintenu pendant un an par la gauche. Puis en supprimant en 2014 la première tranche de l’impôt sur le revenu. « L’objectif était de refaire sortir de l’impôt ceux qui y étaient entrés à cause du gel du barème, soit environ un million de ménages », explique Thomas Carbonnier, avocat en droit des affaires et fiscalité chez Equity Avocats. Selon le gouvernement, trois millions de ménages devraient ainsi sortir de l’impôt sur le revenu en 2015 et six autres millions ont vu leur impôt baisser cette année.

Un pari risqué. François Hollande veut aller plus loin l’an prochain. Selon les informations d’Europe 1, il privilégiera de nouveau le levier de l’impôt sur le revenu pour alléger la pression fiscale. Mais le pari est risqué. Le chef de l’Etat compte sur un retour de la croissance pour tenir sa promesse. Car il en est persuadé, « il doit y avoir une croissance plus forte en 2016 », a-t-il martelé jeudi. Sauf qu’après un bon premier trimestre 2015 (+0,7%), l’économie française a calé au second, avec une croissance zéro

« C’est un plan sur la comète », épingle Jacques Le Cacheux, de l’OFCE. « Si la croissance n’est pas au rendez-vous, la baisse des impôts sera inconciliable avec l’objectif de réduction des déficits », prévient-il. Le gouvernement prévoit toutefois 1,5% de croissance en 2016, après 1% en 2015. Suffisant pour permettre aux contribuables de souffler un peu ? Le chercheur reste sceptique sur le calcul de l’exécutif : « baisser sensiblement les impôts supposerait une croissance supérieure à 1,5% », estime-t-il. Avant de sourire : « après, évidemment, on arrive en période pré-électorale… » Nul doute qu’à l’approche de 2017 grandit la tentation de s’affranchir des chiffres.

Source : Europe1